EXAMEN

de quelques passages DE LA PAROLE

dont la portée a été mise en question

dans la discussion sur les nouvelles Églises.

 

Accompagné de

REMARQUES SUR CERTAINS PRINCIPES

avancés pour appuyer leur établissement.

 

J. N. DARBY

 

Ed. GENÈVE, 1850
[Les éléments entre crochets ont été ajoutés par Bibliquest]

[Un premier écrit (manuscrit) de Mr Foulquier sur la question des Anciens (voir ch.4 de la Brochure de JND sur la question des Anciens) avait été contredit en 1848 par Émile Demole (« ministre de l’évangile », pasteur de l’église libre de l’Oratoire à Genève) dans une brochure intitulée « Faut-il établir des Anciens ». — Dans une brochure de 1849 intitulée « Vues scripturaires sur la question des Anciens », J.N. Darby fit le point sur ce qu’en dit la Parole de Dieu, montrant que personne n’a ni autorité ni mission de rétablir des Anciens. — La même année, E. Demole répondit à son tour dans une brochure intitulée « Sept procédés de J.N. Darby dans sa controverse ». — Cette brochure a été l’occasion du présent écrit de J.N. Darby (1850) qui prolonge l’écrit antérieur « Vues scripturaires sur la question des Anciens » ; il y corrige et explique certains points, et ajoute des remarques sur certains principes]

 

[Table des matières abrégée : (détaillée)]

1       [Attaques personnelles]

2       [Différences entre Églises nationale et libre. Cas de Genève]

3       [Validité du titre d’« Ancien »]

4       [Trois principes problématiques dans la formation des diverses églises nouvelles (« Libres »)]

5       [Discussion de quelques passages des Écritures]

6       [Dieu rétablit-Il ce que l’homme a ruiné ? Le cas du jugement de Lo-Hammi = ‘pas mon peuple’, Osée 1 et 2]

7       [Compréhension de la Parole de Dieu par des « communications particulières » de l’Esprit de Dieu]

 

[Table des matières détaillée : (abrégée)]

1       [Attaques personnelles]

2       [Différences entre Églises nationale et libre. Cas de Genève]

3       [Validité du titre d’« Ancien »]

3.1         [L’auteur a-t-il qualifié d’imposteurs ceux qui prétendent l’être ?]

3.2         [Prétention sans fondement d’une autorité officielle des « Anciens »]

3.3         [Les nouveaux Anciens le sont par autorité humaine et non de la part de Dieu. Ils reconstituent un clergé]

4       [Trois principes problématiques dans la formation des diverses églises nouvelles (« Libres »)]

4.1         [La discipline est exercée par un clergé et l’exercice de conscience est ôté à l’Église]

4.2         [Union sur le principe de concessions mutuelles]

4.2.1          [La vérité n’est pas à notre disposition. Phil. 3:15-16 : on marche ensemble pour ce qui est reconnu comme vérité. Pour le reste, Dieu éclaire les ignorants]

4.2.2          [Faire des concessions sur la vérité n’est pas autorisé par la Parole]

4.2.3          [Supporter et éclairer les ignorants. Tronquer la vérité pour la faire adopter par d’autres, c’est former une secte, ce n’est pas l’unité de l’Église de Dieu]

4.2.4          [Les confessions de foi sont rédigées pour obtenir, par des concessions, un accord permettant d’arriver à une union. Ce n’est ni l’unité de l’Esprit ni l’unité du corps de Christ]

4.2.5          [Les systèmes d’union d’églises évangéliques en Suisse et en France imposent des principes contraires à l’unité du corps de Christ et à l’autorité du Saint-Esprit]

4.2.6          [Incompatibilité entre l’Église corps de Christ basée sur la Bible et les unions (unités) faites selon l’homme d’après des confessions de foi]

4.3         [« Ce qui n’est pas défendu est permis » : Principe inique qui, parmi d’autres, a pour effet de mettre de côté la Parole de Dieu]

5       [Discussion de quelques passages des Écritures]

5.1         [Ésaïe 63:14 et Néhémie 9:20 : Après la captivité, l’Esprit est assuré au peuple comme auparavant]

5.2         [Actes 20 — Paul s’adresse aux Anciens en ayant tout le troupeau en vue]

5.3         [Esclavage de Satan : Rom. 6:16, on est esclave de celui à qui on obéit]

5.4         [Changement du centre d’unité du peuple : la sacrificature cède le pas à la royauté, il n’y a pas de rétablissement de ce que l’homme a ruiné]

5.4.1          [L’Arche prise]

5.4.2          [L’Arche n’a jamais été replacée dans le Tabernacle. La grâce a placé la bénédiction du peuple sur un pied nouveau par le moyen du roi, quand tout était perdu. Ps.78]

5.4.3          [Après Moïse mais avant la royauté, Dieu était le Roi. Le lien entre Dieu et le peuple était le Souverain Sacrificateur qui était le centre de l’unité]

5.4.4          [Une fois les rois établis, la sacrificature a cessé d’être la ressource et le centre. Le roi choisi de Dieu (David) est devenu type et représentant de Christ Roi, et tout dépendait de sa conduite]

5.4.5          [David libérateur, et Salomon établi en gloire, types du Seigneur Jésus, de l’Oint roi en Israël, prennent nécessairement la première place et tout dépend d’eux. Le roi-sacrificateur prend la première place, comme Melchisédech précurseur de Christ]

5.4.6          [Le Roi est désormais l’Oint et le centre. La sacrificature n’a plus sa position glorieuse]

5.4.7          [La royauté de Saül était une royauté choisie par l’homme, et Saül a été incrédule du commencement à la fin. On ne peut donc pas parler de chute de la royauté durant son règne. 1 Sam. 12:13 et Deut. 17:14]

5.4.8          [La royauté de David était une royauté voulue de Dieu, à la place de Silo. Elle est un type de la royauté de Christ]

5.4.9          [La question de la chute de la royauté ne se pose qu’avec David. Dieu ne rétablit jamais dans son état primitif une chose confiée à l’homme et placée sous sa responsabilité. En Christ seul peut être établie et maintenue la bénédiction, sacrificature ou royauté]

6       [Dieu rétablit-Il ce que l’homme a ruiné ? Le cas du jugement de Lo-Hammi = ‘pas mon peuple’, Osée 1 et 2]

6.1         [Rejet du peuple (cessation du gouvernement de Dieu et de son trône au milieu d’eux) malgré qu’il reste le peuple de Dieu]

6.2         [Pas de distinction entre Juda et les dix tribus sur la question du rejet du peuple / Lo-Hammi. Israël est le peuple de Dieu selon ses conseils, pas son peuple selon son gouvernement]

6.3         [Juda rejeté comme les dix tribus, mais pas au même moment et pour des motifs différents]

6.4         [La prophétie d’Osée s’applique à l’ensemble de Juda ET Israël]

6.5         Lo-Hammi applicable seulement après le jugement sur Juda, lors de la captivité de Babylone

6.6         [Le temps des Gentils : l’autorité placée entre les mains des nations rend impossible le rétablissement du peuple d’Israël. Israël ne sera rétabli (sur la terre) que lors du règne du Messie. Actuellement le peuple de Dieu est un peuple céleste]

6.7         [Le rétablissement d’Israël comme peuple de Dieu n’a lieu que sous la nouvelle alliance, à la venue de Christ]

6.8         [Les liens d’Israël avec Dieu n’ont pas été rétablis, la sentence Lo-Hammi n’a pas été cassée, malgré plusieurs interventions de Dieu en grâce, y compris l’envoi du Fils de Dieu]

6.9         [Rétablissement d’Israël comme peuple de Dieu : Ce que les prophètes ont dit avant et après la captivité, et ce que dit le Nouveau Testament]

6.9.1          [Ce que les prophètes ont dit après la captivité]

6.9.2          [Ce qu’ont dit Jérémie et Ézéchiel]

6.9.2.1      [La gloire de l’Éternel en gouvernement ; elle quitte la maison de Dieu]

6.9.2.2      [La gloire de l’Éternel quitte Jérusalem et le trône sur la terre est donné aux Gentils]

6.9.3          [La promesse de rétablissement de l’ensemble du peuple ne se réalisera qu’aux derniers jours quand Christ régnera]

6.9.4          [Le Nouveau-Testament confirme les prophètes : le peuple était encore Lo-Hammi. Seuls ceux qui recevaient Christ sortaient de cet état]

7       [Compréhension de la Parole de Dieu par des « communications particulières » de l’Esprit de Dieu]

7.1         [Danger de prétendre suivre l’Esprit sans la Bible et de prendre la Bible sans l’Esprit. Il n’y a pas de vérités nouvelles en dehors de la Bible]

7.2         [Luther et Calvin n’ont pas eu de révélations nouvelles, mais le Saint Esprit a agi en eux pour comprendre et appliquer certaines parties de la Parole de Dieu]

7.3         [Luther et Calvin n’ont pas simplement profité d’un discernement plus clair du sens de la Parole grâce à leur caractère naturel]

7.4         [Risque d’abus : il faut concilier l’énergie de l’Esprit et le sens rassis de la spiritualité selon la Parole]

7.5         [L’Esprit de puissance agissant dans un croyant ordinaire va au-delà de la simple connaissance de la Parole]

 

 

La publication de ces pages a été quelque peu retardée, bien que le manuscrit en fût terminé depuis plusieurs mois. L’auteur espérait toujours le porter lui-même à Genève pour en surveiller l’impression, mais, à l’impossibilité de réaliser ce projet dans le moment, sont venues s’ajouter et la maladie et d’autres circonstances, qui en ont encore ajourné la publication.

Si ce travail est maintenant mis sous presse, c’est parce que l’auteur pense que l’éclaircissement des passages de la Parole n’est jamais hors de saison, et il n’offre guère autre chose dans ces remarques.

 

1         [Attaques personnelles]

Le lecteur s’apercevra peut-être que la brochure intitulée : les sept procédés de M. Darby, a été, en partie, l’occasion de la publication de celle-ci. Mais je dois l’avertir qu’il ne trouvera aucune réponse aux attaques qui remplissent les pages des sept procédés. Je n’y réponds pas, parce que : 1° Il convient à un chrétien de supporter les injures. 2° Ceux qui se donnent la peine de lire mes brochures, peuvent facilement faire justice de ce qui y est dit (*), et je ne peux pas tenir compte du jugement de ceux qui ne les lisent pas. 3° Il m’a paru que le genre d’attaque ne mérite pas qu’on y réponde. J’ai cependant examiné chaque accusation, en écrivant ma réponse, pour m’en rendre compte à moi-même, et je n’ai rien trouvé à changer, sauf les choses corrigées plus bas, et finalement, j’ai senti qu’un débat personnel, ne peut profiter ni à l’Église de Dieu, ni à personne d’autre. Il est vrai qu’il y a quelques faits qui manquent pour éclaircir l’histoire de cette affaire ; mais je pense que l’on me saura gré de ne pas y revenir. S’il y a quelque humiliation pour des frères, qui serait ôtée en en parlant, je doute qu’ils y gagneraient devant Dieu. On trouvera donc un silence complet à l’égard de toutes ces choses. Je donnerai plus bas mon autorité pour un seul fait. Mais il y a quelques questions scripturaires à la fin de la brochure en question qui ont besoin de quelques éclaircissements que je donnerai ici. Je profite de cette occasion pour reconnaître deux ou trois choses qui, dans les « Vues scripturaires ont besoin d’être, ou corrigées ou expliquées, et en même temps je réitère l’expression de mes convictions sur le fond de la question. Premièrement, je crois qu’il aurait été plus exact, chronologiquement, de dire fils de Zorobabel (**). Ce dernier nom est en saillie dans le livre de Néhémie, comme descendant de David et héritier de ses droits au trône d’Israël, et je n’avais pas fait attention aux dates qui donnent à croire qu’il était déjà mort. L’argument ne perd rien de sa valeur à ce changement, lors même que ce serait le petit-fils de Zorobabel. La force du raisonnement dépend de ce que c’est l’héritier des droits de la famille de David.

 

(*) Il ne faut pas supposer que tous les passages en lettres italiques, dans la brochure intitulée : les sept procédés, et donnés comme exprimant les vues qu’elle condamne, soient des citations de ce qui a été dit. Il y en a quelques-unes sur les anciens qui le sont, mais plusieurs ne sont que la forme qu’on prête aux vues qu’on veut réfuter. Ceci est tellement vrai que les sept procédés produisent un passage tiré textuellement de la brochure du même auteur « Faut-il établir des Anciens ? » comme étant l’assertion de M. Foulquier.

 

(**) Vues scripturaires, page 26

 

2         [Différences entre Églises nationale et libre. Cas de Genève]

Puis on nie que ce qui est appelé l’Église évangélique à Genève soit une église nationale. Dans le passage qu’on blâme, le mot nationale est employé à l’égard des Églises libres en général. Pour le fond, je trouve la différence morale nulle quant à l’Église évangélique de Genève, mais j’enregistre ici la protestation faite en sa faveur, sous la réserve de mes convictions quant à la valeur morale de la différence, et j’aurais dû faire l’exception dans la brochure. Les événements ont aussi empêché ceux qui ont quitté le système national en France, de prendre la forme qu’ils auraient voulu. Le mouvement a revêtu celle que j’avais prédite dans ma brochure, de sorte qu’il faudrait aussi faire exception du nouveau système français. Il n’y a rien d’autre, que je sache, que j’aie à corriger. — Je donne un passage de la lettre qui m’a autorisé à dire, que l’auteur de « Faut-il établir des anciens » a lâché l’écrit Guillaumet pour répondre à celui de Foulquier, pour que l’on ne pense pas que j’ai avancé ces choses légèrement. La lettre est de l’auteur, à Monsieur Foulquier ; voici le passage :

« À peine ai-je eu le temps d’en transcrire (du manuscrit Guillaumet) quelques passages. Je m’occupais précisément à réfuter ces passages, dans la nouvelle rédaction que je préparais des notes lues dans la conférence, chez moi, lorsqu’on me remit votre traité. Dès que j’eus retrouvé la triste déclaration : Lors même que etc, je suspendis mon premier travail et je me mis aussitôt à écrire la réfutation de votre traité ».

 

3         [Validité du titre d’« Ancien »]

3.1        [L’auteur a-t-il qualifié d’imposteurs ceux qui prétendent l’être ?]

Je maintiens en plein tout ce que j’ai dit du Clergé, des Anciens, du Romanisme et en général tout, sauf ce que je viens de corriger, mais n’ayant aucun désir de blesser qui que ce soit. J’expliquerai un passage qui pourrait produire cet effet. Je n’ai jamais dit ni pensé un instant, et je n’ai guère besoin de le dire, que les Anciens nommés à Genève fussent des imposteurs ; mais j’ai dit : « qui en imposent uniquement à ceux qui les suivent ». Voici ce que j’ai voulu dire : qu’ils imposent leur autorité d’Ancien, sans être de véritables Anciens selon Dieu ; que la prétention d’être Ancien, parce qu’on a été choisi et nommé est une prétention fausse, qui ne trompe que ceux qui suivent les personnes qui prétendent l’être. J’avoue que je crois fausse cette prétention d’être Ancien. Les personnes, très-bons frères et, hommes respectables sans doute, ne sont pas plus Anciens, pour avoir été nommés comme ils l’ont été, que le premier venu d’entre les habitants de Genève, et il est très-bon qu’on le comprenne. On ne revêt pas l’autorité officielle dans l’Église, à son gré, et en s’entendant pour le faire. Si le mot que j’ai employé veut dire plus que cela, je le retire. Je n’ai aucun désir d’employer l’apparence même d’une insulte. L’ancien clergé avait l’excuse des préjugés héréditaires, le moderne n’a que de fausses prétentions. Voilà ma conviction, mais en l’exprimant de la manière la plus claire et la plus forte, et c’est ce que je désire faire, je désire aussi éviter tout ce qui peut blesser ; et si le mot a pu blesser la susceptibilité de qui que ce soit, je le retire, en lui demandant pardon de tout mon cœur.

 

3.2        [Prétention sans fondement d’une autorité officielle des « Anciens »]

Mais vous, mes frères, qui vous êtes entendus avec d’autres qui vous suivent, pour vous donner ce titre, vous n’éviterez pas la discussion de la validité de ce que vous vous êtes donné. Nous vous demandons les preuves de votre autorité officielle, les pièces justificatives. Qui est-ce qui vous a nommés ? Qui est-ce qui vous a autorisés à prendre ce titre ? Qui a discerné vos qualités ? D’où découle l’autorité à laquelle vous prétendez dans la maison de Dieu ? Comment l’exerceriez-vous sur quelqu’un qui la contesterait ? Lorsque les Paul, les Timothée (si cela a eu lieu dans son cas), et les Tite avaient établi avec autorité apostolique des Anciens dans les églises, en contestant l’autorité de ceux-ci, on contestait l’autorité apostolique qui les avait placés là. Et vous, qui vous a fait Anciens ? À moins d’être révolutionnaire, l’autorité découle de l’autorité. Il en était ainsi dans l’église. Christ a nommé des Apôtres. Les Apôtres ont nommé des Anciens. Qui est-ce qui vous a nommés ? Qui est-ce qui vous a communiqué votre autorité ? Vous savez, et vous ne pouvez nier que les Apôtres et leurs envoyés extraordinaires ont établi les Anciens au commencement. Vous demandez qu’on trouve « qu’il soit défendu à tout autre » [:] est-ce ainsi qu’on s’attribue de l’autorité ? Si le droit de nommer des fonctionnaires était exercé par le roi, dans un état dont il serait souverain, est-ce que chacun pourrait en nommer comme il voudrait, sur une petite portion des citoyens, parce qu’il n’y aurait rien dans les lois, qui dirait que personne d’autre ne doit le faire ? Est-ce qu’on écouterait un non sens pareil ? Eh bien il est plus sérieux et plus mauvais de le faire dans les choses de Dieu. On n’oserait pas dire, ni faire des choses semblables dans la société humaine. Hélas ! on ose tout dans l’église de Dieu.

 

3.3        [Les nouveaux Anciens le sont par autorité humaine et non de la part de Dieu. Ils reconstituent un clergé]

Avez-vous une véritable autorité, de la part de Dieu, sur son troupeau, que vous pouvez faire valoir sur tout le troupeau ? Sinon vous êtes les chefs d’une secte. Vous n’êtes pas les Anciens du troupeau de Dieu ; mais vous en portez le titre seulement de la part de ceux qui vous veulent. C’est absolument et exclusivement la volonté de l’homme qui est la source de votre autorité, sans elle vous ne prétendez pas l’exercer ni la posséder : dès qu’on ne la veut pas, elle est impuissante. En l’abandonnant, l’on n’abandonne que ce qu’on a créé soi-même. On dit que je cherche la succession apostolique ; il n’en est rien. Je cherche l’existence de l’autorité qui vous a conféré la vôtre. Où est-elle ? Vous me dites que l’institution subsiste. Où ? Dans la Parole, me dites-vous. — Il y avait des Anciens alors, sans doute ; mais vous avez beau dire, vous n’êtes pas, vous, une institution. Qui est-ce qui vous a placés dans la position à laquelle vous prétendez ? C’est là la question. Des langues, des miracles, sont dans la Parole, les Apôtres y sont aussi. Est-ce que ces choses subsistent parce que leur existence dans ce temps-là se trouve constatée dans la Parole ? L’institution des Anciens ne subsiste pas de fait, on ne peut le nier. On agit sur un principe révolutionnaire, dans l’Église de Dieu, en créant des autorités, quelque parfait que soit le modèle qu’on veut copier en les établissant. J’ai dit qu’on veut le clergé, là où le ministère est limité, où il y a des autorités officiellement reconnues il y a un clergé, parce que le ministère devient une caste à part. Selon la Parole, les membres du corps de Christ agissent selon l’énergie qui leur a été communiquée d’en haut, chacun à sa place, soumis à la discipline voulue par la Parole, et aux règles qui y sont données, et ils exercent leur ministère dans tout le corps selon ce que Dieu leur a départi. Dans une secte cléricale, le ministère est limité à ceux qui sont reconnus officiellement dans son sein. Par courtoisie, on peut admettre ceux qui sont dans une position pareille ailleurs ; mais ces personnes officiellement reconnues dans la secte elle-même, composent le ministère reconnu dans cette secte. Prenez les systèmes national, indépendant, baptiste, wesleyen, l’église libre du canton de Vaud, le principe y est reconnu. Prenez la constitution de ce qui s’appelle Église évangélique à Genève, là aussi la chose est aussi claire que possible. Elle « reconnaît la nécessité d’un ministère spécial, comme une institution de Dieu et un besoin permanent de 1’Église ; en conséquence, elle a des Anciens et des Diacres ». Voilà son ministère. Est-ce que ces Anciens et ces Diacres forment le ministère d’un autre Corps de chrétiens ? Il est clair que non. La chose est encore plus limitée lorsqu’il est dit : « On distingue parmi eux (les Anciens) les ministres de la Parole, qui, préparés par de saintes études, sont plus spécialement appelés à l’enseignement et à la prédication ». Quelle différence y a-t-il entre cela et le clergé ailleurs ? C’est une caste à part. Que cela subsiste longtemps en pratique, je ne le crois pas, parce que le principe d’un clergé est selon le cœur de l’homme, et on ne communiquera jamais à ces Anciens laïques l’autorité sur les âmes qu’on n’a pas à leur donner de la part de Dieu. C’est le principe que je combats. Je crois, en effet, et je le répète, que c’est nier l’autorité de Christ sur sa propre maison.

 

4         [Trois principes problématiques dans la formation des diverses églises nouvelles (« Libres »)]

Il y a encore trois principes importants que je désire signaler au lecteur, avant d’aborder les passages que je dois examiner : principes qui sont en question dans la formation de ces diverses églises nouvelles.

 

4.1        [La discipline est exercée par un clergé et l’exercice de conscience est ôté à l’Église]

Premièrement, quant à la discipline à Genève, j’engage tout chrétien sincère à examiner la constitution imprimée. Je ne prétends pas juger des assurances données de vive voix au sein de leurs assemblées, mais j’ai sous mes yeux leur profession publique de principes, et il est sans controverse que la discipline est, ou la répréhension fraternelle, ou, dans les cas extrêmes, l’autorité absolue du presbytère, l’arbitraire pur et simple. L’église n’y est pour rien, sinon la soumission. La discipline exercée pour la purification de la conscience de l’Église, ainsi que Paul pouvait dire 2 Cor. 7:11 : « Vous vous êtes montrés purs dans cette affaire », n’y est pas. Il est vrai qu’il n’est pas dit : « point autrement », de sorte que d’après le principe sur lequel ils ont choisi leurs Anciens en laissant de côté Paul et Tite, tous les frères peuvent exercer la discipline sans s’attendre aux Anciens et au Presbytère nommés dans la règle, et n’en tenir aucun compte sans la moindre infraction de la règle. Le [« ]point autrement[ »] étant absent, laisse la porte ouverte à toute manière de faire possible, et l’article conserve toute sa force et toute sa valeur... l’institution subsiste. À moins que ce ne soit sur ce principe, la discipline est, ou simplement la répréhension fraternelle, ou l’autorité absolue du clergé. Selon la Parole, des Pasteurs, des Anciens peuvent éclairer la conscience des frères, les conseiller, exercer une influence scripturaire pour que le corps marche selon Dieu ; mais selon la Parole, c’est la conscience de l’Église qui est mise en activité, c’est l’Église qui ôte le méchant du milieu d’elle. La constitution de Genève arrange la chose tout autrement, et même les explications, qui renversent l’article de la constitution, sont elles-mêmes aussi contraires à la Parole. Les anciens prononcent après avoir informé l’Église. La conscience de l’Église n’y est pour rien.

 

4.2        [Union sur le principe de concessions mutuelles]

4.2.1        [La vérité n’est pas à notre disposition. Phil. 3:15-16 : on marche ensemble pour ce qui est reconnu comme vérité. Pour le reste, Dieu éclaire les ignorants]

Il y a encore deux points que je tiens à traiter brièvement, comme étant des principes généraux, importants, qui peuvent exercer les cœurs à l’occasion de la formation de ces nouvelles Églises. Le premier point dont j’occuperai mon lecteur, c’est celui de l’idée d’union, sur le principe d’une concession mutuelle à l’égard des vues diverses qui se trouvent chez les chrétiens, et la conciliation par ce moyen. Ce principe a une grande réputation et une très-belle apparence ; mais il est profondément mauvais et présomptueux. Il suppose que la vérité est à notre disposition. Phil. 3 enseigne un tout autre principe ; il n’y a pas une idée de concession ni d’arrangement de l’expression de la vérité de manière à accorder des vues diverses. « Nous qui sommes parfaits, est-il dit, ayons ce même sentiment » (ce n’est pas : baissons la vérité à la mesure de celui qui n’y est pas ; ni deux personnes ignorant laquelle des deux est dans la vérité, ou contentes de supposer la possibilité de l’erreur en renonçant plus ou moins à ce qu’elles tiennent, pour s’exprimer de manière à tomber d’accord, tout cela porte atteinte à l’autorité de la vérité sur nous). « Et si en quelque chose vous avez un autre sentiment, Dieu vous le révélera aussi ». Il ne s’agit pas ici de concessions, mais de la révélation de Dieu pour éclairer celui qui n’est pas parfait dans la vérité. « Cependant marchons suivant une même règle pour les choses auxquelles nous sommes parvenus et ayons un même sentiment ». Il ne s’agit pas ici de concessions, mais de marcher ensemble dans les choses qu’on possède, à l’égard desquelles, étant reconnues pour la vérité de Dieu, on ne concède rien, tous y sont soumis. Il n’y a, dans ce cas, concession ni d’un côté ni de l’autre, car tous possèdent la même vérité, y étant parvenus jusqu’à un certain point, et ils marchent ensemble ayant un même sentiment. Le remède, pour ce qui reste de diversité dans les sentiments, n’est pas de faire des concessions, (comment agir ainsi avec la vérité ?) mais la révélation de Dieu en faveur de celui qui est ignorant, ainsi que nous le sommes tous sur divers points.

 

4.2.2        [Faire des concessions sur la vérité n’est pas autorisé par la Parole]

Mais on me dira : sur ce pied-là, on ne tombera jamais d’accord. Où trouverez-vous dans la Parole une telle chose, que de tomber d’accord ? Ce n’est pas l’unité de l’Église de Dieu que de tomber d’accord. La vérité ne se modifie pas, et nous ne sommes pas appelés à imposer nos vues imparfaites à qui que ce soit. Il faut que j’aie la foi et que nous ayons la même foi pour marcher ensemble, mais dans les choses reçues comme la vérité de Dieu, par la foi, je ne puis pas faire des concessions ; je peux supporter l’ignorance, mais je ne puis pas arranger la vérité pour plaire à un autre. Vous me direz dans ce cas comment marcher ensemble ? Pourquoi poser des bases d’unité qui exigent ou l’unité de vues ou une chose aussi mauvaise que la concession sur telle ou telle vérité ? Quant aux choses sur lesquelles nous possédons la vérité, et à l’égard desquelles nous avons la foi, nous avons un même sentiment, nous y marchons ensemble. J’acquiers quelque connaissance de plus, je supporte l’ignorance de mon frère, jusqu’à ce que Dieu lui révèle la chose. Notre unité est en Christ Lui-même. Si l’unité dépend de concessions, ce n’est qu’une secte fondée sur des opinions humaines, parce que le principe de l’autorité absolue de la vérité est perdu. On me dira que de vrais chrétiens ne céderont pas sur des points fondamentaux. J’allais dire, je comprends, mais cela n’est pas. Il y en a bien qui s’accordent malgré les erreurs qui touchent les fondements, je sais que d’autres ne veulent pas, mais cela n’empêche pas que le principe de concessions ne soit nullement autorisé dans la Parole, — nie l’autorité de la vérité sur nous, et prétend pouvoir en disposer pour gain de paix (*). [pas de saut de page dans l’original]

 

(*) Voici la chose mieux dite que je ne pourrais le faire moi-même :

« Il y a quelque chose de plus compromis que la vérité parmi nous, c’est sa valeur, ce sont ses droits. Nous sommes moins éloignés de trouver les mêmes dogmes dans l’Écriture que de leur reconnaître la même autorité sur nous, et il est permis d’affirmer que les questions qui divisent les chrétiens seraient bientôt résolues, s’ils s’approchaient de la Bible avec l’intention de prendre au sérieux toutes les vérités qu’elle proclame. Hélas pendant que nous lisons, le diable murmure à notre oreille : Tout cela n’est pas également urgent, également obligatoire ; il est ordonné d’avoir égard aux faibles, Paul se faisait tout à tous, il consentait à sacrifier et à circoncire Timothée ; d’ailleurs l’édification passe avant le dogme, le dogme principal passe lui-même avant les dogmes secondaires, etc., on ouvre volontiers l’oreille à un langage qui semble plausible, prudent, qui semble n’attaquer aucune vérité, et qui n’en est que plus propre à les frapper toutes d’impuissance. On s’incline de loin devant chaque vérité, mais qu’elle se rapproche de nous, qu’elle exige des actes, des sacrifices, et aussitôt la vérité actuelle prend place parmi les vérités inopportunes » (Archives [du Christianisme], 22 septembre 1849).

 

4.2.3        [Supporter et éclairer les ignorants. Tronquer la vérité pour la faire adopter par d’autres, c’est former une secte, ce n’est pas l’unité de l’Église de Dieu]

La Parole suppose le support quant à l’ignorance, jamais les concessions, parce qu’elle ne suppose pas que les hommes fassent une règle autre qu’elle-même pour tomber d’accord. Je reçois un homme faible dans la foi ; mais je ne lui concède rien quant à la vérité, même sur le point de manger des herbes, je renierais peut-être des vérités capitales en le faisant. Tel cas peut surgir, où observer des jours, fasse douter du christianisme de celui qui le fait (voyez Gal. 4:9-11). Tel autre cas où je ne fais que dire : sur ce même point que chacun soit pleinement persuadé (Rom. 14:5, 6...). Quelquefois le christianisme tout entier dépend d’une chose supportable sous d’autres points de vue (Gal. 2:1-4). Je le répète, il n’y a pas trace, dans la Parole, d’un système qui supprime une partie de la vérité pour avoir une confession commune, mais le contraire. Il y avait la parfaite vérité, et Dieu révélait ce qui manquait lorsqu’il en était autrement. Ils étaient un dans leurs sentiments et ils marchaient ensemble, et il n’y avait pas besoin de concessions. On ne prétendait pas aux choses qui en exigent, c’est-à-dire, la Bible ne suppose pas ce qu’on prétende faire. C’est tronquer la vérité pour qu’elle soit adoptée par plusieurs. La Parole donc, et notamment Phil. 3, condamne cet arrangement de vérités tronquées pour pouvoir les faire adopter à tout le monde, car c’est déshonorer Dieu et sa vérité. Ce sont des moyens pour former une secte, composée de ceux qui sont d’accord sur les points posés comme base d’union. Ce n’est jamais l’unité de l’Église de Dieu, ce sera une secte orthodoxe si l’on est d’accord sur les points fondamentaux, mais toujours une secte, lors même qu’elle embrasserait la majeure partie d’une nation, parce que c’est un corps formé sur l’accord dans lequel on se trouve, sur certaines vérités, mais ce n’est pas l’unité de l’Église de Dieu. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

4.2.4        [Les confessions de foi sont rédigées pour obtenir, par des concessions, un accord permettant d’arriver à une union. Ce n’est ni l’unité de l’Esprit ni l’unité du corps de Christ]

Dans une confession de foi il ne s’agit pas de supporter des individus ignorants sur certains points, ni de reconnaître ensemble que l’on est en arrière dans ces connaissances, ni d’éclairer ceux qui le sont ; mais de déclarer la vérité qu’on professe pour que d’autres puissent, étant d’accord avec la déclaration, se joindre à ceux qui l’ont adoptée comme base d’union. Pour que tous puissent l’adopter, il faut réduire la profession de la vérité à la mesure de l’ignorance de tous ceux qui entrent, s’ils sont sincères dans cette profession ; mais ce n’est pas là le support, ce sont des personnes, ainsi que je l’ai dit, qui disposent de la vérité de Dieu par un compromis humain. Est-ce là l’unité de l’Esprit ? Et faites encore attention à ceci. Si je connais la vérité et que je fasse une concession pour m’unir avec d’autres, dans une profession commune, ma concession c’est tout simplement céder la vérité à celui qui ne la veut pas. Si, moi et d’autres, faisons des concessions, parce que nous n’avons que des opinions et que nous ignorons la vérité, ou que nous n’en avons pas la certitude, quelle monstrueuse prétention de faire, dans cette ignorance, une règle pour l’imposer à d’autres comme base de l’unité de l’Église, sous peine de ne pas en faire partie ?! On me dira : Mais au lieu de cela vous imposez vos vues comme étant sûr de la vérité. Pas du tout, parce que je crois à une unité qui existe déjà, l’unité du corps de Christ dont tout chrétien fait partie ; tandis que vous établissez l’union sur des vues sur lesquelles vous tombez d’accord. Vous me direz : vous êtes donc indifférent à la vérité. Non ; mais vous vous êtes servis d’un mauvais moyen pour la garder, en imposant la profession d’une partie de la vérité comme base de l’unité. Des chrétiens, déjà dans la vérité, comme, je suppose, ces frères de Paris, s’unissent sur le pied de l’unité du corps de Christ. Par la puissance du Saint-Esprit et par la discipline, le corps est gardien de la vérité comme de la sainteté. Si quelqu’un soutient l’erreur et que l’on ne puisse pas le faire revenir de cette erreur, on ne le reçoit pas ou on l’exclut. C’est un devoir envers Christ, chef de l’Église, et envers ses chères brebis. Si ce n’est que de l’ignorance, on supporte et on éclaire. On peut exercer cette discipline avec la sagesse divine que fournit la Parole, et de la manière et dans la mesure pour lesquelles elle nous donne les instructions nécessaires. Ce dont je me plains, c’est qu’on ait substitué une autre unité à celle du corps de Christ, et ainsi une vérité qui n’est pas secondaire est compromise, et la vraie unité rendue impossible. Nous en verrons dans un moment les preuves. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

4.2.5        [Les systèmes d’union d’églises évangéliques en Suisse et en France imposent des principes contraires à l’unité du corps de Christ et à l’autorité du Saint-Esprit]

Voyez sous quelles conditions je puis avoir part à l’union à Genève : il faut que j’accepte leur système d’Anciens, le choix populaire des Autorités dans l’Église de Dieu par des majorités : pour ne pas répéter ce que j’ai dit sur la discipline et sur le clergé. Ce sont des conditions préalables. Si je crois ces choses contraires à la Parole, je dois fausser ma conscience ou ne pas en être. En France, il faut accepter un système de délégués, de synodes, d’inspection d’Église, de commission synodale, de votations par majorité, qui lie les Églises, d’une majorité proportionnelle en certain cas. Supposons que je croie le principe qui veut qu’on décide dans les choses de Dieu, par des majorités, un principe absolument charnel, nécessaire dans les choses humaines ; mais une abomination dans l’Église, puisque l’Esprit doit y régner, et que deux hommes spirituels peuvent avoir raison contre une foule. Me voilà, si je n’accepte pas un principe qui, selon moi, nie l’autorité du Saint-Esprit, exclu de l’unité de ce qui est appelé l’Église de France. Il est impossible pour quelqu’un qui croit à l’Église et à son unité, et qui croit que le Saint-Esprit a quelque autorité dans l’Église de Dieu, d’accepter un système pareil. Et je prie le lecteur de remarquer ici, comment la pratique tient de près à la doctrine, et comment ceux qui ignorent une doctrine peuvent agir avec beaucoup de sincérité en établissant une marche commune pour les chrétiens, sans se douter qu’ils touchent à des dogmes de la plus haute importance. Il n’y a pas de doctrine d’une importance plus grande, après les fondements éternels de la vérité posés, que l’unité de l’Église, et la présence et l’autorité du Saint-Esprit en elle ; c’est une doctrine vitale, pour ces jours-ci, dont on ne saurait guère exagérer l’importance. Or il est évident qu’un système de délégations, de majorité de votes, de commission synodale, de règlement pour ne pas réélire immédiatement tous les membres de cette dernière, est une dénégation complète de l’autorité du Saint-Esprit. Il est fondé sur des droits humains, et arrangé selon la crainte des jalousies humaines. Si je crois à l’unité du corps de Christ et à l’autorité du Saint-Esprit, puis-je me joindre à ce qui m’engage dans un tel système ? Encore est-ce selon la Parole ou un principe humain que des Églises aient des droits en vertu du nombre de leurs membres ? Membre d’une Église n’est pas une idée scripturaire ; on est membre du corps de Christ. La doctrine de l’Église, de l’unité du corps de Christ, manque, et on l’a remplacée par un système d’accord, dans les vues principales, et d’autorité synodale. Et on est tellement loin, en pratique, d’avoir l’idée de poser une base qui réunisse tous les chrétiens, que si le principe de la profession de la foi n’est pas accepté, le meilleur chrétien doit rester en dehors, il n’est pas l’objet d’une invitation (Archives, 8 Septembre). Et cette profession de la foi doit être précisément selon le symbole inséré dans la Constitution, car toutes les Églises doivent adhérer à celui-là. (*)

 

(*) Toutes les églises évangéliques de France, composées de membres qui ont fait profession explicite et individuelle de la foi, etc., s’unissent entr’elles. Art. 4. Toute église, pour faire partie de l’union, devra … 2° adhérer à la profession de la foi exposée à l’art. 2 (Sept. 8).

 

4.2.6        [Incompatibilité entre l’Église corps de Christ basée sur la Bible et les unions (unités) faites selon l’homme d’après des confessions de foi]

Voici la défense de ce système. « Chacun était désireux de faire à l’union tous les sacrifices compatibles avec la conscience et avec la fidélité… Ici les concessions étaient de bon aloi, car il s’agissait, non de concilier ce qui est inconciliable, le oui et le non sur des doctrines fondamentales et distinctives du christianisme ; mais de concilier des vues diverses sur des questions secondaires d’application et de gouvernement ecclésiastique, questions à l’égard desquelles l’esprit le plus droit, la conscience la plus scrupuleuse peut consentir à se soumettre ». Voici une réponse tirée du même journal (25 août) : « Oui, on a fait de l’Église et de la saine doctrine des vérités secondaires. C’est que nos vérités secondaires sont toujours celles qui réclament notre action et nos sacrifices ». Je laisse de côté la saine doctrine comme n’étant pas ici en question. On convient que l’Église n’est pas une vérité secondaire. Voici encore le moyen de mettre la chose à l’épreuve. « Le seul moyen de vous faire expulser nous allons vous le dire : Passez de la théorie à l’application. Les églises mondaines tolèrent la théorie, elles sont très-chatouilleuses sur la pratique. Le monde sait très-bien distinguer entre ce qui le menace et ce qui le sert. Prononcez des discours orthodoxes, mais ne touchez à aucun point de discipline ! » J’ai ces deux points ici : L’Église n’est point une vérité secondaire et pour mettre cela à l’épreuve, il faut en venir à la pratique, à l’application. Or l’unité de tous ceux qui sont membres de Christ, et cela par le baptême du Saint-Esprit est la doctrine scripturaire de l’Église. Des pensées orthodoxes seront facilement admises sur ce point ; mais touchez à la discipline, demandez que M. Ponson soit reconnu membre de cette union d’églises, il ne le peut pas. On le reconnaît frère. Il n’y a rien à lui reprocher à ce qu’il parait, ni à l’égard de sa doctrine, ni de sa conduite ; mais le synode tout entier et sans exception a accepté des bases fondamentales, posées par la circulaire du 31 mars, qui l’ont exclu (*). De sorte qu’il ne suffit pas d’être chrétien, connu tel en doctrine et en pratique, il faut, outre cela, être membre (non pas de Christ) mais d’une Église, adhérer à la constitution votée à Paris, au principe de votation, de décision par la majorité, et à une foule d’autres principes. Si je ne puis accepter tout cela, c’est-à-dire, des choses qui rendent impossible l’unité du corps de Christ, je suis exclu du système. On fait dire à un nationaliste : la Bible condamne l’esprit sectaire, elle nous ordonne de manifester aux yeux de tous l’union des frères, et de supporter les faibles ; mais il est utile de maintenir, jusqu’à nouvel ordre, le fractionnement …. « Des intérêts sacrés seraient compromis si nous étions trop obéissants ». Ces paroles ne s’appliquent-elles pas au synode, ces intérêts sacrés en question ici sont les principes de la circulaire du 4 mars. Hors de ceux-là point d’union. Quelque belles que soient ces paroles : concession et conciliation, c’est un principe funeste et présomptueux. Si j’accepte l’unité de l’Église de Dieu, je n’ai pas besoin de ce principe, les faibles dans la foi sont de l’Église et je supporte leur faiblesse ; la Bible est ma mesure ; mesure parfaite, propre à rendre l’homme de Dieu parfait, pleinement fourni pour toute bonne œuvre [2 Tim. 3:17]. L’unité de vues, si désirable qu’elle soit, n’est pas nécessaire pour cette unité-là. Le corps de Christ est un, et quel que soit le point de progrès, le chrétien est du corps. Comme profession de foi, on n’a pas besoin de quelque chose de moins parfait que la Bible, parce qu’on possède l’unité selon Dieu, sans chercher à en faire selon l’homme. Il y en a qui, n’ayant aucune idée de l’Église de Dieu, ne veulent que la Bible pour pouvoir ne professer que ce que la raison accepte. D’autres, pour mettre une barrière à cette licence font des professions de foi pour rassembler des personnes selon ces idées-là. Ce qui manque, c’est l’unité de l’Église de Dieu qui possède toute la vérité, qui en est la colonne et l’appui comme la Bible en est la règle parfaite.

 

(*) « De fait, il n’y avait de convoqués au synode que les chrétiens acceptant les bases fondamentales posées par le comité consultatif dans sa circulaire du 31 mars » (Archives, 8 septembre) ».

 

4.3        [« Ce qui n’est pas défendu est permis » : Principe inique qui, parmi d’autres, a pour effet de mettre de côté la Parole de Dieu]

Le dernier principe que je veux signaler, auquel j’ai déjà fait allusion, et sur lequel on a largement insisté depuis quelques années, et qui a récemment été mis en avant d’une manière particulière, est celui-ci : Ce qui n’est pas défendu est permis, ou qu’il faut trouver [« ]point autrement[ »] attaché à ce qui est dit dans la Bible, sans quoi on peut le faire tout autrement. Or la Bible ne le dit jamais, que je sache. Certainement cela ne se trouve pas dans le Nouveau-Testament, de sorte qu’il est évident que tout ce qui y est écrit ne fournit aucune règle de conduite quelconque ; parce que si, lorsqu’il y a une marche tracée dans la Bible, on peut agir autrement, à moins qu’il ne s’y trouve la phrase [« ]point autrement[ »], il est évident qu’il n’y a aucune direction qui oblige, c’est-à-dire que les directions et la marche bibliques sont nulles comme autorité. C’est un principe on ne peut plus inique. On a senti qu’on n’avait aucune autorité dans la Parole pour une certaine manière de faire, on a parlé d’un commandement, mais après tout on a senti que ce qu’on alléguait ne pouvait pas servir de fondement à ce qu’on bâtissait. Tantôt la Parole ne fait pas loi. Tantôt on ne veut pas un évangile-code, et enfin on fait la chose comme on veut, en alléguant que la Parole n’a pas dit : [« ]point autrement[ »]. Que le chrétien saisisse bien cette marche pour la flétrir de toute sa force spirituelle. C’est ce qui fait la base de tout le système romain. La Parole ne suffit pas pour nous diriger. Si nous trouvons des choses faites d’une certaine manière, une autorité confiée à de certaines personnes, nous sommes tout aussi libres de le faire d’une autre et d’exercer l’autorité quoiqu’elle ne nous ait pas été confiée, parce qu’il n’est pas dit : [« ]point autrement[ »]. Par exemple, voici ce qui nous est dit à l’égard des Anciens nommés à Genève. On ne peut nier que l’Apôtre et ses mandataires n’aient établi les Anciens. Que faire aujourd’hui que ni les uns ni les autres ne sont plus là : « Nous défions nos frères de citer un seul texte où le St-Esprit dise clairement d’établir des Anciens par le ministère des Apôtres ou de leurs mandataires et [« ]point autrement[ »] ». Nous en avons bien qui disent clairement que c’était l’Apôtre ou ses mandataires, et ces derniers avec l’autorité apostolique. Nous avons démontré même que dans l’histoire biblique cela n’est pas fait autrement, et que lorsque l’occasion s’est présentée de le faire en Crète, l’Apôtre a suivi l’ordre indiqué ; il n’a pas confié cette tâche à l’Église, mais il a laissé Tite pour le faire ainsi que d’autres choses qui exigeaient l’autorité apostolique. C’est-à-dire que la marche biblique est très-clairement tracée, on ne peut pas se méprendre sur le principe qui la dirigeait ; et maintenant on se lève pour nous dire nous le ferons tout autrement, et comme l’Apôtre n’a pas voulu le faire, parce qu’il n’est point dit : Et [« ]point autrement[ »]. Que ne peut-on point faire avec un tel principe ? Où est la défense de porter le sacrement en procession ! Où trouve-t-on celle de confesser ses péchés à un prêtre ? Car il est écrit : confessez vos fautes les uns aux autres, et il n’est pas dit, et [« ]point autrement[ »]. Pourquoi, si l’Église doit ôter le méchant du milieu d’elle, ne le ferait-on pas par un acte d’autorité de la part du clergé, puisqu’il n’est pas dit : Et [« ]point autrement[ »] ? Pourquoi ne pas avoir des Acolytes, des Sous-Diacres, des Patriarches, des Archidiacres, des Papes ? Souvenons-nous, que de fait, dans le cas qui a donné lieu à la discussion de ce principe affreux, il s’agit d’une prétention d’une portée immense, savoir, de l’autorité de nommer les Officiers de la maison de Dieu, et même sur tous les frères, car si ce n’est pas cela ils ne sont pas des Anciens établis par le Saint-Esprit sur le troupeau de Dieu. Et, disons-le en passant, car je désire me borner ici à des principes généraux, ce principe affreux est la seule base de tout l’édifice du nouveau système à Genève, car il est clair comme le jour, que si la Parole autorisait ce qu’ils ont fait, ils n’auraient pas eu recours à ce raisonnement, qu’il n’était pas défendu de faire autrement. Ils ont jugé leur propre cause. Ils ont prétendu conférer l’autorité dans l’Église de Dieu, à de certaines personnes, et on leur a dit : vous n’avez pas cette autorité : vous avez prétendu faire des Anciens et vous ne le pouvez pas : ils ne sont pas réellement des Anciens. Si vous avez cette autorité, montrez-la. En réponse, ils montrent l’autorité dans les mains de Paul, de Timothée, de Tite. On leur répond : Mais vous n’êtes ni Paul, ni Timothée, ni Tite. Puis vient le principe fatal, mais il n’est pas dit : « et point autrement ». Voilà donc le fondement de l’autorité qui s’exerce dans ce qui s’appelle l’Église évangélique à Genève. Après tout, dire qu’une direction donnée à une autorité supérieure pour savoir comment il faut se conduire dans la sphère de son action, confère le droit à tout le monde de s’arroger cette autorité, même comme une affaire d’obéissance, serait un prétexte trop absurde pour être mis en avant, et ils le sentent malgré eux, s’il ne s’agissait pas de justifier après coup ce qu’exige le principe que nous discutons maintenant, savoir que l’absence de « point autrement » laisse tout libre, principe qui fait table rase de tout ce qui est dit dans la Parole, parce qu’on peut faire tout autrement sans que ce soit une infraction à la règle qui s’y trouve et à la marche qui y est suivie.

 

5         [Discussion de quelques passages des Écritures]

J’en viens maintenant à la discussion de quelques passages des Écritures.

 

5.1        [Ésaïe 63:14 et Néhémie 9:20 : Après la captivité, l’Esprit est assuré au peuple comme auparavant]

Il y a un cas de peu d’importance, mais je le noterai puisqu’il s’agit de la Parole. L’application d’Ésaïe 63:14, et de Néhémie 9:20, est parfaitement juste. Il a été allégué que l’Esprit a été donné après la captivité, d’une manière plus excellente en ce qu’Il devait demeurer. Je réponds : le prophète, au contraire, encourage les Juifs en leur disant que, ainsi que l’Esprit était avec eux à la sortie d’Égypte, Dieu le leur ayant départi à cette époque, il restait et demeurait encore malgré la captivité, et je cite des passages qui démontrent que le St-Esprit était donné au commencement, et qu’après la captivité même, Néhémie rappelle ce don comme un de leurs privilèges spéciaux. C’était là des citations tout à fait à propos, pour montrer que les paroles d’Aggée signifient que ce qui avait été donné à la sortie d’Égypte n’était pas perdu, mais demeurait encore avec eux. C’est le sens évident du passage, et il démontre que l’Esprit était aussi avec eux au commencement. C’est précisément ce qu’il importait de montrer. Je me suis trompé, peut-être, en pensant que chacun pouvait saisir la force du passage sans qu’il fût développé. Il faut se souvenir que le prophète lui-même fait allusion au moment de la sortie d’Égypte. La parole (d’alliance) que j’ai traitée avec vous, en sortant d’Égypte, et mon Esprit, demeurent avec vous ; ne craignez point (Aggée 2:5). N’est-il pas évident qu’il s’agit de posséder le même privilège qu’au commencement, sans l’avoir perdu par la captivité, qui aurait bien pu faire penser qu’il l’était. Je cite des passages qui démontrent que la présence du St-Esprit était un de leurs privilèges lors de la sortie d’Égypte.

 

5.2        [Actes 20 — Paul s’adresse aux Anciens en ayant tout le troupeau en vue]

Maintenant, quant à Actes 20. Il est clair que c’est aux Anciens d’Éphèse que l’Apôtre s’adresse. Il les avait fait venir à Milet pour épargner le temps que lui aurait pris une visite à toute l’Église (20 v.16). Éphèse était une ville où l’Apôtre avait demeuré longtemps, exerçant un ministère très-béni et puissant, de sorte que toute l’Asie (la province) avait entendu la Parole, de manière que cette Église était en relation avec tous les chrétiens du pays. Il en fait venir les Anciens à Milet, et leur adresse le discours touchant qui se trouve v. 18-35. Or il est évident qu’en les envoyant chercher, il avait à cœur non-seulement ces Anciens, mais tous les chrétiens de l’endroit, et même de toute la province. Il commence par le montrer. Vous savez, dit-il, depuis le premier jour que je suis arrivé en Asie, de quelle manière je me suis conduit avec vous. Déjà, il est assez clair que vous ne veut pas dire seulement les Anciens, mais au milieu d’eux tous, de ceux dont les Anciens étaient les représentants. — 20 v.25 : La chose paraîtra encore plus évidente d’après ce passage-ci. Et maintenant, voici, je sais qu’aucun de vous tous parmi lesquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu, ne me verra plus. Vous tous ne désigne pas seulement les Anciens. C’est pourquoi je vous prends aujourd’hui à témoin, cela peut mieux s’appliquer aux Anciens, mais comme aux représentants de tous. Car je ne me suis point épargné à vous annoncer tout le conseil de Dieu. Pas seulement aux Anciens. Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau. Ici les Anciens sont particulièrement distingués du troupeau, sur lequel, est-il déclaré, le St-Esprit les a établis Évêques [= surveillants], pour paître l’Église de Dieu (*). Car je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups. Est-ce qu’il pensait seulement aux Anciens ? Il est clair que non, c’était le troupeau qui était en danger ; il pensait aux brebis que les loups chercheraient à dévorer. Non-seulement il devait en entrer de dehors ; mais d’entre eux-mêmes, du troupeau, il s’élèverait des hommes qui annonceraient des doctrines corrompues. Durant l’espace de trois ans, dit l’Apôtre, je n’ai cessé nuit et jour d’avertir chacun de vous avec larmes. Pas seulement les Anciens. Tous ces soins, durant ces trois ans, n’étaient pas donnés aux Anciens seulement. Ce n’était pas non plus les Anciens seuls qu’il recommandait à Dieu, comme devant recevoir l’héritage avec tous les saints. Nous voyons donc que, quoique vous s’applique naturellement à tous les chrétiens d’Éphèse et même de tout le pays, l’Apôtre s’adressait aux Anciens qui les représentaient (**). Et c’est ce qui arrive toujours en pareil cas ; c’est-à-dire, on s’adresse à des délégués, ou à des représentants, à des magistrats qui se présentent, comme étant les personnes qu’ils représentent, quoiqu’on puisse leur adresser aussi quelques paroles particulières, ainsi que l’Apôtre signale les Anciens personnellement. Il les distingue cependant du troupeau, dans ce dernier cas, 20v28. Le mot qui parle de la vigilance des Anciens, s’applique évidemment à des soins envers d’autres qu’eux-mêmes.

 

(*) Cette expression, ainsi que d’autres, montre qu’une Église pouvait être nommée l’Église, parce qu’elle l’était en pratique, dans l’endroit.

(**) J’ajoute ici que παραγγελια signifie, entre autres choses, Mandat, et c’est évidemment dans ce sens que l’Apôtre l’emploie (1 Tim. 1:5).

 

5.3        [Esclavage de Satan : Rom. 6:16, on est esclave de celui à qui on obéit]

Quant à l’esclavage de Satan, je dirai aussi quelques mots. Le mot Satan effraie souvent, mais le lecteur diligent de la Bible n’aura pas manqué d’apercevoir que la Parole de Dieu parle continuellement de son influence et lui attribue tout mal, non pas pour cacher les convoitises qui lui ouvrent la porte, mais pour montrer la vraie source de ce mal. Tous ceux qui font profession de christianisme, et qui en ont renié la force, sont appelés par l’Apôtre, enfants du Diable. Et le mal qui est fait, où la Parole a été semée, est appelé particulièrement son œuvre, « c’est l’ennemi qui a fait cela » [Matt. 13:28]. Les Apôtres en appellent les instruments, les apôtres de Satan, comme l’ivraie est la semence du malin. Or ce mal a été fait principalement par une doctrine judaïsante, et tous ceux qui subissaient l’influence de cette doctrine, subissaient l’influence de l’ennemi. L’Apôtre appelle ceci continuellement un esclavage, ainsi Gal. 2:4 ; 4:9 ; 5:1 [la traduction JND actuelle utilise les mots ‘servitude’, ‘asservis’] ; de sorte que l’idée d’esclavage, et d’esclavage de Satan, en rapport avec les chrétiens trompés par l’ennemi, est une idée tout à fait scripturaire. Au reste, Rom. 6:16 autorise pleinement l’emploi de l’expression à l’égard de tout ce en quoi nous obéissons à l’ennemi, et de toute erreur et ténèbres dans lesquelles nous vivons tout en étant chrétiens. Je ne cite pas 2 Tim. 2:26, parce qu’on peut l’appliquer aux inconvertis. Que le lecteur se souvienne que s’il obéit à Satan, il lui est asservi. Sans doute cela ne peut être, d’une manière absolue, l’état d’un enfant de Dieu, mais la chair étant toujours méchante, il sera esclave partout où la chair agira, soit en doctrine, soit en pratique. Lorsque tout un système, fondé sur les bases signalées dans l’épître aux Galates, domine des enfants de Dieu, ainsi que cela a souvent lieu, par exemple le système papal, c’est, selon l’Epître aux Galates, un esclavage, et, dans ce cas, on est certainement esclave de Satan qui y domine.

 

5.4        [Changement du centre d’unité du peuple : la sacrificature cède le pas à la royauté, il n’y a pas de rétablissement de ce que l’homme a ruiné]

5.4.1        [L’Arche prise]

J’en viens maintenant à la sacrificature, centre de l’unité, et au changement qui a eu lieu lors de la royauté. Qu’il y ait eu un changement notable, c’est sans controverse. I-Cabod [« la gloire s’en est allée », 1 Sam. 4] a été écrit sur Israël, et toute relation ordinaire avec Dieu rompue, car l’Arche de l’Alliance a été prise. Anne [1 Sam. 2], dans le cantique où elle célèbre, avant ce désastre, la bonté de Dieu à son égard, avait annoncé qu’il donnerait force à son roi, et élèverait la corne de son oint.

 

5.4.2        [L’Arche n’a jamais été replacée dans le Tabernacle. La grâce a placé la bénédiction du peuple sur un pied nouveau par le moyen du roi, quand tout était perdu. Ps.78]

La royauté est établie, mais non pas premièrement telle qu’elle était voulue de la part de Dieu, mais bien par le grand péché du peuple qui, en le faisant, a rejeté Dieu qui était son Roi. Mais après cela, l’Arche n’a jamais été replacée dans le Tabernacle, mais David l’a transportée sur la montagne de Sion ; et ayant établi tout l’ordre de la maison de Dieu sur un nouveau pied, il a dû laisser, à son successeur (Salomon) l’exécution de tout ce qu’il avait reçu par inspiration, ainsi que l’installation des Sacrificateurs dans le temple. L’ordre établi par David lui était communiqué par inspiration, tout aussi bien que celui du Tabernacle l’avait été à Moïse. Tout était arrangé à neuf, quoiqu’il y eût des éléments communs. C’était donc l’époque d’un grand changement, alors que la grâce, agissant par David, avait placé la bénédiction du peuple sur un nouveau pied, lorsque tout était perdu. Le prophète intervient entre deux, il est vrai, comme une espèce de médiateur, dans la personne de Samuel, mais nous laisserons cela de côté pour le moment. C’était le moyen souverain, employé par Dieu, pour maintenir ses relations avec son peuple, lorsqu’il était infidèle et tombé en ruine. Que j’aie bien jugé cette position de la royauté de David, c’est prouvé par la fin du psaume 78, où il est dit : Dieu l’a ouï et s’est mis en grande colère, et Il a fort méprisé Israël ; Il a abandonné le pavillon de Silo, le tabernacle où Il habitait entre les hommes, et Il a livré en captivité sa force, et son ornement entre les mains de l’ennemi, et Il a livré son peuple à l’épée, et s’est mis en grande colère contre son héritage. Puis le Seigneur s’est réveillé, etc. Il a choisi la tribu de Juda, la montagne de Sion, laquelle il aime, et il a choisi David son serviteur. Voilà la souveraine grâce et l’élection de Dieu qui suscite David, comme instrument, pour relever le peuple, lorsque Dieu avait abandonné son tabernacle et livré son peuple à l’épée. Ce passage est très-important, pour désigner la vraie royauté voulue de Dieu ; mais notre sujet maintenant est la sacrificature. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

5.4.3        [Après Moïse mais avant la royauté, Dieu était le Roi. Le lien entre Dieu et le peuple était le Souverain Sacrificateur qui était le centre de l’unité]

Or, avant de donner force à son roi et d’élever la corne de son Oint, de celui duquel le vrai Oint devait descendre, et qui portait même prophétiquement son nom de Bien-aimé (David, voyez Ézéch. [34:23,24 ; 37:24,25]) : avant cette royauté, quel était le lien entre Dieu et le peuple, lorsqu’il n’y avait pas de roi, car il devait y avoir un lien ? Celui qui connaît tant soit peu les voies de Dieu dans l’Ancien-Testament, répondra aussitôt : C’est le Souverain sacrificateur ; car après Moïse, roi en Jeshurun, qui d’autre pouvait être ce lien ? La seule personne qui aurait pu l’être, c’était Josué ; mais, dans le temps même de Josué, c’était plutôt le Souverain sacrificateur. Citons les passages qui en parlent. Prenez Nombres 27. Là nous voyons Josué qui doit commander, placé devant Éléazar et la congrégation ; et lorsqu’une portion de l’honneur de Moïse a été mise sur lui, afin que la congrégation lui obéisse, il dut se tenir devant Éléazar, le sacrificateur, qui consultait l’Éternel par Urim et Thummim. À sa parole (la parole d’Éléazar), ils devaient sortir, et à sa parole ils devaient rentrer, lui et les enfants d’Israël avec lui, et toute l’assemblée [Nomb. 27:19-21]. En effet, si Dieu était Roi au milieu de son peuple, son Sacrificateur, qui s’approchait de Lui, était nécessairement centre de l’unité. C’était lui (le Sacrificateur) qui portait les noms des douze tribus, sur son cœur, devant l’Éternel, et leur jugement continuellement, ayant l’Urim et le Thummim, seul vrai centre d’unité. D’un autre côté, lors même que ce fut Josué qui les dirigea, qui leur communiqua la volonté de l’Éternel, c’était pourtant toujours à la parole d’Éléazar qu’ils devaient entrer, et à sa parole qu’ils devaient sortir. Qu’Israël ait été infidèle à cela dans le temps des Juges, c’est vrai, mais quelle en a été la conséquence ?

 

5.4.4        [Une fois les rois établis, la sacrificature a cessé d’être la ressource et le centre. Le roi choisi de Dieu (David) est devenu type et représentant de Christ Roi, et tout dépendait de sa conduite]

Dieu ajoute une triste histoire à la fin de ce livre [Juges 19 à 21] (mais de faits arrivés vers le commencement de cette période, car Phinées était souverain Sacrificateur [Juges 20:28]), pour nous donner une idée de l’état des choses au dedans du pays, (car presque tout le livre s’occupe des rapports du peuple avec ses ennemis), et là, nous voyons que dans leur affliction, c’était la Sacrificature qui était leur ressource et leur centre commun. Juges 18:26-28. Il en est de même dans le partage du pays (ainsi que partout). Nombres 14:17. Josué 14:1. Éléazar est toujours placé à la tête. Cela n’avait jamais lieu du temps de Moïse. Et je demande à tout lecteur sérieux de la Bible si telle a été la place du Sacrificateur du temps des Rois. Je comprends qu’on puisse me dire : Il portait toujours le pectoral avec les noms des tribus. Peut-être bien. Mais on oublie que Dieu avait déjà abandonné le peuple, sur ce pied-là ; que l’Arche avait été livrée aux Philistins, et que le roi choisi de Dieu, inspiré de Dieu, sauveur de son peuple par la grâce, en a pris possession et tout rétabli sur un nouveau pied, comme type et représentant de l’Oint de l’Éternel, du Christ Roi en Israël, du Roi qui devait établir le royaume de Dieu et tout gouverner comme tel. Dès lors, tout dépend de sa conduite. Lorsque la Royauté a failli, la Sacrificature n’a rien pu conserver. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

5.4.5        [David libérateur, et Salomon établi en gloire, types du Seigneur Jésus, de l’Oint roi en Israël, prennent nécessairement la première place et tout dépend d’eux. Le roi-sacrificateur prend la première place, comme Melchisédech précurseur de Christ]

Or le caractère de Christ, en Israël, dans ce temps-là, sera celui de Roi, et par conséquent, c’est sous le même caractère que son type et précurseur a paru. Quoiqu’Il soit Sacrificateur, c’est comme Melchisédech (Sacrificateur sur son trône [Zach. 6:13]), et non pas comme Aaron entrant dans le lieu saint, qu’il agira en ce jour-là. Aaron est type de ce qu’il est maintenant, et c’est pourquoi, dans l’épître aux Hébreux, tout en montrant qu’il est personnellement selon l’ordre de Melchisédech, aussitôt que l’Apôtre parle de ses fonctions actuelles, il prend la figure d’Aaron. D’un autre côté, lorsque le temple est inauguré, les Sacrificateurs ne peuvent pas s’y tenir, à cause de la gloire [1 Rois 8:11], et c’est Salomon, type remarquable du Roi-Sacrificateur, qui fonctionne. Il bénit Israël et bénit l’Éternel comme Melchisédech le fit lorsqu’Abraham s’en retournait de la défaite des rois [Gen. 14]. David libérateur, et Salomon établi en gloire, types du Seigneur Jésus, de l’Oint roi en Israël, prennent nécessairement la première place et tout dépend d’eux. Par exemple, lorsque Salomon pèche, dix tribus sont séparées de sa famille et du Temple. 2 Chr. 7. Le sort du peuple est attaché à la conduite du Roi, comme conduisant le peuple, 2 Chr. 7:17-20. L’histoire des rois, depuis Roboam jusqu’à Sédécias, nous montre qu’il en a été ainsi, et le péché de Manassé a de fait amené enfin la ruine totale du peuple et de la maison de Dieu. 2 Rois 21:11-14. La considération du caractère de Christ, comme Melchisédech, met le changement qui a eu lieu à l’égard de la sacrificature, dans un jour si clair, qu’il est impossible que le Chrétien instruit dans la Parole, puisse s’y méprendre ou dire que la sacrificature de la famille d’Aaron tenait la même place dans les voies de Dieu. Au reste, nous avons vu en détail les preuves du contraire. De même aussi Salomon renvoie Abiathar à sa maison [1 Rois 2:27], et lorsque David sans s’inquiéter du Sacrificateur, met l’Arche sur Sion, changement d’une portée immense, il place les Sacrificateurs à Gabaon, devant l’Autel : et il n’y en avait point devant l’Arche, 1 Chron. 16:37, jusqu’à la fin. On trouve aussi 2 Samuel 6:17, 18, ce caractère de Melchisédech se manifestant en partie chez David. Si nous examinons de près le changement, nous verrons combien sa portée a été grande. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

5.4.6        [Le Roi est désormais l’Oint et le centre. La sacrificature n’a plus sa position glorieuse]

L’expression : il se tiendra ou marchera devant son Oint, la révèle déjà. L’Arche prise, où est la gloire ? I-Cabod étant l’état d’Israël, de sorte que la Sacrificature était nulle quant à son exercice primitif, car sans l’Arche il n’y avait point de jour d’expiation [Lév. 16] pour Israël, Dieu intervient extraordinairement par la prophétie, souverain instrument de sa part, et annonce au peuple affligé et abattu, dans la personne et par la bouche d’Anne, qu’il a un nouvel instrument de bénédiction, qu’il élève le pauvre de la poudre, et tire le misérable de dessus le fumier, et leur donne en héritage un trône de gloire ; car les fondements de la terre sont à l’Éternel. Il jugera, est-il ajouté, les bouts de la terre, et il donnera la force à son Roi, et élèvera la corne de son Oint. Ici, en présence de la Sacrificature et à la veille de la prise de l’Arche, un nouveau caractère d’Oint est introduit. L’onction avait été auparavant, par excellence, attachée à la sacrificature. C’était le Sacrificateur qui était l’Oint. Maintenant c’est un autre qui est l’Oint par excellence, c’est le Roi, et cela se rattache au caractère dans lequel le Christ doit paraître. Le Roi étant ainsi par excellence l’Oint, le Sacrificateur qui l’avait été auparavant se tient devant lui, ou, si on l’aime mieux, marche devant lui ; car en effet c’est plus exact. Il fonctionne toujours, mais il n’est plus le centre du système. Le Roi, type de Christ, l’a remplacé. Examinons cela sous un autre point de vue. Il est certain que Dieu, dans son propos arrêté, a voulu glorifier son Fils, même dans la royauté d’Israël et du monde. Mais d’un autre côté, le peuple aurait dû se tenir devant Dieu par l’intervention du Sacrificateur, sans qu’un roi fût nécessaire pour le maintenir dans l’ordre. L’Éternel était leur Roi. Par conséquent Dieu a permis au péché du peuple de se mûrir avant d’établir son Oint. Or la Sacrificature, ainsi que nous l’avons vu, et tout le système lévitique le témoigne, était le centre de toutes les relations du peuple avec Dieu, l’anneau de la chaîne qui touchait le trône de l’Éternel. L’Éternel était lui-même Roi d’Israël, mais Israël avait besoin de voir un roi, d’être comme les nations. L’idée que la faute était simplement de le vouloir comme les nations, et que la chose n’était pas mauvaise, puisqu’elle était prévue de Dieu, ne peut pas être admise pour un instant. Et l’Éternel dit à Samuel : Obéis à la voix du peuple en tout ce qu’ils te diront ; car ce n’est pas toi qu’ils ont rejeté, mais C’EST MOI QU’ILS ONT REJETÉ, AFIN QUE JE NE RÈGNE PAS SUR EUX. Toutefois, Dieu lui en a présenté les conséquences ; mais le peuple a dit non, mais il y aura un roi sur nous, nous serons aussi comme toutes les nations. 1 Sam. 8:7. Comp. 12:12. Or, déjà avant cette demande, la Sacrificature avait, pour ainsi dire, disparu. Samuel offrait des sacrifices çà et là ; mais enfin Dieu a établi son Roi, son Oint, ainsi que nous l’avons vu, et dans une telle position (parce qu’il était type de Christ), qu’il est dit, par le Saint-Esprit : « Salomon donc s’assit sur le trône de l’Éternel pour être roi ». 1 Chron. 29:23. Voilà l’Oint de l’Éternel assis sur le trône de l’Éternel. Le Sacrificateur marche devant lui. C’est ce qui aura lieu lorsque le royaume sera établi. Sans aucun doute Christ en sera le chef et le centre. Il ne s’agit pas ici du Sacrificateur, type de la Sacrificature céleste, idée qui ne s’applique proprement qu’au Tabernacle, ainsi que nous le voyons dans l’épître aux Hébreux, où l’Apôtre ne parle que du Tabernacle ; mais de la position du Sacrificateur dans la présence du roi, Christ doit avoir cette place de Roi. David et Salomon en sont les types, en souffrances, en victoire et en gloire, assis sur le trône du royaume de l’Éternel sur Israël. 1 Chron. 28:5. Or, auparavant l’Éternel avait été immédiatement leur Roi et le Sacrificateur se tenait devant lui. Le peuple a rejeté Dieu, afin qu’Il ne régnât pas sur lui. Leur iniquité a donné lieu à l’accomplissement de ses desseins en grâce, ainsi que cela arrive pour nous. Mais avant cet acte du peuple, la Sacrificature elle-même avait manqué, et tout l’ordre auquel elle tenait était dissout. L’Arche était prise, et par conséquent les relations de Dieu avec le peuple rompues, en tant que cela tenait à leur fidélité. Cet ordre n’a pas été rétabli tel qu’il était, le Tabernacle n’a jamais reçu l’Arche. Le roi devient l’Oint, et c’est lui qui en dispose, et le Sacrificateur doit marcher devant lui. Or, dire que la splendeur extérieure, plaçait le Sacrificateur dans une position plus glorieuse en présence des changements de ce genre ne mérite pas de réponse. Il valait la peine de développer ces choses à cause de leur valeur intrinsèque.

 

Ces observations nous auront déjà fait comprendre quelle est la royauté vraiment voulue de Dieu, et quelle est la royauté qui a été choisie par l’homme ; mais nous citerons quelques passages pour le mettre bien au clair.

 

5.4.7        [La royauté de Saül était une royauté choisie par l’homme, et Saül a été incrédule du commencement à la fin. On ne peut donc pas parler de chute de la royauté durant son règne. 1 Sam. 12:13 et Deut. 17:14]

Premièrement, je ne vois pas précisément que la royauté ait été en chute pendant le règne de Saül. Le Roi est tombé par les mains des Philistins, mais Saül n’était pas plus un incrédule à la fin qu’au commencement ; le péché s’est développé en lui, son cœur s’est endurci, hélas ! c’est l’histoire de l’homme. Mais Saül n’a jamais été debout par la foi ; et la royauté n’était pas dans un plus mauvais état à la fin qu’au commencement. Il a désobéi, et Dieu lui a retiré sa faveur individuellement, mais je ne vois pas en quoi la royauté, comme telle, a manqué. Il est vrai que le jugement que nous avons à porter sur cela dépend en partie de la principale question, le caractère de la royauté de Saül, et jusqu’à quel point on peut l’appeler la royauté voulue de Dieu. C’est ce que nous allons examiner. Quand j’ai dit, Saül n’était pas la royauté choisie de Dieu, il est évident que c’est dire brièvement, la royauté de Saül : cette manière de s’exprimer est pleinement autorisée dans la Parole. Samuel voit si positivement la volonté du peuple dans cette affaire, qu’il dit (pour le fond, dans les termes dont je me suis servi), « maintenant donc voici le roi que vous avez choisi » [1 Sam. 12:13]. Cette royauté était-elle la royauté voulue de Dieu ? L’Esprit de Dieu par Moïse avait prévu le cas où le peuple demanderait un roi et donné les règles qui devaient être suivies, le cas échéant, mais la volonté de Dieu ne s’y trouve pas. Deut. 17:14. « Si tu dis, j’établirai un roi sur moi, comme toutes les nations qui sont autour de moi, tu ne manqueras pas, etc. ». Or il est clair que rien ne peut arriver sans la volonté de Dieu. Mais il est certain que moralement l’établissement de Saül n’était pas selon sa volonté. Plusieurs passages du livre de Samuel en fournissent des preuves irréfragables. 1 Sam. 8:6. Et Samuel fut affligé, de ce qu’ils lui avaient dit : établis-nous un roi... et l’Éternel dit à Samuel, obéis à la voix du peuple en tout ce qu’ils te diront, car ce n’est pas toi qu’ils ont rejeté, mais moi qu’ils ont rejeté, afin que je ne règne pas sur eux, selon toutes les actions qu’ils ont faites, etc. « Maintenant donc obéis à leur voix, mais ne manque pas de leur protester... » [1 Sam. 8:9]. Puis Samuel raconte les oppressions qu’ils devaient subir de la part du roi, et ajoute : en ce jour-là vous crierez à cause de votre roi que vous aurez choisi, mais l’Éternel ne vous exaucera pas dans ce jour-là. 1 Sam. 8:18. Mais aujourd’hui, vous avez rejeté votre Dieu 12:12. Mais vous avez dit : non, mais un roi règnera sur nous, quoique l’Éternel fut votre Roi. Voilà des passages qui démontrent avec la dernière évidence qu’à moins que l’Éternel ait voulu que le peuple le rejetât, à moins qu’il ait voulu un grand péché (12:17, 19), ce qui est impossible, il n’est pas possible que Dieu ait voulu la royauté de Saül. Il y a une preuve accessoire que ce n’était pas la royauté voulue de Dieu, c’est que la responsabilité tout entière de maintenir les relations avec Dieu est laissée au peuple : Voyez la fin du chap. 12. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

5.4.8        [La royauté de David était une royauté voulue de Dieu, à la place de Silo. Elle est un type de la royauté de Christ]

Mais le peuple ayant démontré qu’il ne pouvait pas se passer de cette puissance intermédiaire, et marcher avec Dieu en des relations directes, et Dieu, ayant ainsi manifesté le mal, ouvre la porte à l’accomplissement de ses desseins en Christ, car il y avait une royauté qui avait place dans les conseils de Dieu, c’était celle de Christ, dont l’Éternel suscite lui-même l’avant-coureur et le type, sans que la pensée ou la volonté du peuple y entre pour quoi que ce soit. Nous avons déjà vu la manière dont Dieu (au Ps. 78) passe de son jugement sur Silo, par lequel il avait abandonné le tabernacle pour toujours, à son propre choix, à David et à Sion le siège de son trône au milieu de son peuple, le lieu choisi de sa demeure ; comparez Ps. 132:13,17, où il est écrit qu’il ferait germer une corne à David et préparerait une lampe à son Oint. C’est là la royauté voulue de Dieu. L’Éternel s’est cherché un homme selon son cœur, et l’Éternel lui a commandé d’être le conducteur de son peuple. 1 Sam. 13:14, et encore 16:1 : Emplis ta corne d’huile et viens, je t’enverrai vers Isaï Bethléémite, je me suis pourvu d’un de ses fils pour roi. L’ayant oint, c’est David qui est le vrai chef et conducteur d’Israël, même pendant le règne de Saül. L’Éternel aussi lui dit, en parlant de Salomon, « ma gratuité ne se retirera point de lui comme je l’ai retirée de Saül, que j’ai ôté de devant toi ». Et dans le Ps.89, où les bontés de Dieu se résument en David type du vrai bien-aimé, « Tu as autrefois parlé en vision touchant ton Bien-aimé, et tu as dit : J’ai ordonné mon secours en faveur d’un homme vaillant. J’ai élevé l’élu d’entre le peuple, j’ai trouvé David mon serviteur, je l’ai oint de ma sainte huile, ma main sera ferme avec lui, et mon bras le renforcera » ; et au chap. 7 de 2 Samuel, dont nous avons cité un verset, on trouvera toute la bénédiction du peuple attachée à la maison de David. Au reste, vu sa relation avec Christ, cela ne pourrait être autrement. Je citerais Osée 13:2; mais on peut mettre en question son application à Saül. J’ai cité des passages comme preuve directe que l’existence de la royauté de Saül était le fait du péché, et qu’elle n’était pas celle que Dieu voulait maintenir comme ce qu’il avait établi selon sa volonté, et que la royauté de David a été établie par le propre acte et par la volonté de Dieu pendant l’existence même de l’autre. Mais le fait est que la manière dont la Parole s’exprime sur la relation entre la royauté de David et celle de Christ, les allusions des prophètes à Christ sous ce nom ; la manière dont parlent les Psaumes, l’histoire de David, son analogie avec celle de Christ, la portée de tout ce qui est dit, et de l’histoire même, est, pour celui qui tient compte des voies de Dieu, ce qui manifeste sa pensée quant à ses conseils en Christ, et une évidence encore plus puissante que des textes isolés pour prouver que la royauté de David était celle voulue de Dieu, et que la royauté de Saül, fruit de la volonté du peuple qui, en le désirant a rejeté Dieu, ne l’était pas, bien que dans un certain sens toutes choses soient selon sa volonté suprême. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

5.4.9        [La question de la chute de la royauté ne se pose qu’avec David. Dieu ne rétablit jamais dans son état primitif une chose confiée à l’homme et placée sous sa responsabilité. En Christ seul peut être établie et maintenue la bénédiction, sacrificature ou royauté]

C’est en celle de David, par conséquent, que la chute de la royauté est en question, et non pas en celle qui avait lieu par le péché du peuple qui, en l’établissant, a rejeté Dieu. Lorsqu’on parle de chute, cela suppose un état dans lequel Dieu avait établi l’homme ou même les anges en bénédiction, mais bénédiction perdue par cette chute, quant à la responsabilité de celui qui y était placé, sauf à la grâce souveraine de Dieu à la rétablir selon ses conseils de paix. Et c’est ce qui démontre d’une manière absolue que Dieu ne rétablit jamais dans son état primitif une chose confiée à l’homme et placée sous sa responsabilité, parce que, pour ce qui regarde l’homme, toutes ces choses ne sont qu’une image de quelque partie de la gloire de Christ, qui seul peut les maintenir. Ainsi qu’Adam lui-même était l’image de Celui qui devait venir, et la bénédiction d’un paradis terrestre doit être remplacée par de bien meilleures grâces en Christ, mais ne pouvait l’être hors de lui. Ainsi la Sacrificature, la royauté ou toute autre forme de bénédiction que ce soit, ne peut se réaliser qu’en Christ. Néanmoins, Dieu a placé l’homme en des positions qui répondent à toutes ces bénédictions, et l’homme y a toujours manqué. La patience de Dieu a été grande, comme il est exprimé quant à la royauté, « jusqu’à ce qu’il n’y eût point de remède ». Alors l’homme a été jugé dans la chose déchue, et c’est en Christ seul que la chose se rétablit, en Lui qui seul maintient et peut maintenir toute la gloire de Dieu et la bénédiction de l’homme dans ces choses. « Et on y suspendra toute la gloire de la maison de son père, de ses parents et de celles qui lui appartiennent, tous les ustensiles des plus petites choses, depuis les ustensiles des tasses jusqu’à tous les ustensiles des musettes » (Ésaïe 22:24).

 

6         [Dieu rétablit-Il ce que l’homme a ruiné ? Le cas du jugement de Lo-Hammi = ‘pas mon peuple’, Osée 1 et 2]

[On prétendait que l’argument de dire que Dieu ne rétablit pas ce que l’homme a ruiné était faux, car il y avait eu, dit-on, rétablissement du peuple d’Israël après que Lo Hammi ait été prononcé]

 

6.1        [Rejet du peuple (cessation du gouvernement de Dieu et de son trône au milieu d’eux) malgré qu’il reste le peuple de Dieu]

Quant à la question de Lo-Hammi, je ne peux pas me plaindre de ce qu’on ne reçoit pas la vérité sans examen. Il n’y a rien dans mes pensées à l’égard de l’Église qui s’y rattache particulièrement. La conviction du rejet de Juda, lors de la prise de Jérusalem par Nébucadnetzar, et par conséquent la cessation de l’application du titre Hammi [mon peuple], a été universelle parmi les chrétiens qui ont étudié ces sujets, et cela par des raisons très-simples. Et l’on pourrait s’étonner que ce rejet soit mis en question. Mais je résumerai brièvement ici quelques-unes des preuves. Pour les donner avec suite et en plein, il faudrait transcrire la plus grande partie des livres de Jérémie et d’Ézéchiel. Avant d’en produire quelques-unes, il est bien de rappeler que le fait qu’Israël est toujours le peuple de Dieu, et que les affections du cœur et la foi des Daniel et des Néhémie l’aient appelé ainsi, ne dit rien du tout. Israël ne peut cesser d’être le peuple de Dieu. Les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance [Rom. 11:29], et c’est d’Israël que cela est dit. Dieu ne cesse jamais de considérer Israël comme son peuple, mais il a cessé de le gouverner comme son peuple, et d’avoir son trône au milieu de lui sur la terre. St-Paul insiste en Romains 11 sur ce point, après leur rejet du Christ. « Dieu a-t-il rejeté son peuple ? qu’ainsi n’advienne. Dieu n’a pas rejeté son peuple lequel il a auparavant connu » [Rom. 11:2]. De sorte qu’Israël peut être appelé maintenant le peuple de Dieu, et doit l’être, comme bien-aimé à cause des pères [Rom. 11:28], eu égard à l’élection. Ce n’est donc pas là la question, si Zacharie (Luc 1) a dit : il a visité et racheté son peuple, c’était encore moins difficile à comprendre, parce qu’il parle de la venue de Jésus, qui doit rétablir en effet le peuple dans la jouissance de tous ses privilèges comme peuple de Dieu. Ceci donc ne dit rien, parce que si cela démontrait que Lo-Hammi n’était pas applicable parce qu’Israël reste peuple de Dieu, il est évident qu’il ne pourra jamais l’être puisqu’il est toujours le peuple de Dieu.

 

6.2        [Pas de distinction entre Juda et les dix tribus sur la question du rejet du peuple / Lo-Hammi. Israël est le peuple de Dieu selon ses conseils, pas son peuple selon son gouvernement]

On dira peut-être, mais c’est parce que Juda est toujours resté le peuple de Dieu. On ne peut guère oser le dire après la mort de Jésus. Mais le fait est que l’Apôtre ne tient pas compte de cette distinction entre Juda et les dix tribus. Il parle de tout Israël, et montre qu’il est aimé à cause des pères, que Dieu n’a pas rejeté le peuple qu’il a préconnu [Rom.11]. Or ceci évidemment, ne s’applique pas seulement à Juda, mais à tout Israël comme l’Apôtre s’exprime, et la distinction qu’il fait, est entre tout Israël et l’élection de grâce. Voilà ce qui suffit pour le moment, nous en verrons des preuves positives plus bas. Je ne fais ici que montrer, que reconnaitre le peuple, comme peuple, s’applique à tout Israël, et que c’est méconnaître entièrement la force des passages et se méprendre sur toute la question, que de supposer que la fidélité de Dieu à son propos arrêté et la foi précieuse des siens, dans cette fidélité immuable d’après lesquelles le titre de son peuple est donné à Israël, touche la question du jugement de Lo-Hammi. C’est confondre les conseils de Dieu avec son gouvernement. Dans tous les temps, Israël est son peuple, selon ses conseils et ses pensées d’amour. Cela n’empêche pas qu’il soit appelé Lo-Hammi, pas mon peuple, dans le gouvernement de Dieu. Par conséquent le fait qu’Israël a été appelé son peuple à une époque quelconque, laisse encore sans réponse la question. (Quand est-ce que la sentence de Lo-Hammi a été prononcée) ? Seulement nous avons fait un pas dans notre recherche de la vérité, savoir, que nous avons trouvé qu’il s’agit du gouvernement de Dieu. Car Lo-Hammi s’applique certainement, d’après le gouvernement de Dieu, à tout Israël et aux dix tribus, à une époque ou à une autre. Et quant à l’affection souveraine et aux conseils de Dieu, Israël tout entier est toujours son peuple. Il s’agit donc de son gouvernement, et nous pouvons nous demander maintenant : Quand est-ce que Dieu, dans son gouvernement du peuple d’Israël, a exécuté sur ce peuple, la sentence de Lo-Hammi ?

 

6.3        [Juda rejeté comme les dix tribus, mais pas au même moment et pour des motifs différents]

Il est certain, que les dix tribus ont porté le nom d’Israël après leur séparation des deux autres, et ont été envisagées, en général, comme ayant droit à ce titre, les deux autres étant plutôt un apanage de la famille de David, que Dieu n’a pas voulu abandonner. Cependant le sort du peuple tout entier se rattachait à cette famille, à cause du Messie qui devait en être, et au Temple qui se trouvait à Jérusalem. La lecture du livre des Rois fera voir que les dix tribus tiennent cette place, et celle des Chroniques, l’importance de la famille de David. Le dernier chapitre de 2 Chroniques nous fait voir le Dieu d’Israël, pensant à sa maison et à son peuple, jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de remède. Enfin le dernier chapitre de 2 Rois nous fait voir que le péché de Manassé a été cause que l’Éternel a dit ; « Je rejetterai aussi Juda de devant ma face, comme j’ai rejeté Israël, et je rejetterai cette ville de Jérusalem que j’ai choisie et la maison de laquelle j’ai dit : mon nom sera là ». Comme Jérémie (15) a dit : « l’Éternel me dit, quand Moïse et Samuel se tiendraient devant moi, je n’aurais point d’affection pour ce peuple. Chasse-les de devant ma face et qu’ils sortent ... » et (v. 4) « Je les livrerai à être agités par tous les Royaumes de la terre à cause de Manassé, etc. ». Tu m’as abandonné, dit l’Éternel, (à Jérusalem v. 6) et tu t’en es allée en arrière, c’est pourquoi j’étendrai ma main sur toi et je te détruirai ; je suis las de me repentir. 2 Rois 21:13, Jérémie 14:7. Ainsi nous apprenons que lors de la captivité de Babylone, car dans ces passages c’est de cet événement qu’il s’agit, l’Éternel a rejeté Juda comme il avait rejeté Israël. Il a chassé ce peuple de devant sa face, et a détruit Jérusalem, étant las de se repentir.

 

6.4        [La prophétie d’Osée s’applique à l’ensemble de Juda ET Israël]

Or, Osée traite les deux cas d’Israël et de Juda, et sa prophétie est datée du règne des divers rois des deux pays qui régnaient de son temps. Les dix tribus sont principalement en scène, en tant qu’elles formaient la principale partie du peuple, et que leur dispersion était plus rapprochée ; mais le jugement de Juda est aussi annoncé, et le prophète parle quelquefois de l’ensemble, sous le titre d’enfants d’Israël et mon peuple. En particulier (ch. 4) comme étant la Sacrificature de Dieu, tout en parlant des Sacrificateurs à part. L’application générale de cette expression, enfants d’Israël, ici, est démontrée clairement par son emploi au vers. 5 du chap. 3. Le jugement de Juda est annoncé au chap. 5:5,10-15 et 6:4-11, celui de la maison de l’Éternel 8:1, encore Juda 8:14. Éphraïm, Juda, Jacob tout entier, 10:11. Juda et Jacob, 12:3. Ce résumé des passages rend assez clair le but de la prophétie d’Osée ; elle s’applique à l’ensemble du pays et du peuple, à Juda aussi bien qu’à Israël, mais les dix tribus sont plus en scène. L’expression la mère [2:2] embrasse les deux, et la restauration du peuple entier est annoncée, chap. 2, lorsque Dieu deviendra de nouveau son mari. Le point qui n’est pas traité par Osée, est la famille de David, sinon 3:4, 5, où il s’agit de tout le peuple sous le titre d’enfants d’Israël, et leur histoire est donnée en quelques paroles remarquables jusqu’à leur rétablissement millénial.

 

6.5        Lo-Hammi applicable seulement après le jugement sur Juda, lors de la captivité de Babylone

L’expression Lo-Hammi, s’applique nécessairement à tout le peuple, et ne pouvait, par conséquent, être prononcée que lors de la captivité de Babylone, quoique bien du chemin fût fait vers son accomplissement par la captivité des dix tribus. La conduite du roi, avait été depuis David et Salomon, la question pour Dieu, dans ses voies envers son peuple, et celui-ci a été finalement rejeté à cause de l’iniquité de Manassé. L’impiété de Salomon avait déjà été la cause de la séparation de dix tribus du trône de sa famille, et enfin leur propre iniquité les a finalement livrés entre les mains des Gentils. Toutefois, la maison de l’Éternel, la famille de David, la Sacrificature d’Aaron, l’arche de l’alliance subsistaient entourées de deux tribus et d’autres Israélites, de sorte qu’on ne pouvait pas absolument dire : il n’y a plus un peuple. Cependant, la main de l’Éternel était déjà levée pour frapper Juda. On n’a qu’à consulter Ésaïe qui a prophétisé à la même époque que Osée, les déclarations des quatre premiers chapitres et le magnifique et touchant plaidoyer du 5ième de sa prophétie, pour voir le jugement que Dieu portait sur l’état de Juda.

Dans ces circonstances, Osée annonce premièrement le jugement de la maison de Jéhu. Puis, sous le nom significatif de Lo Ruhama, il annonce qu’il enlèvera entièrement la maison d’Israël, c’est-à-dire, les dix tribus. Mais il fera encore miséricorde à Juda, et le délivrera, ainsi qu’il a fait à l’occasion de Sanchérib, successeur de celui qui a emmené Israël captif. Puis il déclare par un autre nom significatif donné à un autre enfant, qu’enfin il prononcera la sentence de Lo-Hammi ; car, dit-il, vous n’êtes pas mon peuple. Ayant annoncé ce jugement d’une manière absolue, par un acte prophétique, après le jugement exécuté sur Israël, par lequel il était déjà entièrement retranché, et ayant déclaré, à l’occasion de ce retranchement, que Juda serait épargné, il est de toute évidence que ce serait par le jugement exécuté sur Juda que cette sentence aurait son effet. Ceci est d’autant plus évident que Lo-Hammi, dans la force du terme, s’applique au peuple entier, objet de la prophétie d’Osée. Immédiatement après, le prophète, publiant les compassions de Dieu, déclare premièrement que le nombre des enfants d’Israël sera comme le sable de la mer, et qu’alors les enfants de Juda et les enfants d’Israël, ici distingués expressément pour constater leur réunion, seront assemblés, et s’établiront un chef, etc. nous faisant voir clairement que la réponse et la délivrance embrassaient Juda ainsi qu’Israël qui étaient tous les deux compris dans Lo-Hammi, quoique le jugement, exprimé pour le dernier, ne dût s’exécuter que lorsque Juda aussi serait rejeté, et qu’ainsi il n’y avait plus un peuple devant Dieu. Or, que Dieu ait provisoirement conservé un petit résidu qu’Il a ramené pour lui présenter le Christ, c’est évident. La question que nous avons à résoudre est celle-ci: Est-ce que, quant à son gouvernement, Dieu a exécuté cette sentence de Lo-Hammi lors de la captivité de Babylone ? Car cette sentence a dû être exécutée. Or, souvenons-nous qu’il s’agit dans cette expression des rapports de Dieu avec son peuple déjà rompus quant aux dix tribus (quelle qu’aient été la patience de Dieu et les messages qu’Il leur a envoyés) par la séparation sous Jéroboam. Les veaux d’or ne maintenaient pas les relations d’Israël avec Dieu. Or, Jérusalem était le lieu qu’Il avait choisi, le temple, l’endroit où il avait placé son nom. L’arche de l’alliance du Dieu de toute la terre était là. La famille de David, la famille élue pour maintenir ses relations avec son peuple. L’Urim et le Thummim, moyen de recevoir par l’intervention de la Sacrificature, la lumière et les directions de Dieu, se trouvaient là. Or, non-seulement Juda avait péché, mais la famille de David, de la conduite de laquelle tout dépendait, avait manqué à sa fidélité. Il n’y avait plus de remède (2 Chron.), et Dieu a dû rejeter Juda comme Il avait rejeté Israël.

 

6.6        [Le temps des Gentils : l’autorité placée entre les mains des nations rend impossible le rétablissement du peuple d’Israël. Israël ne sera rétabli (sur la terre) que lors du règne du Messie. Actuellement le peuple de Dieu est un peuple céleste]

Mais dans ce cas l’acte est plus solennel, parce que la maison de Dieu, le trône de Dieu entre les chérubins, la royauté de Dieu qui « siégeait sur le trône de l’Éternel », Ses Urims et Ses Thummims étaient en question. Mais, comment les conserver là, pour sanctionner l’iniquité ? Cela aurait été encore pis, et Dieu exécute le jugement qu’Il avait prononcé sur son peuple. La maison de Dieu est détruite, la famille de David emmenée en captivité, et les temps des Gentils commencent. Le sceptre du monde est placé entre les mains des Gentils, par l’autorité du Dieu des cieux, événement d’une portée immense, qui subsiste même aujourd’hui, et qui empêche nécessairement l’établissement d’un peuple de Dieu terrestre, envisagé sous le point de vue du gouvernement de Dieu, parce que le règne du Messie ne comporte pas un tel empire dans les mains des Gentils. Or, il est de toute évidence que l’époque à laquelle Israël sera rétabli et béni, et à laquelle il ne sera plus Lo-Hammi, sera celle du règne du Messie. Actuellement le peuple de Dieu est un peuple céleste, soumis aux autorités qui existent, peuple qui n’a rien à chercher dans le monde que la gloire de Celui qui l’a sauvé, pour l’introduire dans le ciel.

Nous voyons donc, à la prise de Jérusalem, le jugement de Dieu exécuté sur son peuple, l’arche de l’alliance prise, la maison de Dieu brûlée, la royauté ôtée à la famille de David, et cela jusqu’à la venue du vrai Fils de David, l’Urim et le Thummim de la Sacrificature perdus, le trône de Dieu ôté de dessus la terre, et l’autorité souveraine placée entre les mains des Gentils. En un mot, tout ce qui, en fait d’institution, formait le lien entre Dieu et le peuple, est mis de côté, et fais attention, lecteur, par un moyen qui rend impossible le rétablissement du peuple, parce que le trône et l’autorité ont été placés de la part de Dieu entre les mains des nations.

 

6.7        [Le rétablissement d’Israël comme peuple de Dieu n’a lieu que sous la nouvelle alliance, à la venue de Christ]

Sous l’ancienne alliance, tout était perdu ; sous la nouvelle, sous le Messie, tout est encore à venir pour Israël ; Christ présenté en chair n’a pas rétabli l’ancienne [alliance], et Israël n’a pas été placé sous la nouvelle [alliance]. Christ était personnellement parfait sous l’ancienne [alliance], et lorsqu’Il a versé le sang qui fait la base de la nouvelle [alliance], c’était trop tard pour Israël, comme nation. Si la grâce de Dieu a proposé à ce peuple le retour de Jésus (Actes 3) s’il se repentait, le peuple dans son aveuglement, a fermé la bouche à ceux qui l’annonçaient. Cette vérité, que c’est sous la nouvelle alliance et sous le Messie qu’Israël sera reconnu peuple, est de toute importance pour juger de ces choses. Nous trouverons que les prophètes qui annoncent le jugement par Nébucadnetzar, passent directement de là à la venue de Christ. Nous trouverons que, bien que Dieu agisse pour amener les choses à ce point, par diverses interventions providentielles, Christ, lorsque la bénédiction est établie, est toujours en rapport avec le peuple tout entier, et que l’existence de deux tribus, sans les dix, ne peut pas se lier à l’accomplissement des promesses en Christ. Il peut venir du ciel, pour détruire le méchant, mais une fois uni à Israël, c’est à tout Israël, de sorte que le rétablissement dans la jouissance des promesses, au retour de Babylone, est impossible, si l’on envisage cet événement comme une continuation de Juda seul peuple de Dieu.

 

6.8        [Les liens d’Israël avec Dieu n’ont pas été rétablis, la sentence Lo-Hammi n’a pas été cassée, malgré plusieurs interventions de Dieu en grâce, y compris l’envoi du Fils de Dieu]

Nous allons examiner les passages qui constatent ce que nous venons de dire. Que la royauté, ait été conférée à Nebucadnetsar, sur toute la terre, c’est ce qui est dit très-clairement en Daniel, 2:37, 38, et même que cela doit continuer jusqu’à l’établissement du royaume de Dieu, 38-44 : ce qui rend impossible que Juda, pendant cet intervalle, soit le peuple de Dieu, reconnu de Lui sous le point de vue de son gouvernement. Il est toujours Lo-Hammi durant cette période.

Je n’ai pas besoin de dire que la royauté n’a pas été rétablie dans la famille de David. Nous ne trouvons nulle part que l’arche de l’alliance ait été faite de nouveau ; certainement elle ne l’a pas été par le commandement de Dieu, et il est sûr qu’on ne pouvait faire les tables de la Loi ayant l’écriture de Dieu, ce qui faisait de cette Arche l’Arche du témoignage. Nous avons encore la certitude qu’aucune manifestation de la gloire de Dieu, signe de sa présence, n’a eu lieu, lors de la dédicace du second temple, ainsi que cela est arrivé lorsqu’on a dressé le Tabernacle, et lorsque l’Arche a été introduite dans le temple de Salomon, et qu’on a sonné des trompettes. De sorte que le témoignage et la gloire de la présence de Dieu manquaient à l’Arche, si l’on en a fait une. L’absence de ces deux choses rendait l’existence d’une Arche, la démonstration évidente que tout ce qui pouvait lui donner de l’importance manquait. Au reste, les Juifs reconnaissent qu’il n’y en avait point. Qu’il n’y eut point d’Urim ni de Thummim, c’est un fait aussi reconnu par les Juifs, prouvé par Néhémie 7:63.

L’absence de ce signe mystérieux était un fait des plus graves, car c’était ainsi que le Souverain Sacrificateur portait le jugement des enfants d’Israël sur son cœur, devant l’Éternel, continuellement [Exode 28:30]. C’est-à-dire, tout ce qui signalait la présence de Dieu, et tous les liens anciennement établis, et qui maintenaient les relations du peuple avec Dieu manquaient, tandis que ce peuple lui-même était asservi aux Gentils à cause de son péché. Dieu pouvait intervenir en grâce, Il pouvait envoyer des messagers vers le petit rejeton de son peuple qui se trouvait à Jérusalem, Il pouvait supporter l’état tronqué des institutions dont le dehors était rétabli, Il pouvait encore envoyer son Fils, Il a fait tout cela, mais il n’a jamais cassé l’arrêté de Lo-Hammi. Il ne le pouvait que par Jésus et la Nouvelle-Alliance, lorsque les liens de la première étaient rompus et Israël asservi aux Gentils. Il a proposé Jésus, le peuple ne l’a pas voulu. Il l’a proposé dans sa fidélité à sa promesse [Actes 3], et il est évident que ce n’était pas selon l’ancienne Alliance, sous laquelle Israël avait été en relation avec Dieu comme peuple ; tout était perdu selon cette alliance-là. La nouvelle n’a pas pu être établie avec un peuple qui en a rejeté le médiateur en Jésus.

 

6.9        [Rétablissement d’Israël comme peuple de Dieu : Ce que les prophètes ont dit avant et après la captivité, et ce que dit le Nouveau Testament]

Il nous reste trois choses à considérer : Ce que les prophètes ont dit, après la captivité, et ce qu’ils ont dit avant, quant aux moyens que Dieu devait employer pour qu’Israël fût son peuple, et puis de quelle manière le Nouveau-Testament considère ce point. Je place en première ligne les prophètes, après la captivité, parce que nous y trouvons tout ce que l’Esprit de Dieu a pu dire de plus fort pour encourager le peuple à son retour. Si en examinant leurs prophéties, nous trouvons que le résidu qui est retourné de la captivité n’y est pas appelé le peuple de Dieu, nous comprendrons que les autres prophètes et le Nouveau-Testament confirment ce témoignage.

 

6.9.1        [Ce que les prophètes ont dit après la captivité]

Examinons Aggée, Zacharie et Malachie. Jamais le peuple revenu de la captivité n’est appelé, par un seul de ses prophètes, le peuple de Dieu ; au contraire, dans des cas où on l’aurait cru inévitable, cette expression ne s’y trouve pas ; mais ils disent qu’ils seront son peuple aux derniers jours. Mais dans ces cas, c’est Israël et Juda. Preuve évidente qu’il n’était pas reconnu de Dieu alors comme son peuple. Jamais ces prophètes ne disent de la part de Dieu, mon peuple. Leurs prophéties sont pleines de révélations remarquables au sujet des jours encore à venir, comme aussi à l’égard de la première venue de Jésus ; et elles rattachent les bénédictions à venir aux encouragements qu’elles donnent pour le présent ; mais jamais dans ce temps-là, ni en rapport avec la première venue de Jésus, le peuple n’est appelé le peuple de Dieu. Tandis que Zacharie est très-clair en déclarant qu’il le sera aux derniers jours. Jamais il n’est dit que Dieu habiterait dans le temple d’alors, mais il promet d’y demeurer dans les jours encore à venir. Mais c’est après la gloire que le prophète est envoyé aux nations qui ont pillé Israël ; alors il est dit : J’habiterai au milieu de toi. Zach. 2:8-10.

Il est dit je me suis retourné vers Jérusalem par compassion, et ma maison sera rebâtie, dit l’Éternel des armées, mais la promesse d’y demeurer est réservée pour un autre temps, lorsque les forgerons auront abattu les cornes qui se sont élevées contre le pays de Juda pour le dissiper. Encore au chap. 8 il est dit : J’habiterai au milieu de Jérusalem, mais aussitôt nous trouvons les temps encore à venir, où Dieu fera venir son peuple de l’Orient et de l’Occident, et où il lui sera Dieu. Pour le temps présent, il dit : « je me suis retourné et j’ai pensé en ces jours-ci de faire du bien à Jérusalem et à la maison de Juda, ne craignez point » [Zach. 8:15]. Précieux encouragement, mais qui laisse la demeure de Dieu, et le titre « de mon peuple », comme espérance pour des jours à venir, lorsque le Germe germera de dessous soi, et Éphraïm et Juda seront unis comme l’arc et la flèche de l’Éternel.

Les promesses en Aggée sont temporelles, et la présence du messager de l’alliance est promise pour la maison, mais dans un temps encore à venir, car c’est lorsque Dieu aura ébranlé toutes les nations, les cieux et la terre, déclaration que Héb. 12:26 nous fait comprendre ne pas être encore accomplie. Le lecteur attentif de la Bible n’aura pas manqué de remarquer que Dieu s’adresse constamment à Juda ou à toute la nation comme à son peuple, par les prophètes qui s’adressent à eux avant la captivité. On ne peut guère avoir une preuve plus forte que Dieu ne reconnaissait plus Juda comme son peuple après la captivité de Babylone, tout en lui accordant la promesse qu’ensemble, avec Israël, ils seraient son peuple lorsqu’il le rétablirait par Christ sous la Nouvelle-Alliance. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

6.9.2        [Ce qu’ont dit Jérémie et Ézéchiel]

J’examinerai maintenant quelle est la lumière que fournissent les prophètes qui annoncent le jugement exécuté sur Jérusalem par Nébucadnetzar, et à quelle époque ils déclarent qu’Israël sera de nouveau appelé le peuple de Dieu. Ce sont les prophètes Jérémie et Ézéchiel. Nous avons déjà vu que l’Éternel, las de se repentir, rejetterait Juda comme il avait rejeté Israël, et qu’il exécuterait, sans le différer plus longtemps (Ézéch. 19:21-28), le jugement annoncé. Nous verrons donc maintenant à quelle époque les prophètes placent le rétablissement de Juda dans la jouissance du privilège d’être le peuple de Dieu.

 

6.9.2.1       [La gloire de l’Éternel en gouvernement ; elle quitte la maison de Dieu]

Avant de mettre ce point au clair et d’examiner les passages qui nous font voir à quel moment le nom de « mon peuple » est rendu à Israël (je dis à Israël parce que les deux familles sont toujours réunies dans cette bénédiction), j’attirerai l’attention de mon lecteur sur le jugement solennel qui a eu lieu lors de la prise de Jérusalem, qui imprime son vrai caractère à celle-ci, et sur la vraie force de ce mot Lo-Hammi, mis sur le front de Juda, ainsi que sur toute la nation, lorsqu’elle a été emmenée captive à Babylone, et quelle est la portée du transport du trône au milieu des Gentils. Le trône de Dieu se manifeste et les chérubins de gloire, avec ces roues dont les jantes étaient si hautes qu’elles effrayaient l’esprit du prophète ; ces roues qui étaient comme une roue dans une roue. Les chérubins courant et retournant selon l’apparence d’un éclair, et les roues toujours à leur suite pleines d’yeux tout autour. Il y avait la ressemblance d’un homme assis sur le trône. C’était la vision de la représentation de la gloire de l’Éternel. Puis il déclare au prophète la fin, « la fin vient sur les quatre coins de la terre. Maintenant la fin vient sur toi, et j’enverrai sur toi ma colère, et je te jugerai selon ta voie, et je mettrai sur toi toutes tes abominations, et mon œil ne t’épargnera point, et je n’aurai point de compassion ... Maintenant je répandrai bientôt ma fureur sur toi, et je consommerai ma colère sur toi ». Enfin, ayant fait marquer ceux qui gémissent à cause de toutes les abominations. Il visite et frappe les méchants, selon la gloire de son trône, en commençant par sa maison. Mais un jugement encore plus solennel, annoncé par l’acte le plus significatif, attendait la ville rebelle. Le trône de gloire, les chérubins que le prophète avait vus à Kébar, paraissent de nouveau à côté de la maison de l’Éternel où le prophète avait été transporté. « Puis la gloire de l’Éternel s’éleva de dessus les chérubins pour venir sur le seuil de la maison, et la maison fut remplie d’une nuée, le parvis aussi fut rempli de la splendeur de la gloire de l’Éternel » [Éz. 10:4].

 

6.9.2.2       [La gloire de l’Éternel quitte Jérusalem et le trône sur la terre est donné aux Gentils]

Pourquoi cette visite solennelle de l’Éternel à sa maison remplie d’images et de corruption ? Pourquoi cette gloire inaccoutumée ? Hélas ! la raison n’en était que trop promptement évidente. Puis la gloire de l’Éternel se retira de dessus le seuil de la maison et se tint au-dessus des chérubins. Le temple est vide, la gloire l’a abandonné. En vain des chérubins d’or étendaient leurs ailes sur un propitiatoire délaissé et sur une loi violée, celui qui remplissait naguère ce trône de la gloire l’avait quitté. Nébucadnetzar peut s’emparer du Temple comme d’un cadavre. Le Dieu des cieux lui a confié le royaume. La gloire de l’Éternel a abandonné son trône sur la terre. « Puis les chérubins élevaient leurs ailes, et les roues qui étaient vis-à-vis d’eux s’élevaient aussi, et la gloire aussi du Dieu d’Israël qui était sur eux par-dessus. Et la gloire de l’Éternel s’éleva du milieu de la ville et s’arrêta sur la montagne qui est à l’orient de la ville » [Éz. 11:23]. L’Éternel a quitté Jérusalem, le trône de la terre est donné aux Gentils. Est-il revenu à Jérusalem pour assujettir son trône à celui d’un Perse ou d’un Grec ? Nous avons vu que quelle qu’ait été sa compassion pour son peuple, sa présence n’est pas revenue pour remplir de sa gloire le nouveau bâtiment. Si Dieu n’y est pas, que veut dire « le peuple de Dieu » ?

 

6.9.3        [La promesse de rétablissement de l’ensemble du peuple ne se réalisera qu’aux derniers jours quand Christ régnera]

Et quand est-ce que ce pauvre peuple toujours aimé retrouvera les bénédictions ? Quand est-ce que Lo-Hammi sera effacé pour toujours de dessus son front, pour être remplacé par ce précieux titre Hammi ? Dieu avait maintenant accompli sa parole. 2 Rois 21:13. « J’étendrai sur Jérusalem le cordeau de Samarie et le niveau de la maison d’Achab, et je torcherai Jérusalem comme une écuelle qu’on torche, et laquelle, après qu’on l’a torchée, on renverse sur son fond, et j’abandonnerai le reste de mon héritage ». Ainsi qu’il est dit en Jérémie 12:7 : « J’ai abandonné ma maison ; j’ai quitté mon héritage, ce que mon âme aimait le plus ». Déjà au moment de quitter Jérusalem, ainsi qu’il le fit avant de chasser d’Éden nos premiers parents, il a annoncé la délivrance et la bénédiction : « Je vous recueillerai d’entre les peuples, et je vous rassemblerai des pays dans lesquels vous avez été dispersés, et je vous donnerai la terre d’Israël » (Éz. 11:17). Mais déjà on voit que ce n’est pas du retour de Babylone que le prophète parle, car il est ajouté : « Et je ferai qu’ils n’auront qu’un cœur, je mettrai au dedans d’eux un esprit nouveau, j’ôterai leur cœur de pierre hors de leur chair, et je leur donnerai un cœur de chair » (Éz. 11:19). Or, nous savons avec une certitude parfaite que cela n’a pas eu lieu au retour de Babylone, ni certes depuis la première venue de Jésus. Le prophète passe aux derniers jours pour que le peuple soit béni. Reprenons Jérémie qui a annoncé et vu la prise de Jérusalem dont nous parlons. Ch. 30. Il déclare que Dieu ramènera les captifs d’Israël et de Juda et qu’ils posséderont le pays donné à leurs pères. David leur roi leur sera suscité, et v. 21, ceux qui sortent d’eux-mêmes les domineront. Et, ajoute l’Éternel, vous serez mon peuple et je serai votre Dieu. 30:22. Au chap. 21:31, c’est la nouvelle alliance. Il est aussi question d’Israël et de Juda, 27 ; au chap. 32, Juda est encore restauré par une alliance éternelle ; il ne se retirera plus de Dieu, il lui sera pour peuple et l’Éternel lui sera pour Dieu, 38, 39, 40. Encore au chap. 33:7, Dieu ramènera Israël et Juda. Le germe de justice germera à David, 15. En Ézéch.34, David sera prince, 24. Ils seront mon peuple, dit le Seigneur l’Éternel, 30. Au chap. 36, nous avons la promesse remarquable à laquelle, par-dessus toute autre, le Seigneur Jésus a fait allusion dans sa conversation avec Nicodème, et qui déclare la nécessité de cette œuvre pour qu’Israël jouisse de ses privilèges, même dans la terre, et qu’il soit en même temps Hammi, le peuple de Dieu et que Dieu soit son Dieu. Nous avons aussi ici la preuve que cette œuvre (qui fait voir que le peuple n’était pas reconnu peuple de Dieu) est applicable au peuple, tel qu’il était au retour de Babylone, puisque le Seigneur l’applique ainsi, et que la promesse d’être le peuple de Dieu ne saurait s’accomplir sans que cette œuvre de grâce ne se fit ; œuvre qui n’était pas accomplie du temps du Seigneur, et qui ne l’est pas encore quant au rétablissement de la nation. Ch. 37, nous voyons Juda et Israël réunis d’une manière remarquable ; le peuple de Dieu, Hammi, et Dieu leur Dieu, deux fois répété, et David roi sur eux. Ils marcheront dans les jugements et les statuts de l’Éternel, David étant leur prince, dans leur terre, pour toujours. On peut consulter aussi les chapitres 38 et 39 sur ces points. Ces passages démontrent d’une manière incontestable que l’époque à laquelle Israël serait Hammi, c’est-à-dire ne serait plus Lo-Hammi, car Lo n’est que la négative, ne doit se réaliser qu’aux derniers jours, lorsque Christ sera leur roi ; que cela doit s’accomplir par la grâce, qui écrira la loi dans leurs cœurs, lorsque Dieu leur donnera un nouveau cœur selon la nouvelle alliance, et que tout Israël sera là. Juda et les dix tribus formeront une seule nation qui ne sera jamais divisée ni chassée de sa terre, sur laquelle Christ régnera toujours. Et tout cela est dit à l’occasion de la captivité de Babylone, dans laquelle Dieu rejetait Juda comme il avait rejeté Israël, et que la promesse du retour de cette captivité qui ferait dire Hammi à Israël, serait lorsque toutes ces choses rappelées ci-dessus seraient accomplies, de sorte que la période pendant laquelle Lo-Hammi est prononcé sur Israël, devait durer depuis la captivité de Babylone jusqu’au retour du Seigneur.

Enfin, pour ôter toute possibilité de question, j’ajoute que le jugement de Lo-Hammi n’était pas exécuté avant la captivité de Juda, car au second chapitre de Jérémie, Dieu les appelle encore son peuple, et pour montrer que ce n’était pas parce que le terme Lo-Hammi ne s’appliquerait qu’à Israël, je cite le verset 4 : « Écoutez la parole de l’Éternel, ô maison de Jacob, et vous toutes les familles de la maison d’Israël ».

 

6.9.4        [Le Nouveau-Testament confirme les prophètes : le peuple était encore Lo-Hammi. Seuls ceux qui recevaient Christ sortaient de cet état]

D’un autre côté, le Nouveau-Testament nous fait voir, qu’alors aussi, tout Israël était en scène, et que Dieu le considérait comme pas son peuple faisant allusion à Osée. Nous avons vu le Seigneur faisant voir que le royaume de Dieu, sous lequel le peuple serait le peuple de Dieu, ne pouvait venir que par l’accomplissement des promesses de la nouvelle alliance. Et l’apôtre Paul dit : « Nos douze tribus qui servent Dieu nuit et jour » (Actes 26:7). De même aussi Jacques : « Aux douze tribus qui sont dispersées ». Nous avons déjà vu qu’en Romains 11, saint Paul distingue seulement l’élection et tout Israël, ce dernier, aux derniers jours, lorsque le Libérateur sortira de Sion. Et la distinction était tellement perdue dans ce temps-là, qu’en Actes 26 l’expression de douze tribus est un neutre au singulier. Ainsi, en citant le passage qui parle de Lo-Hammi, Paul l’applique à l’état des Juifs, avant d’être appelés par la révélation de Jésus comme Sauveur, sans distinguer Lo-Ruhama et Lo-Hammi. Pierre est encore plus positif dans sa manière de s’exprimer, et nous dit, en tout autant de termes, que ce mot Lo-Hammi s’appliquait à l’état du peuple avant la révélation du Christ. Tandis que ceux qui le recevaient sortaient de cet état. Je dis peuple, car il est sans controverse que les étrangers dispersés, παρεπιδημοις διασποράς se rapporte à Israël tout en se bornant à ceux d’entr’eux qui croyaient. De sorte que nous avons une révélation directe que l’état du peuple, après Babylone, était l’état de Lo-Hammi, voyez 1 Pierre 2:10. J’ai cru qu’il pourrait être utile de mettre ce point au clair, pour les frères qui s’en occupent. Il ne s’agit pas de la question de l’Église, sauf en temps que toutes les vérités se lient ; mais il s’agit d’une époque singulièrement importante quant au gouvernement de Dieu, parce que Dieu cessait d’être assis sur le trône du monde entre les chérubins, et confiait l’autorité souveraine à un chef suscité parmi les Gentils : état de chose qui doit subsister sous une forme ou une autre jusqu’au jugement de ce monde.

 

7         [Compréhension de la Parole de Dieu par des « communications particulières » de l’Esprit de Dieu]

Reste encore la question des communications particulières, sujet important et qu’il vaut la peine de mettre au clair.

 

7.1        [Danger de prétendre suivre l’Esprit sans la Bible et de prendre la Bible sans l’Esprit. Il n’y a pas de vérités nouvelles en dehors de la Bible]

J’ai parlé d’une manière assez précise sur les deux éléments de la vérité en puissance dans l’homme, savoir : L’ESPRIT DE DIEU ET LA PAROLE, pour qu’on sache quelles sont mes convictions là-dessus. Voir, Coup d’œil sur divers principes ecclésiastiques, page 122, etc. Je n’ai qu’à dire que la prétention de suivre l’Esprit sans la Bible peut nous faire prendre toutes sortes d’imaginations pour la vérité ; et prendre la Bible sans l’Esprit, c’est faire de l’esprit de l’homme l’égal de Dieu et même son juge. Mais l’importance du sujet est telle que nous allons en dire quelques mots. Je crois à une action immédiate sur l’âme. Lorsque j’ai parlé de communications particulières, l’expression est expliquée et gardée par ce qui est ajouté qu’il n’y a pas de vérités nouvelles qui ne soient dans la Bible. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

7.2        [Luther et Calvin n’ont pas eu de révélations nouvelles, mais le Saint Esprit a agi en eux pour comprendre et appliquer certaines parties de la Parole de Dieu]

J’ai donné les exemples de Luther et de Calvin, pour rendre clair ce que j’ai voulu dire. Supposez que quelqu’un comprenne la vérité ainsi que Luther et Calvin l’ont comprise ; qu’il ait même aussi appris d’autres vérités qu’ils n’avaient pas saisies, ainsi que la venue du Seigneur, le rétablissement des Juifs et d’autres, est-ce que cela fait qu’il aura l’énergie de Calvin ou de Luther ? Est-ce que cette énergie était purement naturelle ? L’Esprit de Dieu n’y était-il pour rien ? Lorsque Dieu suscite des hommes extraordinaires, n’y a-t-il rien en eux que l’intelligence de la Bible et le caractère naturel ? Pour ma part, je ne le crois pas. Je crois à l’action d’un Dieu vivant. Je ne crois pas que la seule œuvre de l’Esprit soit de me faire comprendre la Parole. Y a-t-il donc d’autres vérités qui ne seraient pas dans la Parole ? Certainement pas, je l’ai déjà dit. Mais le St-Esprit a agi dans ces hommes, comme Il n’a pas agi en d’autres qui ont discerné les mêmes vérités. Il leur a fait saisir d’une manière toute particulière, la force et la portée de certaines vérités, par des communications particulières à leur cœur et à leur esprit. Il leur a fait comprendre l’application de certaines parties de 1a Parole à de certaines choses qui existaient dans le monde. Il les a rendus capables de juger ces choses par la Parole, et leur a donné à y appliquer cette parole avec une clarté et une force que d’autres ne partageaient pas. Il a placé pour eux le vrai caractère de l’état de la chrétienté dans la lumière de la Parole, comme Il ne l’a pas fait pour d’autres, produisant ainsi un effet qui était beaucoup plus qu’un simple discernement du sens des passages. Il est possible que la chair soit venue s’y mêler. Ils n’étaient pas gardés comme les instruments d’une nouvelle révélation, parce qu’il y en avait déjà une de parfaite ; mais je crois qu’il y avait une action immédiate et propre du St-Esprit, qui leur a fait penser à de certaines vérités, qui leur en a fait l’application, qui leur a donné un jugement sain et vrai de certaines choses par le moyen de la Parole, et a rendu certains actes d’une importance majeure à leurs yeux par la conséquence et la portée qu’Il leur y faisait voir, et que d’autres personnes, n’étant pas de la même manière sous son enseignement, n’y auraient jamais vues. Ils devaient convaincre les autres, par la Parole, que ces choses n’étaient pas selon la vérité, mais la perception qu’ils avaient de leur portée, leur avait été donnée par le St-Esprit, et cela à cause de l’œuvre qu’ils faisaient. Les preuves de tout étaient dans la Parole ; mais l’Esprit de Dieu agissait directement dans l’esprit de celui, duquel Il se servait pour produire certaines convictions, et pour appliquer certaines parties de la Parole selon le temps et selon l’œuvre qu’il faisait. En un mot il y avait des communications particulières, quoiqu’il n’y eût pas de nouvelles vérités qui ne fussent dans la Parole écrite.

 

7.3        [Luther et Calvin n’ont pas simplement profité d’un discernement plus clair du sens de la Parole grâce à leur caractère naturel]

Voilà ma conviction, et mes adversaires peuvent s’assurer qu’il faut d’autres preuves que ce qu’on a dit jusqu’à présent pour me faire renoncer à cette conviction. Est-ce qu’ils attribuent l’énergie et l’œuvre d’un Luther, d’un Calvin et d’un Zwingle, simplement à un discernement plus clair du sens de la Parole et à leur caractère naturel ? S’il en est ainsi, je ne suis pas de leur avis. Je crois à une action positive de l’Esprit de mon Dieu. S’ils n’y croient pas, je n’ai aucune envie de partager leurs convictions. S’ils me disent : Mais c’était un don particulier accordé à ces hommes. C’est de quoi il s’agit dans le passage du traité sur le ministère où il est question de communications particulières. Je crois à l’énergie et à l’action de l’Esprit de Dieu, et je crois à l’autorité absolue de la Parole, seule et suffisante règle et juge de tout. S’ils doutent de l’un et de l’autre, c’est à eux à rendre compte de leur incrédulité. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

7.4        [Risque d’abus : il faut concilier l’énergie de l’Esprit et le sens rassis de la spiritualité selon la Parole]

On me dira : Mais il y aura des abus. Je le crois, mais des abus qu’on pourra toujours juger par la Parole, si l’on en maintient l’autorité, et si l’on s’en sert par l’Esprit. Il y aura des abus fanatiques, même où il y a au fond de la sincérité, tout le monde en prendra connaissance sans avoir de la piété. Il y a même chez de vrais chrétiens, des abus rationalistes qui minent le bonheur de l’Église, et la privent d’énergie et de vie. Il est difficile de concilier l’énergie de l’Esprit et le sens rassis de la spiritualité selon la Parole. Cela ne se trouve, comme tout autre bénédiction, que près de Dieu. Si je suis hors de moi, dit l’Apôtre, c’est devant Dieu, si je suis de sens rassis, c’est pour l’amour de vous. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

7.5        [L’Esprit de puissance agissant dans un croyant ordinaire va au-delà de la simple connaissance de la Parole]

Mais j’irai plus loin, et je prendrai le cas des chrétiens ordinaires. Le Saint-Esprit n’agit-il pas sur les affections ? Ne révèle-t-il pas Christ immédiatement au cœur ? Ne met-il pas des devoirs, d’une manière pressante, sur le cœur ? Ne produit-il pas des pensées dans l’âme ? Lorsque Christ dit : Celui qui garde mes commandements est celui qui m’aime, et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et je l’aimerai, et je me manifesterai à lui : cela s’opère-t-il seulement en faisant discerner le sens de la Parole ? Lorsque l’Apôtre dit : Soyez remplis du Saint-Esprit ; est-ce que cela ne veut rien dire que : comprenez bien la Parole ? Lorsqu’Il parle d’un Esprit de puissance, n’y a-t-il rien que : comprendre la Parole ? Pour ma part, je ne le crois pas. Je crois que la puissance est autre chose que la connaissance de la Parole, quoique cette connaissance soit la lumière selon laquelle cette puissance agit, et je désire bien que ceux qui font ces objections comprennent que je trouve leurs idées fausses, et ayant leur source dans l’incrédulité, dans une incrédulité très-nuisible à l’Église ; et je ne peux guère concevoir comment on peut nier ou mettre de côté la puissante action du Saint-Esprit, à moins que ce ne soit parce qu’on n’en a pas fait l’expérience. Pour ma part, je sens assez qu’elle me manque sous divers rapports, pour reconnaître sa réalité, et éprouver le besoin de la chercher toujours davantage en déplorant mon manque de foi.