De la présence et de l’action du Saint Esprit dans l’Église

 

En réponse à l’écrit de M. PH. WOLFF, intitulé : Le ministère en opposition au hiérarchisme et principalement au radicalisme religieux.

 

J. N. Darby

Ed. Genève, Georges Kaufmann, Libraire, 50, Allemands-Dessous & Valence, J.Marc Aurel, Imprimeur-Libraire, rue de l’université 8 — 1844. Traduit en anglais dans C.W. 3 p. 206-313

Les sous-titres et titres sont de l’auteur, sauf ce qui est entre crochets

 

1     Avant-propos [gravité de l’enjeu]

2     Introduction [objectif réel de M.Wolff]

2.1     Différence fondamentale entre le système de Calvin et celui de M. Wolff

2.2     Jugement de M. Wolff sur le système Rochat

2.3     Exemple du même esprit au sujet des Évangélistes

2.4     Autre exemple au sujet des Docteurs

2.5     Sur la liaison prétendue des idées politiques et religieuses

3     Chapitre 1 [les dons et le ministère]

3.1     Introduction du livre

3.2     Du premier chapitre de M. Wolff, intitulé : Sacerdoce et Ministère

4     Chapitre 2 [vocation au ministère]

4.1     Observations sur le chapitre second de M. Wolff, où il parle de la vocation au ministère

4.2     Encore une remarque sur ce chapitre

5     Chapitre 3 [les noms d’évêque, ancien, pasteur]

6     Chapitre 4 [place de l’évêque / pasteur dans trois sortes de systèmes]

7     Chapitre 5 [l’évêque / pasteur établi de Dieu ?]

8     Chapitre 6

9     Chapitre 7 [élection de l’évêque par le troupeau]

10      Chapitre 8 [imposition des mains et consécration]

10.1      De la consécration de l’évangéliste

10.2      De la consécration de l’évêque

11      Chapitre 9 [une double vocation de l’évêque]

12      Chapitre 10 [évangélistes]

13      Chapitre 11 [docteurs]

14      Chapitre 12 [classification des ministères]

15      Chapitre 13 [perpétuité du ministère]

16      Chapitre 14 [apostasie de l’Église ?]

16.1      Le mot apostasie a trait à l’économie [dispensation]

16.2      Rom. 16:22, concerne l’économie [la dispensation]

16.3      L’état actuel de l’église montre une ruine

16.4      La notion d’église visible est scripturaire

16.5      De quelques objections au mot ruine

17      Chapitre 15 [le ministère est-il l’exercice d’un don ?]

18      Chapitre 16 [Le Saint Esprit, sa fonction, ses dons]

19      Chapitre 17 [administration de sacrements]

20      Chapitre 18 [capacité de prêcher]

21      Chapitre 19 [envoi de missionnaires]

22      Chapitre 20 [usurpation cléricale]

23      Chapitre 21 [faire des études pour être ministre]

24      Chapitre 22 [histoire des sectes qui ont altéré le ministère]

25      Conclusion

 

1                    Avant-propos [gravité de l’enjeu]

Cette réponse à la brochure de M. Wolff sur le Ministère, a été écrite aussitôt après la publication de son ouvrage. L’auteur de la réponse ayant été absent du pays pendant onze mois, le manuscrit est resté jusqu’à son retour dans les mains d’un ami. Puis des travaux d’évangélisation, et d’autres occupations plus importantes encore que la controverse, ont retardé la préparation du manuscrit pour l’impression à laquelle il est enfin livré.

Dans cet intervalle, la Société évangélique de Genève et la Société laïque du canton de Vaud, ont recommandé, dans leurs rapports, la brochure de M. Wolff, de sorte que l’approbation que l’on donne à cette brochure, déjà démontrée assez clairement par les faits, est maintenant avouée ouvertement. Ceci rend ma tâche plus pénible, mais moins difficile ; car je peux traiter l’écrit auquel je réponds, non pas comme celui d’un jeune étudiant qui fait, pour ainsi dire, ses premières armes, et que l’on désirerait épargner, mais comme un ouvrage sanctionné par des hommes graves, qui ont dû peser les choses, et qui ont dû sentir leur propre responsabilité envers l’Église de Dieu lorsqu’ils ont recommandé publiquement un ouvrage sur un sujet aussi sérieux que celui du Ministère. Il faut supposer qu’ils ont examiné les raisonnements et les preuves avancées comme ayant été tirées de la Parole de Dieu ; et, en recommandant cet ouvrage à toute l’église, ils se sont rendus responsables de son contenu.

La Société laïque, à la vérité, se garde de prendre la responsabilité de tout le contenu de l’ouvrage, mais, désireuse de la réfutation du système qu’elle appelle « le Plymouthisme », elle indique la brochure de M. Wolff comme répondant à ce but (séance du Comité du 9 juin 1843, Bulletin numéro 5, p. 155, 156).

Le rapport de la Société évangélique de Genève ne fait aucune réserve semblable ; en voici les paroles : (p. 35) « D’autres ont combattu celui-ci (le Plymouthisme) avec avantage ; en particulier, un élève de notre école de théologie, dans un écrit dont les arguments scripturaires ne peuvent être ébranlés ».

L’on trouvera dans le corps de cette réponse, des inconséquences dans les sentiments que j’ai exprimés au sujet de cet ouvrage. Quelquefois mon cœur a parlé en faveur de l’auteur ; quelquefois je n’ai pas pu entièrement contenir l’indignation que j’ai éprouvée au vu de la manière dont la Parole de notre Dieu y a été traitée.

J’ai laissées telles quelles ces inconséquences, parce que c’était la véritable expression de ce que j’ai éprouvé. Mais maintenant que cet ouvrage doit être regardé comme l’exposé des sentiments de la Société évangélique de Genève, ou au moins de ses conducteurs, et qu’ils ont mis leur approbation sur ces arguments en les qualifiant de scripturaires, la retenue qu’imposaient les circonstances d’un jeune homme n’a plus lieu d’être. Envisagé comme sortant des mains d’hommes instruits, graves, pieux, d’hommes dans une position de responsabilité, d’hommes que, sous d’autres rapports, j’estime et j’aime, — cet ouvrage sortant, dis-je, de leurs mains, demande d’être mis dans son vrai jour. De ma vie (et j’ai été dans des controverses pénibles) je n’ai jamais vu une brochure pareille. Qu’est-ce que ces Messieurs approuvent ? c’est une témérité qui biffe d’un trait de plume tout ce qui a été écrit sur le Ministère depuis le temps de Chrysostôme jusqu’à nos jours ; ce sont des contradictions des plus grossières avec soi même, pourvu que, dans les deux cas, ces sentiments opposés servent à établir, coûte que coûte, un système que l’on aime ; c’est une incrédulité profonde sur la présence et les opérations du Saint Esprit ; c’est un mépris de la Parole dont je n’ai vu le pareil dans aucune controverse ; ce sont des assertions hardiment faites, quant au contenu de la Parole et quant à l’emploi des mots pour faire prévaloir les vues de l’auteur, qui, lorsque l’on examine les passages où le mot se trouve, ne sont pas soutenues par un seul exemple, et qui doivent faire foi pour ceux qui ne savent pas le grec et qui ne supposeront pas (Dieu en soit béni !) que l’on affirme les choses en dépit de toute vérité, et de toute bonne foi.

Tout est nivelé au système actuel dans le seul désir de dire : nous sommes riches. Le Ministère n’est pas l’exercice d’un don, il n’existe aucun don ; néanmoins, l’Église jouit de toutes ses bénédictions. — Et pourquoi toute cette incrédulité et ce manque, que dirai-je, de conscience ? C’est que, ayant trop de lumières pour cheminer à l’aise avec la mort et les erreurs qu’ils reconnaissent dans les systèmes qui les entourent, ils ont trop peu de foi pour s’affranchir d’un joug sous lequel ils gémissent dans l’œuvre qu’ils font. Ils ont pris leur parti de flatter la chair ainsi que les formes des systèmes qui les gênent, afin que ces systèmes leur prêtent la liberté de poursuivre l’œuvre qu’ils n’osent pas faire sans cela.

Quant à la brochure qui nous occupe (chacun en jugera quand il aura lu les pages qui suivent), je ne puis y voir que l’exposé public de l’incrédulité de l’Église professante de ces derniers jours — qu’un mépris de la Parole de Dieu qui mérite d’être flétri d’une manière beaucoup plus puissante que je ne saurais le faire — que les assertions les plus fausses qu’il est impossible d’attribuer à l’ignorance de ceux qui recommandent cet ouvrage et qui (s’il faut attribuer un tel emploi de la Parole à l’entraînement d’un esprit de parti) est un emploi qui signale d’une manière effrayante quelle est l’estime que l’on fait de la Parole quand il s’agit des intérêts d’un parti ! Ces expressions sont fortes. Je ne m’en serais pas servi s’il ne s’agissait que d’une opinion sur le Ministère, ni si ce n’étaient pas des chrétiens qui s’en fussent rendus responsables ; mais il s’agit de toute la base des espérances et de l’activité de l’Église de Dieu, et de l’autorité de sa Parole, qui sont sacrifiées sans hésitation aux intérêts et à l’orgueil d’un parti irrité. L’ennui de la controverse a presque arrêté ma plume. J’ai pensé que des pleurs conviendraient mieux qu’une réponse. Mais il y a des âmes qui ont droit aux éclaircissements nécessaires pour exposer de quelle valeur sont les assertions hardies qui caractérisent la brochure patronisée par le bureau de la Société évangélique de Genève, et de quel poids est l’autorité de ceux qui peuvent la patroniser ; et j’ai senti profondément que celui qui se sert de la Parole en se cachant sous le grec d’une manière semblable, ne mérite pas d’être ménagé, lorsqu’il nous est présenté par des hommes bien capables d’en apprécier l’emploi et les conséquences. Plus ils sont estimés et, sous bien des rapports ils méritent de l’être, plus il est nécessaire d’exposer les racines d’amertume qu’ils veulent sanctionner. Si c’était un Pierre qui se rendît coupable de ce qui entraîne les autres dans une voie de dissimulation, il importerait d’autant plus de lui résister en face.

 

2                    Introduction [objectif réel de M.Wolff]

Je ne m’attends pas à voir ceux qui n’ont pas de foi pour les suivre, adopter des principes qui sont de la foi. Je ne crois pas non plus que, dans ce moment, ce soit la controverse qui pousse les âmes à entrer dans le chemin de la foi. C’est le moment d’y marcher par la grâce de Dieu et non pas d’en parler. Les circonstances qui nous entourent et les progrès du mal demandent ce que Dieu seul peut donner, une marche ferme et active dans le chemin où la foi seule trouvera le moyen de subsister ; car les événements nous serrent tous les jours de plus près.

Si je réponds aux thèses de M. Wolff sur le Ministère, c’est que le sujet est des plus importants et qu’il fournira l’occasion de développer les vérités actuellement les plus précieuses à l’Église.

Si la brochure de M. Wolff sur le ministère n’était que la production de l’étudiant dont le nom y est attaché, je n’en aurais probablement rien dit. Rendons justice à l’auteur ; c’est un travail qui démontre assez de diligence et fait voir une application dont les fruits, à un tel âge, font, selon l’homme, honneur à l’auteur, et sont dignes d’une période plus avancée de la vie. Si quelque chose çà et là trahit la jeunesse, ce ne sera pas un sujet de reproche de ma part. Que l’activité d’un jeune esprit ait produit, comme il le dit, un système nouveau, cela ne m’étonne pas ; qu’aux yeux de son auteur, ce soit un système devant lequel tout ce qui a été dit sur le ministère, dans tous les siècles de l’Église, passe comme une ombre ; que l’auteur manifeste une certaine confiance en lui-même, cela peut être naturel à l’ardeur de la jeunesse : je ne m’y arrêterai pas ; qu’il dispose en douze lignes de tout ce qui a été écrit sur le Ministère depuis Chrysostôme jusqu’à M. Rochat, avouant que « les moyens de s’éclairer lui manquaient, n’ayant rien pu baser sur les travaux de ses prédécesseurs », et qu’il en use ainsi pour introduire un système dont « l’ensemble systématique est tout de lui », je ne lui en veux pas pour cela. Je ne le rappelle qu’à cause de l’importance que prend ce fait, lorsqu’on réfléchit qu’un tel jugement a l’approbation du parti dont l’auteur est pour ainsi dire ressortissant. Du moins est-il clair, d’après cela, que tout système de Ministère reconnu jusqu’ici, tous les principes sur lesquels on a voulu baser le Ministère, ont dû tomber devant la lumière qui est entrée par le moyen de la discussion qui a eu lieu sur ce sujet. Pour s’attaquer à ce qui a été mis en avant, il a fallu se débarrasser de tout ce qui a été dit sur le Ministère par tous les théologiens, tant par ceux des temps primitifs que par ceux de la réforme et des temps modernes.

Toutefois, je reconnais que le traité de M. Wolff est le plus habile et le plus sérieux qui ait paru dans la controverse engagée sur ce sujet.

Cet écrit, paraissant au moment d’une telle controverse, est évidemment plus qu’une thèse d’étudiant. Fruit de ses travaux, il est l’expression de beaucoup plus que cela. Vanté dans les journaux de son parti, imprimé avec l’encouragement et le concours de personnes de ce parti qui cherchent à profiter de sa publication et répandu par leurs amis et leurs agents, cet opuscule doit être considéré, pour le fond, comme l’expression de ceux qui le propagent ; car on ne doit pas leur attribuer la tactique déshonnête d’un christianisme corrompu qui voudrait profiter autant que possible d’un écrit, sauf le renier ensuite, si l’on se voyait en danger d’être compromis par son moyen.

Mon intention est de tirer au clair, pour les âmes droites, le principe de cette brochure et de signaler la force de certains raisonnements qui ont prise sur la chair et peuvent agir sur elle et qui sont propres à troubler les cœurs simples.

Le but évident et avoué même de cet écrit, est d’attaquer ce que je me permettrai d’appeler, la lumière nouvelle que Dieu a envoyée, et de soutenir tel quel tout ce qui existe. Pour cela, il emprunte tout ce qu’il peut de cette lumière, de sorte qu’à plusieurs égards je me trouve d’accord avec l’auteur. C’est, du reste, le chemin que plusieurs suivent maintenant. Ils empruntent toute la lumière qu’ils peuvent, sans s’inquiéter de marcher dans le sentier de la foi que cette lumière a révélé.

Pour soutenir coûte que coûte les choses qui existent, on a dû sacrifier tous les principes du ministère établis par la réforme. Il ne faut pas s’y méprendre ; quand l’auteur dit, du système de Calvin sur le Ministère : « bon comme théorie basée sur l’expérience de l’Église », cela dit tacitement que ce système n’est pas basé sur l’Écriture, — car il renverse, sans en avertir ses lecteurs, tout le système de Calvin dans le corps de son ouvrage.

Assez jeune seulement pour être énamouré de ses propres idées, il n’a pu se taire là-dessus, comme on peut le voir dans son avant-propos. Tout son système est de lui. Il n’a pas pu baser essentiellement son travail sur les travaux de ses prédécesseurs. Les pensées de Calvin étaient en effet basées en grande partie sur la Bible ; mais, comme le dit M. Wolff, sa théorie ou plutôt sa pratique était basée sur l’expérience de l’Église. Homme assez intègre de cœur par la grâce pour honorer profondément la Parole, assez énergique pour créer un système, Calvin reconnaissait, à bien des égards en théorie, la vérité sur le Ministère. En pratique, il se formait un système adapté aux circonstances et à son propre caractère. Il est entré plus de lumière, la Parole a été sondée. L’énergie du Saint Esprit agit, et ce qu’il a créé comme système ne répond plus ni à l’énergie créatrice de son auteur, ni aux besoins que produit le Saint Esprit. Ceux qui, poussés par le Saint Esprit, ont sondé la Parole, se sont trouvés, en suivant la Parole et les principes et les vérités que Calvin lui-même y a trouvés, en dehors de son système sur plusieurs points. Ils ont suivi la Parole et non le système.

Dès lors, force guerre leur a été faite. C’était des innovateurs, etc.

En attendant, il s’est formé une classe de personnes ; le parti auquel M. Wolff est lié, parti qui veut s’attacher au système ecclésiastique de Calvin et en profiter autant que possible, parce que cela n’exige pas la foi (car un socinien le fait aussi bien qu’eux), et en même temps introduire une activité spirituelle subordonnée à ce système.

M. Wolff est partisan de ce système nouveau ; mais il a été conséquent. Il a senti qu’en adoptant les principes que Calvin a tirés de la Parole, il serait impossible de maintenir son système. Il nie donc ces principes ; son but est de justifier à tout prix ce qui se fait. J’en donnerai de tristes preuves tout à l’heure.

Constatons premièrement ce fait important, que, pour combattre ceux qui suivent la Parole, il s’est senti forcé de mettre de côté tous les principes des réformateurs sur le Ministère. Il a senti qu’une fois admis ce qu’ils avaient tiré de la Parole, il faudrait aller plus loin et abandonner leur système pratique ; mais cela demande de la foi.

 

 

2.1   Différence fondamentale entre le système de Calvin et celui de M. Wolff

La théorie de Calvin est basée sur l’existence des dons ; la théorie approuvée par le parti représenté par M. Wolff, est basée sur ce que les dons ont absolument cessé. Il est évident qu’un système qui se base sur les dons et un autre qui se fonde sur leur absence et qui fait de cette absence son principe fondamental, sont deux systèmes complètement opposés l’un à l’autre. On peut, pour épargner la chair, suivre en pratique les mêmes formes, mais les principes sont complètement opposés.

Calvin distingue les dons ordinaires et les dons extraordinaires, comme base de la différence entre l’état actuel et l’état apostolique du ministère. M. Wolff affirme que tous les dons étaient extraordinaires, et que tout le système de Calvin est faux à cet égard et que le Ministère n’a subi aucune modification. Le système de Calvin est fondé sur la différence des charges et des dons ; il distingue par conséquent l’évêque et le pasteur. Tout le système de M. Wolff est basé sur l’identité de l’évêque et du pasteur. Si évêque et pasteur ne sont pas une même chose, tout son système s’écroule à la fois, parce que, dans ce cas, le pasteur est un don donné de Dieu, et qu’il n’a besoin ni de l’imposition des mains ni d’être établi de la part des hommes. Si l’auteur peut au contraire les identifier, dans ce cas il appliquera tout ce qui est dit de l’évêque dans l’épître à Timothée, au pasteur aussi bien qu’à l’évêque.

Je n’entre pas dans le détail des différences, car le système Wolff change tout le système Calvin ; je ne fais remarquer que les grands principes, ou plutôt le grand principe par lequel ils divergent. Calvin admet que pour le Ministère il faut des dons ; M. Wolff nie absolument toute relation entre ces deux choses. Le Ministère, dit-il, s’exerce sans don. Il est conséquent ; il a senti qu’il est impossible de concilier l’existence des dons avec le système de son parti et le système ecclésiastique de Calvin. Calvin admettait les choses qu’il trouvait dans la Parole, puis ajoutait des traditions et des habitudes. Il créait un système que la lumière d’alors supportait. Le parti qui s’oppose maintenant à la lumière est plus hardi ; sentant qu’il ne peut les concilier, et déterminé à s’attacher aux choses qui existent, il avoue sur ce point son incrédulité, et met de côté tout à la fois, les dons, le Saint Esprit et la Parole qui en parle.

Le Ministère, selon eux, n’a aucun rapport avec les dons du Saint Esprit. Il est bon du moins d’être au clair sur les véritables bases du système qui s’oppose aux frères. Il ne s’agit que de dons purement naturels, le Saint Esprit n’y entre pour rien, absolument pour rien. Ce n’est pas (faites-y bien attention) une conclusion que je tire, c’est la base avouée de tout le système. Un homme doit être régénéré du Saint Esprit pour être ministre comme il faut l’être pour être chrétien ; mais, pour son ministère même, le Saint Esprit n’y entre pour rien. Voici les propres paroles de M. Wolff, page 68 : Ce n’est que parce que leur ministère n’est pas un don du Saint Esprit, que les ministres sont ambassadeurs de Christ.

J’admets pleinement qu’il est parfaitement conséquent. À la fin de l’économie juive, les formes (telles que la sacrificature, etc.) et la puissance (Christ qui était sans forme) sont trouvées en opposition. Il en est de même maintenant ; la foi choisit la puissance et les choses éternelles ; l’incrédulité s’attache toujours aux formes. La réforme, précieuse sous tant de rapports, mêlait ensemble des choses qui étaient de Dieu et d’autres qui étaient de l’homme ; la manifestation de l’énergie du Saint Esprit les démêle. Ceux qui n’ont pas la foi pour s’appuyer sur Dieu tout seul, se jettent maintenant hardiment du côté des formes, et applaudissent à l’aveu que produit la franchise de la jeunesse, ou une certaine complaisance envers soi-même ; et, cet aveu, c’est que la puissance n’entre pas dans leur plan ; ils sont ministres, ou plutôt leurs ministres sont ambassadeurs de Christ, parce que leur Ministère n’est pas un don du Saint Esprit !

Est-il besoin d’en écrire davantage pour les âmes simples qui marchent dans la foi ? Non ; mais il ne manque malheureusement pas de gens qui cherchent à embrouiller les autres, ni de personnes qui s’attachant un peu à la lumière, un peu à leurs aises selon la chair, sont prêtes à tomber dans les pièges que des raisonnements d’homme peuvent leur tendre.

Je désire seulement que l’on fasse bien attention à ce qui en est. Dieu a permis que la chose soit dite hautement ; on ne peut plus s’y tromper. M. Wolff a parfaitement raison ; il faut nier l’existence et l’opération du Saint Esprit dans le Ministre, ou abandonner tout le système. Les choses se dessinent tous les jours davantage. Un aveu tel que celui dont il vient d’être question a été plus que je n’aurais osé espérer pour mettre les âmes au clair, et faire comprendre que, pour chacune d’elles, la vraie question est celle-ci : Est-ce que je crois que le Saint Esprit agit dans le Ministère, ou non ? Telle est la question qui s’élève entre nos frères et leurs adversaires, telle est la question qui agite la chrétienté. Nous verrons quelles sont les conséquences graves de cette question ; mais il est très évident que la position prise par ceux qui embrassent le système Wolff, c’est de nier l’opération du Saint Esprit dans le Ministère et de résister à son énergie là où il agit, et c’est ce que j’ai vu se dessiner toujours plus nettement.

 

2.2   Jugement de M. Wolff sur le système Rochat

J’ai dit que la brochure Wolff a pour but de maintenir ce qui existe et de s’opposer à nos frères. Il dit de M. Rochat : « Système scripturaire ». Cela est bon, parce que M. Rochat s’oppose aux frères et maintient plus ou moins un clergé, nommé par les hommes. Peu importe qui le nomme, comme le dit ailleurs M. Wolff, pourvu que ce soit les hommes et qu’il n’y ait pas de don.

Mais en même temps, quoiqu’il soit commode d’établir une unité d’opposition à nos frères pour maintenir un clergé nommé par les hommes, de quelque manière que ce soit, il faut, en un autre endroit de la brochure, détruire tout cela pour maintenir exactement le système du parti. Voici en quels termes M. Wolff, après avoir appelé le système de M. Rochat scripturaire (page 9), s’exprime au sujet de ce même système, page 37 de son ouvrage : « Il faut que j’ajoute ici qu’une élection d’Église telle que l’entend M. Rochat, ne peut s’accorder avec une vocation divine de l’évêque ». Et plus bas : « Si une Église, lorsqu’elle a besoin d’un pasteur, fait une votation ensuite de laquelle celui de ses membres qui a le plus de suffrages se trouve être évêque, cet évêque n’a reçu aucune vocation de Dieu ; il est établi au nom des hommes et par les hommes seuls. Ce résultat est inévitable ». Je dois donc, d’après M. Wolff, supposer très scripturaire, que celui qui est évêque sur le troupeau de Dieu, soit établi sans aucune vocation de Dieu. Peu importe. Il y a 37 pages entre ces deux phrases, et à chaque endroit ces sentiments contradictoires soutiennent ce qui existe dans son parti.

 

2.3   Exemple du même esprit au sujet des Évangélistes

Après avoir, pour soutenir le principe du clergé, assuré la distinction d’un évangéliste officiel, M. Wolff loue beaucoup (page 43) l’emploi de ceux qui n’ont pas cette charge par l’imposition des mains ; mais pourquoi ? C’est que « on les emploie aujourd’hui ». On ne devrait pas les appeler évangélistes, parce que « il faut distinguer soigneusement entre ce qui est une charge du Ministère et ce qui n’est qu’un témoignage rendu à l’Évangile prêché volontairement par un chrétien zélé et capable » (Page 13). Mais, hélas ! on les appelle ainsi. On peut donc toujours conserver ce titre, pourvu qu’on l’explique et que l’on évite une « confusion dangereuse pour l’Église », entre ceux qui font l’œuvre et ceux qui sont chargés par les hommes de la faire. Je dis : ceux qui font l’œuvre ; car il faut supposer que ces évangéliseurs ainsi approuvés sont envoyés de Dieu ! Aussi, de nos jours, en voyons-nous plusieurs envoyés par les hommes, mais « ils n’ont pas reçu d’imposition ». Toute l’affaire est donc de distinguer le clergé.

 

2.4   Autre exemple au sujet des Docteurs

De la page 45 à la 48ième, M. Wolff nie absolument l’existence de la charge de docteur dans l’Église. Mais il se réforme fort à propos (p. 49) en ajoutant ces mots : « Ce qui vient d’être dit sur le docteur, doit être considéré comme ne touchant en rien au grade de docteur en théologie que confèrent les universités ». On aurait de la peine à comprendre comment cela n’y touche pas. Si j’ai bien compris, ce docteur est une espèce de pasteur qui, par le moyen des étudiants, étend ses fonctions à une plus large portion du troupeau de Christ. — Mais c’en est assez de cette adulation de tout ce qui soutient les intérêts d’une classe, d’un parti, aux dépens de la foi, de l’action de l’Esprit, de la Parole et de la vérité

 

2.5   Sur la liaison prétendue des idées politiques et religieuses

La pensée de l’influence des idées politiques sur les idées religieuses est banale, quoique très propre à exercer une influence sur ceux qui sont, au fond, gouvernés par des motifs politiques d’une classe spéciale ; mais elle n’aura aucune prise sur ceux qui sont dirigés par le Saint Esprit et qui cherchent son enseignement dans la Parole.

L’idée, du reste, est très superficielle ; j’en prends note, parce que l’esprit de soumission et d’obéissance caractérise tellement le vrai chrétien, que des âmes sincères pourraient en être troublées ; et voici comment Satan cherche à profiter de l’esprit d’obéissance, afin de porter le chrétien à obéir à l’homme. Il n’y a personne qui ait un peu lu l’histoire, qui ne sache qu’il n’existe aucune accusation portée contre le mouvement religieux de nos jours qui n’ait été portée contre la réforme, et que tout mouvement de l’Esprit de Dieu, agissant, comme il le fait, sur la masse inerte qui le rend nécessaire, est traité par ceux qui aiment à dormir, ou du moins à rester sur leur lit, d’esprit d’innovation et de radicalisme. Tout homme qui affirme les droits de Dieu en présence de ceux qui sont en possession d’une autorité qui méprise ces droits, sera nécessairement à leurs yeux un despote et un radical.

C’est une vieille accusation et qui part toujours du mauvais côté. Quand Ponce-Pilate ne pouvait trouver aucune faute en Jésus, les sacrificateurs et les principaux insistaient d’autant plus, en disant : Il émeut le peuple, enseignant par toute la Judée, ayant commencé depuis la Galilée jusqu’ici. Que dit-on, à Philippes, contre Paul et Silas ? « Ces hommes, qui sont Juifs, troublent notre ville » (Act. 16:20). Et à Thessalonique ? « Ces gens, qui ont bouleversé toute la terre, sont aussi venus ici » (Act. 17:6).

J’engage les simples à ne s’inquiéter ni d’un principe politique ni d’aucun autre, mais à suivre en paix et avec fermeté le chemin où le Saint Esprit les conduit, marchant par la foi, se souvenant que ces accusations (de quelle manière précieuse la Parole pourvoit à tous les besoins des enfants de Dieu !) que ces accusations, dis-je, se trouvent toujours dans la Bible du côté des adversaires de la vérité.

D’ailleurs cette apparence de discernement et de profondeur philosophique n’est que l’esprit superficiel de l’incrédulité. Dieu a préparé dans tous les temps les circonstances convenables pour l’impulsion que donnerait son Esprit. Les circonstances étaient toutes préparées pour la réforme. Elles étaient également toutes préparées pour le christianisme. L’aveuglement de la philosophie ne voit que ces circonstances et ne discerne pas la puissance de Dieu qui agit en elles.

L’incrédulité est toujours la même ; mais ceux qui agissent par la foi savent très bien qu’ils sont conduits par toute autre chose que par les circonstances, et souvent, dans leur simplicité, ils ne savent pas que les circonstances les favorisent sauf par la promesse que toutes choses contribueront au bien de ceux qui aiment Dieu et qui sont appelés selon son propos arrêté, et ce ne sont pas là les plus faibles. S’il faut parler selon l’homme, je dis que, l’homme d’une idée fait ordinairement plus que celui qui sait philosopher sur tout. L’énergie de l’un et l’abstraction de l’autre qui juge de tout se rencontrent rarement.

Du reste l’application du principe assez ordinaire et assez vrai, que les chrétiens subissent en général plus ou moins hélas ! l’influence de ce qui les entoure, est assez mal faite. Quant aux frères que l’auteur attaque, il se trompe singulièrement ; car, en Angleterre, on les accuse au contraire d’être tous des aristocrates, et l’on accuse le système d’être fait pour des aristocrates mécontents du nationalisme. Ils sont considérés, par des philosophes, comme une réaction contre l’extrême démocratie des dissidents Anglais (*).

 

(*) En voici un spécimen : « Ce système a de grandes attractions naturelles ; il s’y trouve une atmosphère aristocratique, une espèce de climat de Madère qui convient aux poumons délicats de la bonne société, des Messieurs, des Dames, etc. »

 

Peu importe, pourvu que l’Esprit agisse, Dieu produit des effets de sa grâce et le monde les juge, passe outre et périt dans sa sagesse. Quelques chrétiens peut-être subissent aussi l’influence philosophique et systématisante du siècle. J’espère que nos frères l’éviteront comme ils évitent la politique. Les raisonnements scientifiques sur ce qui se passe ne sauvent pas les âmes et ne relèvent pas les chrétiens tombés. Nous sommes les serviteurs de Dieu, Dieu préparera et Dieu dirigera toutes les circonstances ; nous n’avons même pas besoin de nous en occuper, sauf pour y admirer la bonne main de notre Dieu. Notre part est de suivre l’impulsion du Saint Esprit et de nous guider par la Parole.

Le fait est que le principe démocratique et radical, c’est-à-dire la volonté de l’homme se trouvent dans le presbytérianisme et la dissidence (*). Le Saint Esprit, quand il agit, sait toucher à toutes les cordes de l’esprit humain et s’adapter à elles en grâce, en réservant à Dieu tous ses droits et toute sa souveraineté ; mais c’est Dieu seul qui sait faire cela. Il faut de la puissance.

La puissance et la grâce du Saint Esprit, voilà ce qu’il faut chercher, et n’être ni démocrate ni aristocrate, ni despote ; mais il faut être divin, et marcher selon le principe de la grâce de Christ en qui la souveraineté de Dieu et le cœur de l’homme s’unissent et sont en paix. Dieu ne veut pas que les choses marchent sans cela ; car elles marcheraient sans lui.

Examinons le contenu de la brochure.

 

(*) La chose est évidente ; le principe de la démocratie, c’est que l’homme a le droit de choisir ses magistrats, le peuple étant la source du pouvoir, quoiqu’il les choisisse selon certaines qualités dont il est le juge. C’est le principe du Ministère parmi les presbytériens et les dissidents. Ils ajoutent, d’une manière ou d’une autre, une certaine investiture pour l’exercice des fonctions. Celui qui insiste sur les dons de Dieu, est évidemment sur un tout autre terrain ; il n’est pas question de politique dans les dons qui viennent du ciel.

 

3                    Chapitre 1 [les dons et le ministère]

Résumé du chapitre : Où il affirme, tout en niant la continuation des dons, vouloir défendre le ministère contre les coups qu’on lui a portés, et contre les modifications de tout genre qu’on lui a voulu faire subir.

 

3.1   Introduction du livre

Dans l’introduction, l’auteur déclare que son objet est de défendre l’état primitif du ministère contre les modifications de tout genre qu’on a voulu lui faire subir. Souvenons-nous qu’en même temps l’auteur affirme que tous les dons ont absolument cessé d’exister. Voilà déjà ce qui est un peu fort.

Le ministère existe absolument sans modification ; mais tous les dons ont cessé d’exister. Comment donc le ministère put-il subsister sans modification ? Au temps des apôtres aussi bien qu’à présent les dons n’entraient pour rien dans le ministère.

Prenons la liste de dons préférée par M. Wolff lui-même, celle qui est donnée dans le chapitre 12 v. 28 de la première Épître aux Corinthiens. « Dieu a placé dans l’Église, premièrement des apôtres, secondement des prophètes, en troisième lieu des docteurs, ensuite des actes de puissance ; puis des grâces de guérisons, des secours, des administrations, diverses sortes de langues ».

Cette liste nomme des apôtres, des prophètes, des docteurs, des gouverneurs. Voilà évidemment des dons (χαρισματα), tout cela donc n’entrait pas du tout dans le ministère. Le prophète pouvait édifier, consoler, exhorter ; mais ce n’était pas un ministère. Que nous dit la parole de Dieu ? Nous y voyons que Dieu avait établi Paul dans le Ministère, 1 Tim. 1:12 ; et Paul dit de lui-même. Qui donc est Paul ? « sinon ministre » 1 Cor. 3:5. Il se rendait recommandable à Dieu en toute chose comme ministre, 2 Cor. 6:4. S’il a été fait, ministre de l’Évangile, selon le don, dit-il, de la grâce de Dieu qui m’a été donnée suivant l’efficace de sa puissance, Éph. 3:7, malgré tout cela, selon ce système, Paul, comme apôtre, n’était pas ministre de la parole. Au contraire « c’est, dit M. Wolff, p. 68, parce que son ministère n’était pas un don du Saint Esprit qu’il était ambassadeur de Christ ».

Que son ministère fût l’exercice de son don en responsabilité à Christ et non pas le don lui-même, c’est ce qui se comprend ; mais on aura, je pense, quelque peine à croire qu’en tout ce que l’apôtre dit de son ministère dans les passages cités, et en tant d’autres encore, il ne parle jamais de son apostolat et que celui-ci soit une chose tout à fait distincte ; il parlait de son ministère et non pas de son œuvre comme apôtre. Comprenez-vous cela, lecteurs ? Il n’y avait aucun rapport entre son ministère et son apostolat ; tellement que l’apostolat étant un don du Saint Esprit ne pouvait pas être un ministère. Que les ministres de Satan soient de faux apôtres (2 Cor. 11:13, 15), c’est égal, les vrais apôtres ne sont pas ministres de Christ ; il n’existe aucun rapport entre l’apostolat et le ministère.

L’auteur insiste, p. 67, sur le mot, don, déclare impossible qu’il soit uni à l’idée du Ministère, et base ses raisonnements là-dessus. Dans le passage cité ci-dessus, il y a grâce (χαρις) et non pas don (χαρισμα), mot sur lequel l’auteur insiste, p.70. Mais en 1 Pierre 4:10, nous lisons : « Que chacun selon le don (χαρισμα) qu’il a reçu, l’emploie pour le service des autres », littéralement : qu’il exerce son ministère (διακονουτες) comme bon dispensateur de la grâce variée (χαρις) de Dieu. Dans l’épître aux Romains, chap. 12, le ministère (διακονια), quand même on alléguerait que ce fut celui des tables, est appelé un don (χαρισμα), selon la grâce (χαρις) donnée.

Dans la seconde aux Corinthiens 3:7, il est si loin d’être vrai que la parole sépare le ministère, comme étant de Christ, des dons, comme étant du Saint Esprit, que le ministère de l’Évangile y est appelé : le ministère du Saint Esprit. Dans les Actes 1:17, l’apostolat est appelé : « ce Ministère ». Il en est de même au verset 25, où il est dit : « pour prendre part à ce ministère et apostolat ».

On objectera ici que le don d’apôtre n’était pas encore donné : c’est vrai ; le don était nécessaire pour l’accomplissement du Ministère. Mais l’apostolat qui est appelé Ministère ici, est appelé don (χαρισμα), 1 Cor. 12 ; de sorte que la distinction de don et de Ministère est complètement fausse ; à moins que l’auteur ne veuille que les apôtres exerçassent leur apostolat ou ministère sans don, en présence des paroles du Seigneur, qui leur a dit de rester à Jérusalem jusqu’à ce qu’ils fussent revêtus de la puissance d’en haut, c’est-à-dire, des dons pour ce ministère. Voyez aussi Actes 6:2, 4. ; 20:24 ; 21:19, etc. Rom. 11:13, où Paul dit : « Je parle à vous, Gentils, je rends honorable mon ministère ». Voyez 2 Cor. 4 ; 5 ; 6, et 1 Cor. 4.

Après ces citations, on n’a qu’à laisser à la confusion qu’elle mérite, la théorie qui pour justifier un ministère sans don a voulu affirmer que le ministère n’a subi aucune modification et nier tout rapport entre les dons et le Ministère du temps même des apôtres. Dans le cas des apôtres eux-mêmes, nous avons vu que cela est complètement faux, et qu’au lieu qu’il soit vrai que le ministre ne pouvait pas être ambassadeur de Christ si son ministère était un don du Saint Esprit, et que le Ministère s’exerçait sans don, la parole affirme au contraire que l’apostolat était un don (χαρισμα) et un Ministère (*) ; et que les apôtres ne pouvaient pas être ambassadeurs de Christ, c’est à dire, exercer leur ministère jusqu’à ce qu’ils fussent doués de la puissance d’en haut, c’est-à-dire qu’ils eussent reçu le Saint Esprit, le jour de la Pentecôte, ce que M. Wolff appelle lui-même d’une manière distinctive : les dons. Nous avons vu en même temps que saint Pierre étend ce principe à tout don quelconque, et que chacun, selon le don qu’il a reçu, doit exercer son ministère. M. Wolff applique ce passage à ce qui était proprement appelé don (p. 73).

 

(*) Oui, l’apostolat était un don et un ministère, et cela, faut-il le dire, selon M. Wolff lui-même (car ses contradictions sont un peu humiliantes). M. Wolff donne le passage 1 Cor. 12 comme une liste de dons qui exclut le Ministre, et l’apôtre et le prophète se trouvent dans celle liste. Il donne Éph. 4 comme une liste de ministères, et l’apôtre et le prophète s’y trouvent aussi (Brochure Wolff, p. 14 et 58 ; p. 71, no 5).

 

Nous avons un peu anticipé, mais c’est au fond le sujet tout entier. Nous avons été conduit à ce point par l’introduction elle-même. L’auteur y déclare que sa tâche est de montrer que le ministère n’a subi aucune modification ; et son système, pour le démontrer, est que le ministère s’exerce sans don et qu’il n’y a aucun rapport entre les dons et le ministère.

 

3.2   Du premier chapitre de M. Wolff, intitulé : Sacerdoce et Ministère

Je dirai peu de chose sur ce chapitre. Il n’est pas vrai que dans l’une et l’autre alliance le titre de sacrificateur soit donné à tous les fidèles. Il est singulier que l’opposition à la lumière se montre toujours unie au désir de rabaisser les privilèges distinctifs du christianisme. La nation d’Israël était appelée un royaume de sacrificateurs à cause de sa proximité de Dieu comme nation, mais sans distinguer les fidèles et les infidèles ; tandis que dans l’alliance actuelle les fidèles sont appelés sacrificateurs, à cause d’une proximité de Dieu dans les lieux célestes, proximité infiniment au-dessus de ce qui appartenait aux juifs et même de ce qui leur appartiendra pendant le millénium.

Quant au mot ministère, (διακονια) ce que M. Wolff en dit est entièrement inexact, c’est un échantillon de la manière dont on se sert de la Parole dans cette brochure.

Premièrement, quand il dit que ce mot se trouve employé en deux sens distincts : d’une manière générale pour tout ce qui est ministère extérieur administration, etc. ; puis d’une manière spéciale pour désigner un service spécial ; et lorsqu’il dit ensuite que « quand ce terme se trouve employé d’une manière absolue, il désigne toujours le ministère de la parole » ; (διακονια του λογου) tout cela est faux quoique commode pour le but qu’il se propose. Que veut-il dire par là : d’une manière spéciale et absolue en même temps ? Et si ce n’est pas son intention de placer l’emploi absolu sous la catégorie de spécial ; alors absolu et général deviennent la même chose ; et la contradiction est flagrante. Car comment se peut-il, comme le dit M. Wolff, que, quand il est employé d’une manière spéciale, il soit appelé ministère de la parole ; si toutes les fois qu’il est employé d’une manière absolue il signifie ministère de la parole ? Il est évident que l’une de ces phrases contredit l’autre ; l’une dit que, dans ce sens spécial, il est appelé ministère de la parole ; l’autre qu’il a ce sens quand il n’est pas appelé ainsi ; le fait est que : ministère de la parole (διακονια του λογου) ne se trouve qu’une seule fois. Et que, dans ce cas là, il est mis en contraste avec l’emploi absolu du mot dans le sens du service des tables, Actes 6:1-5. Tout ceci prouve que M. Wolff ne pense qu’à son système et pas du tout à l’emploi du mot dans la Bible, sauf pour en cueillir ce qui peut lui aller si l’on ne prend pas la peine d’examiner les choses pour soi-même.

Le mot διακονος est assez simple : c’est un domestique, un serviteur quelconque qui n’était pas proprement esclave ; διακονια un service quelconque. Il était naturel d’employer ce mot en parlant du service évangélique : mais le mot est employé dans le Nouveau Testament comme ailleurs, pour signifier service ; ce service pouvait être le ministère ou service de la parole, des tables, des anges, ou tout autre quelconque. Le mot est employé d’une manière absolue au sujet du service des anges, Héb. 1:14. En 2 Tim. 4:11, Marc m’est fort utile pour le ministère ; il ne paraît pas qu’il s’agisse simplement du ministère de la parole ; nous voyons l’emploi de ce mot διακονος par rapport à Marc ; lorsque Paul et Barnabas sont partis d’Antioche, ils avaient Marc pour ministre ; ce n’était pas pour leur prêcher, je pense. Peut-être avait-il acquis plus tard un bon degré dans le Ministère, un service plus honorable dans la famille. Quand Paul dit, 2 Cor. 11:8, qu’il a pris un salaire des autres églises pour leur service, il est évident que c’est dans un sens figuré tout absolu qu’il soit, et non pas ministère de la parole, comme tel. Il avait été serviteur des Corinthiens et d’autres avaient payé son salaire. En Rom. 12:7, nous avons le mot employé d’une manière absolue à côté et comme distingué de divers Ministères de la Parole ; en 1 Cor. 12:6, il est employé pour tous les services quelconques rendus à Christ. La seule fois qu’il est employé avec l’expression : la Parole, il a sa signification ordinaire modifiée par le mot Parole comme par tout autre. « Ce service s’occupait de cela » en contraste avec un service des tables. Mais le service des tables était autant un service spécial que celui de la Parole ; seulement évidemment moins élevé dans l’administration de la famille ; et le fait est que la seule fois que cette expression ministère de la Parole se trouve, le mot Ministère est employé d’une manière absolue (Act. 6:1) pour signifier service des tables ; et il est ainsi expliqué, vers. 2, puis au vers. 4 le ministère de la Parole est mis en contraste ; mais, il est ajouté, de la Parole, et ainsi ce mot n’est pas employé d’une manière absolue par rapport à la Parole, mais bien par rapport aux tables.

Il me paraît que c’est limiter la chose comme la Parole ne la limite pas, que de vouloir borner l’œuvre du ministère au ministère de la Parole ; par exemple, Éph. 4:12. Au reste c’est affirmer ce qu’il faudrait démontrer. Dans tous les cas, dans la plupart des passages, il n’en est pas ainsi, comme nous venons de le voir. Les anges n’ont pas le ministère de la Parole ; et le Ministère est mis en contraste avec celui de la Parole : Act. 6:1-5. Le fait est que ce que M. Wolff dit là-dessus est absolument faux et contraire à l’emploi ordinaire et connu de ce mot dans la parole et hors de la parole ; si nous faisons attention à l’emploi du mot διακονος, ministre, celui qui fait la διακονια, service, cela ressortira avec plus d’évidence encore. Pour le mot διακονος employé d’une manière absolue, l’on peut consulter Jean 2:5, 9, Matth. 22:13, 20:26, 23:11, et les passages parallèles, Jean 12:26. Cette idée de serviteur se modifie naturellement, (comme le mot de service διακονια ; voyez 2 Cor. 3) selon la personne dont on est le serviteur ou le service que l’on accomplit, l’on peut être ministre de Dieu, 2 Cor. 6:4, de l’évangile, Éph. 3:7, Col. 1:23, et de l’Église v. 25, etc. Le mot pris dans son emploi général prend son acception générale de serviteur, Rom. 16, (et ainsi Phil. 1:1), 1 Tim. 3:8, 12 ; en résumé le mot διακονια a le sens général de service et se modifie dans son application par des mots que l’on y ajoute : de la parole, Act. 6, de la mort, de la justice, de l’esprit, 2 Cor. 3. Il n’y a pas un passage qui montre que le sens absolu veuille dire ministère de la Parole, bien au contraire.

 

4                    Chapitre 2 [vocation au ministère]

4.1   Observations sur le chapitre second de M. Wolff, où il parle de la vocation au ministère

Il est vrai que le substantif vocation est appliqué à l’appel effectif de Dieu dans un sens général : (*) mais appelé (comme adjectif) est appliqué dans le même sens aux chrétiens et au Ministère. Dans le premier chapitre de l’épître aux Romains, on voit au verset premier que Paul apôtre, était appelé : et au verset 7 que les saints à Rome étaient appelés. Le même terme est appliqué à la vocation, à l’apostolat, et à la vocation au salut.

 

(*) Je dis dans un sens général, parce que la seule application dans ce sens est relative aux Juifs ; et il est tout à fait faux de dire que vocation κλησις signifie l’appel effectif. Ce mot signifie, comme en français, un appel, une vocation. Sans doute, Dieu appelle les élus (Rom. 8) ; mais il est si peu vrai que ce mot signifie l’appel effectif que Dieu adresse à tous ses élus, qu’il ne se trouve qu’une seule fois employé dans ce sens et neuf fois dans un sens plus général. Comme en français, le sens ordinaire de ce mot en grec exprime le caractère ou la condition que l’on est appelé à soutenir ou à embrasser, c’est à dire, la vocation. Les élus ont une vocation céleste ; les chrétiens doivent rester dans la vocation dans laquelle ils sont appelés. — Et, pour montrer avec quelle légèreté on use ici de la Parole, la seule fois que le mot est employé dans le sens d’appel selon les conseils immuables de Dieu, il s’applique à la nation juive ; c’est dans ce passage : « Les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance ». C’est un principe général quant à l’appel de Dieu ; mais, dans la Parole, ce mot n’est jamais appliqué à un appel intérieur et efficace dans le cœur. En général, quant au christianisme, ce mot est, comme verbe, mis en contraste avec l’élection ; ainsi, dans ce passage : « Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus », les élus sont appelés. — Voici, du reste, les passages ou ce mot se trouve : Rom. 11:29 ; — 1 Cor. 7:20 ; — Éph. 1:18 ; 4:1, 4 ; — Phil. 3:14 ; — Héb. 3:1 ; — 2 Tim. 1:9 ; — 1 Cor. 1:26 ; — 2 Thess. 1:11 ; — 2 Pierre 1:10.

 

Ce chapitre de M. Wolff nous présente tout ce qu’il y a de faux et de ridicule dans le principe de la brochure. Le Ministère s’exerce sans don ; telle est la thèse principale de M. Wolff. Ces deux choses, Ministère et don, sont entièrement distinctes : le Ministère, dit-il, tient au Seigneur Jésus, le don au Saint Esprit.

Cependant M. Wolff parle ici du Ministère du prophète, qui s’exerçait, il faut donc le supposer, sans don. C’était un singulier Ministère que celui de prophète sans don ; Ministère dont la vocation n’était que de Dieu seul. De sorte que, dans ce cas, on ne peut pas parler d’une vocation extérieure. On aurait bien de la peine à concevoir quel était le Ministère qu’un prophète exerçait sans don (*). Le cas est plus frappant que celui d’apôtre, parce que la prophétie n’était pas une charge variée comme celle d’apôtre ; le prophète ne faisait que prophétiser. De deux choses l’une ; selon le système Wolff : ou bien ils prophétisaient sans don, ou bien, exerçant un don, ce n’était plus un Ministère.

 

(*) Et il faut se souvenir que le Ministère en est « essentiellement différent (savoir des dons) par sa nature, son origine et son but » (Wolff page 66).

 

On aurait peut-être trouvé moyen d’échapper à cette contradiction, en se disant, comme j’ai voulu me le dire moi-même pour en trouver une explication : peut-être que les prophètes exerçaient leur ministère quand ils parlaient en consolation et en édification, et que c’était un don quand ils révélaient l’avenir. Mais non. Tout était don et don miraculeux ; car ce qui est dit dans le chapitre 14 de la première épître aux Corinthiens, sur l’édification par la prophétie, est cité par M. Wolff comme une preuve que la prophétie était un don miraculeux, dont les signes, lors de leur exercice, démontrent que toute prétention à sa possession maintenant n’est qu’une illusion (page 73, numéro 12). De sorte que, dans le cas d’un prophète, l’on était appelé à un ministère par Dieu seul ; mais alors, dans tous les cas, c’était un pur don et l’exercice de ce don n’est pas un Ministère du tout.

Tout ce que l’on peut dire sur une telle confusion, c’est que le but étant d’affermir ce qui existe, sans une vraie crainte de Dieu, les conséquences paraissent nécessairement si l’on consulte la Parole. Dieu n’a pas permis qu’il en fût autrement. Ici la contradiction est ridicule.

La division de la vocation au Ministère que M. Wolff établit n’est pas même exacte. Comme instrument, on pourrait recevoir sa vocation par le moyen d’un ange, aussi bien que par le moyen des hommes. Sous l’Ancien Testament c’était beaucoup plus le cas. Il y a quelque chose de semblable dans l’Apocalypse 1:1 : « Révélation de Jésus-Christ, que Dieu a donnée… en l’envoyant par son ange à Jean son serviteur ».

Nous avons donc à remarquer, sur ce chapitre, que la prophétie, qui était un pur don dans toutes ses parties, est reconnue être un ministère ; et que par conséquent le ministère était l’exercice d’un don, parce que le prophète exerçait son don lorsqu’il prophétisait ; et si ce n’était pas là son ministère, on a bien de la peine à savoir quel était son ministère comme prophète ; c’est une contradiction positive du chap. 15 (*).

 

(*) En un mot, selon M. Wolff, le prophète exerce un ministère qu’il a reçu immédiatement de Dieu, p. 14 et 50 ; — la prophétie est un don p. 71, mais le Ministère n’est pas l’exercice d’un don.

 

4.2   Encore une remarque sur ce chapitre

Quiconque est un peu familier avec la Parole de Dieu, aurait supposé qu’après avoir parlé d’apôtres et de prophètes, en venant à des évangélistes et à des docteurs, l’on aurait retrouvé la liste d’Éphésiens 4, ou du moins quelque autre tirée de la Parole de Dieu ; mais point du tout. Toutes sont abandonnées, parce que ce qui existe maintenant est le seul but que l’on ait ici en vue, et le train d’idées de la Parole est peu important. Ainsi, après les apôtres et les prophètes, nous avons les évêques, les évangélistes et les docteurs parce qu’il en existe, mais une telle énumération n’existe nulle part dans la Parole ; et l’évêque n’entre en aucune liste quelconque de toutes celles contenues dans la Parole de Dieu (*). Ceci déjà donne quelque chose de louche. Il faut abandonner la manière de penser et d’enseigner du Saint Esprit pour venir à bout de ce qu’on se propose, savoir, de faire entrer dans la liste ce qui ne s’y trouve jamais dans la Parole de Dieu, ce que la Parole n’y met jamais, et faire pour soi-même une liste tout autre que quelque liste que ce soit qui s’y trouve.

Je le répète, quand, pour soutenir un système, il faut ainsi abandonner la Parole de Dieu, cela seul est une chose fâcheuse.

 

(*) C’est une invention de M. Wolff pour appuyer son système et glissée furtivement ici pour qu’on la reçoive et s’y habitue sans y faire attention.

 

5                    Chapitre 3 [les noms d’évêque, ancien, pasteur]

[On rappelle que le mot évêque signifie «surveillant», ce que reprend la traduction JN Darby de la Bible actuelle]

 

Du troisième chapitre de M. Wolff sur les noms d’évêques, d’ancien et de pasteur

 

M. Wolff suppose premièrement qu’il y a un ministère d’évêque proprement dit ; mais il ne dit pas si c’est une administration générale ou un ministère de la Parole. Cependant, comme l’auteur emploie ici ce terme d’une manière absolue, et comme dans ce cas le mot « Ministère désigne toujours, selon lui (p. 13), le ministère de la Parole », il me semble que c’est dans ce dernier sens qu’on doit prendre ce qu’il appelle le ministère de l’évêque (*). Mais il pose tout ceci sans aucune preuve à la base de son système. M. Wolff termine son chapitre 2, en disant : « Nous traiterons d’abord de l’évêque », sans même dire où il trouve que, selon la Parole, ce soit un ministère. Dans ce cas, cette base fausse étant admise, il ne s’agit plus que de démontrer l’identité du mot évêque avec d’autres termes ; ceci parait simple, et l’on aurait de la peine à savoir pourquoi on met si vite ce point en avant. Mais effectivement, tout dans le système Wolff dépend de cette base.

 

(*) Je ne crois pas en effet que le ministère de l’évêque se borne au ministère de la Parole.

 

L’Apôtre avait dit : « Christ a donné les uns pour être apôtres, les autres pour être prophètes, les autres pour être évangélistes, les autres pour être pasteurs et docteurs ». Selon M. Wolff lui-même (p. 50), c’est une classification du Ministère, et il la donne avec d’autres à l’endroit cité. Mais l’évêque ne se trouve ni dans l’une ni dans l’autre de ces classifications, et, pour le système, la classification de Dieu ne suffit pas, il faut faire une classification exprès, omettre le pasteur de la liste de la Parole et y intercaler l’évêque, et puis, ce qui en est la conséquence, démontrer que pasteur et évêque est une même chose. Et pourquoi tout cela ? parce que en Éph. 4, les Ministères sont des dons donnés d’en haut, et qu’il faut se débarrasser du pasteur en tant que don donné d’en haut (*). Le pasteur est donc mis de côté et caché derrière l’évêque dont il n’est, dit M. Wolff, qu’un autre nom, une attribution, et l’évêque qui n’est pas dans la liste, l’évêque qui selon la Parole n’est pas un don, mais une charge, est soigneusement mis devant les yeux avec grand effort, pour démontrer que le pasteur n’est pas autre chose que l’évêque.

 

(*) La liste d’Éph. 4, est traitée comme une pure classification du Ministère. Page 50.

 

Pourquoi tant d’efforts pour changer ce qui est simple ? Christ est monté en haut et a donné des dons aux hommes : apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs. Pourquoi éviter si soigneusement le témoignage simple de la Parole ? C’est un mauvais signe, c’est plus qu’un mauvais signe. La Révélation de Dieu est d’autorité ; elle est parfaite, et l’on ne peut la changer sans introduire de l’erreur. Le pasteur est donné par le Saint Esprit dans la liste des dons (*). On ne peut pas faire d’Éph. 4:11, une classification de ministères, à l’exclusion des dons, en rayer le pasteur et y substituer l’évêque, sans trahir que l’on soutient une cause mauvaise basée sur autre chose que sur la Parole, une cause que ne peut pas supporter le témoignage de la Parole telle qu’elle nous est donnée de Dieu. On me dira : mais il n’est pas fait allusion à Éph. 4:11 ; on a fait une liste pour soi-même. D’abord, cela n’est pas vrai, c’est la liste d’Éph. 4:11, en y substituant l’évêque au pasteur. Et, lors même que ce serait une liste faite pour l’occasion, comment arrive-t-il que les listes et classifications que Dieu a données ne conviennent pas à nos adversaires, et qu’il leur en faille de nouvelles ? La raison en est simple, c’est que leur système n’est pas tiré de la Parole de Dieu (**). Ils voulaient en finir avec les dons, et le pasteur est un don donné d’en haut. Et pourquoi en finir avec les dons ? parce que, « prétendre à l’existence actuelle de ces dons, c’est établir à côté du ministère un pouvoir rival qui l’entrave » (Wolff, p. 69).

 

(*) Je sais très bien que le mot traduit par « dons » en Éph. 4, diffère de celui traduit par « dons » en 1 Cor. 12. Dans le traité sur le Ministère j’en ai montré la vraie différence. J’en parlerai plus tard dans celui-ci ; mais cela ne fait rien quant au changement introduit ici par M. Wolff.

 

(**) Il y a encore une autre confusion au sujet de cette liste : M. Wolff dit, page 47, numéro 5 et 11, que le nom de docteur ne désigne pas une charge particulière, mais une attribution des évangélistes et des évêques, et que (numéro 5) le terme de docteur comprend les deux charges d’évangéliste et d’évêque. Ainsi, selon le système Wolff, la liste que Dieu nous a donnée, Éph. 4, est toute erronée ; évêque remplace pasteur, ce mot n’étant, selon M. Wolff, p. 13, que l’expression idéale de ce que doit être un bon évêque, et le mot docteur embrassant tous les deux, évangéliste et évêque, p. 47, numéro 6. — Il est honteux de traiter ainsi la Parole de Dieu !

 

Voilà, selon ce système, un triste rôle que jouent les dons du Saint Esprit.

Mais on pourrait se dire : au temps des apôtres, il y avait, selon votre système (p. 77), des dons, et à côté de ces dons, un ministère entièrement distinct, il est vrai, mais qui subsistait en même temps (p. 69), qui n’était ni tué par leur moyen, ni « forcé à se jeter dans le despotisme clérical pour maintenir son rang et sa dignité ».

C’est une difficulté évidente. Voici comment on cherche à la lever : il y avait parmi ces dons (p. 77) « le don du discernement des esprits qui jugeait de ces dons et qui leur assignait leur importance et leur place ». Où tout cela se trouve-t-il dans la Parole ? « Le prophète devait y être soumis » ; et l’on ajoute (p. 74) : « à combien plus forte raison les autres dons ! » Tout cela est une invention de l’imagination de l’auteur.

L’Apôtre réglant l’ordre du service, dit : « que deux ou trois parlent », savoir, des prophètes « et que les autres jugent ». Pas un mot de celui qui discernait les esprits. L’Apôtre en donnait la règle comme pour tout l’arrangement de l’Église, et ceux qui parlaient agissaient selon ces directions.

L’idée de l’auteur est subversive de l’autorité apostolique. Celui qui discernait les esprits faisait ce qu’expriment ces mots mêmes, il jugeait si c’était par un démon ou par l’Esprit de vérité que quelqu’un parlait.

Ayant assis son système sur un principe faux, les conséquences et les erreurs qui en découlent sont sans fin.

L’auteur nous dit encore que la seule fois que ce mot de pasteur se trouve dans le Nouveau Testament, il se présente comme l’expression idéale de ce que doit être un bon évêque. Mais elle est bien embarrassante, cette « seule fois », c’est le passage que nous avons cité. Christ monté en haut a donné des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs. Voilà ce que Christ a donné. Dire comment ce mot de pasteur est l’expression idéale de ce que doit être un bon évêque, on ne le saurait ; mais l’auteur ne peut pas nier que le pastorat allié au doctorat ne soit un Ministère, à moins qu’un passage de la parole de Dieu ne doive pas faire foi. Comme « dans cette énumération des charges du Ministère, il n’est question ni de l’ancien ni de l’évêque, rien n’empêcherait d’attribuer cette dénomination à l’évêque » (p. 15). Quelle manière de raisonner ! Parce que Dieu n’a pas nommé une charge dans une liste de dons, un de ces dons doit être cette charge-là !

Le grand argument par lequel M. Wolff veut assimiler et confondre le pasteur donné d’en haut, Éph. 4:11, avec la charge d’évêque, charge à laquelle l’apôtre ou son délégué peut nommer, c’est qu’il est dit aux évêques d’Éphèse (Act. 20:17) : prenez « garde à vous-même et à tout ce troupeau sur lequel l’Esprit Saint vous a établis évêques, en paissant l’église de Dieu ».

Que l’évêque soit engagé à paître, je ne le nie pas ; mais de ce que un tel don est utile dans la charge d’évêque, il ne s’ensuit pas que tous ceux qui le possédaient fussent dans cette charge, et encore moins que la charge fût la même chose que le don. Je puis engager mon commis à bien écrire et à bien compter et il faut qu’il sache faire ces choses pour être commis ; mais il ne s’ensuit pas que tout écrivain et teneur de livre soit commis. Cette charge suppose une confiance qui s’étend à bien d’autres choses ; au maniement de l’argent et des marchandises, aux relations avec des acheteurs, etc. Ainsi un homme peut-être pasteur et manquer de bien des choses nécessaires à un évêque et ne jamais avoir été revêtu de cette charge. Un homme peut manquer d’autorité pour gouverner, de discernement pour surveiller, de gravité pour imposer aux esprits légers dans les détails de la vie ; de la connaissance personnelle des âmes, et en même temps être en état de paître avec un grand succès sans être revêtu de la charge d’évêque. Ce don là, celui de paître, peut, entre autres qualités, le rendre propre à la charge d’évêque ; mais une charge dont on est revêtu n’est pas un don donné par Christ monté en haut.

La fausseté et la futilité de ce raisonnement qui tend à justifier le changement que l’on a introduit dans la liste que Dieu nous a donnée sont démontrés par un passage semblable. C’est en Jean 21:15, 17, où il est dit à Pierre : « pais mes brebis, pais mes agneaux ». Veut-on dire qu’à cause de cette exhortation du Seigneur à saint Pierre, apôtre et évêque étaient la même chose. On a beau dire qu’il s’appela ancien. Il le fait bien comme touchant témoignage d’affection et d’humilité ; mais veut-on dire qu’apôtre et évêque sont la même chose ? Eh bien ! si la conséquence est évidemment fausse dans ce cas, elle l’est aussi dans l’autre qui est parfaitement semblable. Voy. aussi 1 Cor. 9:7, où saint Paul s’applique le mot paître. Il n’est jamais appelé ancien.

M. Wolff est d’ailleurs à cet égard en contradiction avec lui-même. Il dit (p. 14), « que les noms d’évêque, d’ancien et de pasteur se rapportent à une seule et même charge », et il dit au contraire (p. 15, point 4), que « la fonction de pasteur se rattache surtout à l’épiscopat », et il en donne pour preuve qu’un apôtre qui n’était pas évêque s’appelle co-ancien. C’est une très petite base pour nier qu’une chose appelée don par le Saint Esprit ne soit autre chose qu’une charge, dont il n’est pas question dans le passage. La dernière preuve que donne l’auteur, pour établir l’identité de pasteur et d’évêque, consiste à nier qu’il y ait un ministère particulier « de pasteur » (p. 16), mais seulement un ministère de quelqu’un qui était à la fois, pasteur et docteur ; et il en conclut que « le nom de pasteur n’est ici qu’une fonction entre plusieurs, attribuée à un seul et même ministère ».

Il faut toujours se souvenir qu’il n’est pas dit un mot de tout cela dans le passage qui nous présente une liste de dons et non pas de charges, de l’aveu même de M. Wolff, quoiqu’il se contredise. Je dis : de l’aveu de M. Wolff, parce qu’il admet que la vocation extérieure manquait au prophète qui par conséquent n’avait ni n’était une charge. Voici ce que j’admets : c’est que le grec suppose ici Éph. 4:11, le doctorat et le pastorat réunis ; mais voilà absolument tout ; et sans qu’il soit dit un seul mot d’attribution d’une charge. Je dis que doctorat et pastorat sont ici réunis, parce que une telle phraséologie ne suppose nullement la réunion de ces choses dans tous les cas ; elle montre seulement qu’elles sont réunies ensemble dans ce cas-ci. On en a une preuve des plus fortes dans l’expression, « Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ ». La forme grecque est exactement la même ; mais si ces choses ne peuvent jamais être attachées qu’à la même personne, le Fils alors n’est plus Dieu. Cette remarque renverse tout le raisonnement que M. Wolff fait ici de même que celui de la p. 47 de sa brochure. En voici encore un autre exemple qui s’applique directement au point en question. La même forme grecque se trouve en Éph. 2:20, où il est dit : « édifiés ensemble sur le fondement des apôtres et prophètes ». La forme est absolument la même et je peux lui appliquer la phrase de l’auteur (p. 47). « Ce n’est que par erreur ou par ignorance de la langue qu’on a pu voir dans apôtre et prophète deux ministres différents ». Mais chacun sait très bien qu’ils étaient différents, quoique réunis dans certains cas. De sorte que le raisonnement de l’auteur quant aux pasteurs et docteurs est faux, et selon son expression (p. 47) « Ce n’est que par erreur ou par ignorance de la langue qu’il a pu dire tout ce qu’il a dit ». Il a trouvé établie par les grammairiens grecs une règle que j’admets comme principe général, règle appliquée d’une manière très étendue par Middleton et un autre auteur anglais Veysey, mais particulièrement dans le fameux ouvrage de Middleton ; mais un peu de science dit-on est une chose dangereuse. M. Wolff n’a pas eu la patience de sonder pour lui-même l’application de la règle, et il l’a appliquée tout à fait à faux.

Le fait est que le système Wolff ne peut pas tenir devant Éph. 4. Ce chapitre, pour son système, est une classification des ministères ; mais pour cela il faut introduire l’évêque. De l’autre côté pour ne pas parler des apôtres, les prophètes qui s’y trouvent mentionnés sont pour lui un don, et un don extraordinaire ; de sorte qu’il faut élaguer les prophètes et puis rayer les pasteurs de cette classification des ministères pour les remplacer par des évêques ; après avoir fait cela, il reste des docteurs encore qui ne sont pas un ministère ; de sorte que ce titre aussi doit être éliminé et considéré comme une qualification des pasteurs et des évangélistes. Voici le procédé : il dispose facilement des apôtres et des prophètes ; ce sont des ministères établis de Dieu seul. C’est vite dit : mais des dons, ils ne peuvent pas l’être ; ce sont des ministères ; mais enfin il ne veut pas les considérer ; en effet ce serait un peu incommode puisqu’il est forcé d’en faire des dons ailleurs ; pour les pasteurs cela est facile ; les évêques sont employés à paître, donc pasteur et évêque sont la même chose, on mettra évêque au lieu de pasteur ; et nous avons maintenant deux parties du système de nos jours : des évangélistes et des évêques ou pasteurs ; mais il reste encore des docteurs sur la liste ; et ce n’est pas là un titre ministériel aujourd’hui. Eh bien ! il faut couper le nœud gordien ; ce ne sera ni don, ni ministère, mais une qualification de l’évangéliste et du pasteur. Et voilà la révélation de Dieu réduite à la mesure de la volonté et du péché de l’homme, et l’homme en sera content.

En définitive, évêque selon M. Wolff, était une charge et non pas un don, et ce sont selon lui deux choses essentiellement différentes : un don ne peut pas même être une charge et la charge peut exister sans don (p. 67) ; mais il est très certain que pasteur est un don ; dans le passage, Éph. 4:11, l’apôtre nous parle de dons (δοματα) que Christ a donnés quand il est monté en haut. C’est évidemment une manière de placer les dons sous le point de vue le plus important. Christ, pour le bien de son Église et pour le perfectionnement de ses saints, a donné ces dons quand il est monté dans la gloire auprès de son Père. Il n’est question ici d’aucune intervention d’homme pour conférer une charge, ce sont des choses d’en haut qui doivent être exercées pour le bien de l’Église. Il s’agit du corps de Christ et des jointures dans ce corps ; jointures dont l’une peut être plus importante que l’autre, mais qui toutes sont envisagées sous un même point de vue. « À chacun est donné grâce ». Il s’agit ici non d’une charge conférée par les hommes, mais d’une grâce donnée selon la mesure du don gratuit de Christ.

Est-il possible d’être plus simple ou plus clair sur la nature de ce que c’est ?

Maintenant M. Wolff admet que pour les uns il n’y a en effet aucune vocation extérieure ; il ne peut le nier ; mais n’aperçoit-il pas que tous sont absolument ici dans la même catégorie et compris dans la même définition ? Et c’est pour ce seul cas qu’il veut substituer une charge ; mais le passage les donne tous comme étant de la même nature et dans le même cas et le même ordre moral. C’est tordre la Parole pour soustraire un de ces « dons » pour lui attacher un autre caractère et en changer la nature. La réponse est : αυτος εδιωκε, il donna : c’est un don. Pourquoi faire violence pour en faire une charge sous un autre nom ? De plus, ces dons, pasteurs et autres, sont placés dans le corps comme jointures selon le don de Christ à chacun. Cela n’est jamais dit de l’évêque, qui effectivement était une charge et non pas un don comme M. Wolff les distingue.

Les évêques et non pas un évêque, car il y en avait toujours plusieurs, étaient des charges locales qui n’agissaient que dans l’enceinte de l’Église particulière où elles se trouvaient. L’évêque n’était pas un don ni une jointure dans le corps selon la mesure du don de Christ, mais une charge locale pour laquelle la capacité de paître était convenable entre plusieurs autres.

Le pasteur était un don (δομα), une grâce (χαρις) ; il était donné d’en haut comme jointure dans ce corps, il devait agir selon la mesure du don gratuit de Christ, qui lui avait été départi.

Le pasteur n’est jamais présenté comme une charge établie par les hommes, quoique les évêques qui étaient selon Dieu établis par les hommes, dans un but spécial de surveillance locale, aient pu jouir de ce don et en user dans leur localité. Ces choses se lient par un bout, comme l’autorité conférée aux apôtres par Christ se liait à ce qui leur avait été donné ; et le don les rendait capables d’exercer cette autorité. Car l’apôtre, quoique directement de Dieu, était aussi une charge, et cela, on peut le dire, de la part de Christ homme, agissant avec autorité dans le gouvernement de l’Église ; et les charges d’autorité découlaient de cela.

Le pasteur est un don dans le corps, l’évêque une charge dans une Église particulière.

Si l’on demande pourquoi je crois cela, je le répète, parce que Dieu le dit en tout autant de termes dans la Parole, et cela de la manière la plus simple et la plus claire. De sorte qu’il faut changer les listes que Dieu nous donne, supprimer le fait que le passage Éph. 4:11 est une liste de dons, et tomber dans les contradictions (*) les plus grossières entre ministres, charges et dons pour pouvoir en sortir.

 

(*) M.Wolff appelle les fonctions qui se trouvent dans Éph. 4:11, « des ministères », entre autres la prophétie ; et il dit que le Ministère s’exerce sans dons. Il affirme, p 70, que la prophétie est un don et qu’elle n’existe plus parce que c’est un don. Nous avons vu que cette contradiction est cachée très adroitement par l’avertissement que les apôtres et les prophètes étant reconnus pour être de Dieu seul, il n’en dira rien.

 

L’apôtre applique par comparaison le mot paître à son propre ministère, ainsi 1 Cor. 9:7.

Selon Dieu, donc, l’évêque est une charge locale établie par les hommes (selon la direction de Dieu par le Saint Esprit sans doute), Actes 13:23, Tite 1:5, et l’évêque doit posséder diverses qualités énumérées dans la Parole ; il y en avait plusieurs en chaque Église.

Le pasteur au contraire est un don (δομα, χαρις) donné par Christ quand il est monté en haut. Le pasteur est placé comme jointure dans le corps de Christ, il est par conséquent responsable de l’exercice de cette fonction comme d’un talent qui lui a été confié, Éph. 4:11 : malheur au pasteur qui ne paît pas.

L’évêque peut-être appelé à paître et à enseigner aussi comme qualité de sa charge. Je ne doute pas historiquement que comme l’homme a toujours plus éclipsé l’action de l’Esprit de Dieu dans l’Église, le don se soit peu à peu perdu dans la charge, mais cela ne change rien à la Parole ; et nous vivons dans des temps où il faut en venir à la Parole ou au papisme.

Si l’on veut savoir l’histoire des pasteurs locaux, la voici : au commencement (et cela même jusqu’à des temps assez modernes dans certaines contrées) les prêtres ou anciens, car c’est le même mot, de la ville centrale où ils se trouvaient, allaient visiter les villages d’alentour, y faire le service et édifier les fidèles. Peu à peu les villageois désiraient que l’un d’entre ces prêtres s’établît auprès d’eux, cela avait lieu et c’était une paroisse. De la même source est sortie l’origine du patronage, ou droit de nomination au moyen-âge. Le seigneur de l’endroit s’engageait à doter le prêtre s’il s’établissait auprès de lui dans son village. Le droit de choisir le prêtre était alors accordé au seigneur, et, à l’imitation des juifs, des dîmes étaient accordées. Ceux qui ont suivi la marche d’un troupeau séparé dans une grande ville, comprendront sans difficulté comment les villages étaient desservis et le progrès naturel de l’établissement des paroisses, le troupeau de village désirant avoir dans son sein un ministre établi. Les lois ecclésiastiques, les lois féodales et d’autres circonstances modifiaient sans doute beaucoup tout cela ; mais historiquement la marche en est très évidente. Cela ne change en rien pour nous la vérité qui se trouve dans la Parole, ni ne modifie nullement le devoir de reconnaître ce qui s’y trouve, les voies de Dieu qui y sont déclarées, et d’abandonner, si Dieu nous donne la lumière, la tradition des hommes. La corruption croissante de ce qui s’attache à ces traditions demande impérieusement que les fidèles soient décidés sous ce rapport, s’ils veulent être sauvés ou au moins ne pas être sauvés comme à travers le feu. C’est une triste préoccupation que de s’attacher au foin et au chaume que l’on a bâti sur le fondement qui est Christ.

 

6                    Chapitre 4 [place de l’évêque / pasteur dans trois sortes de systèmes]

Du chapitre 4 de M. Wolff touchant les différents systèmes sur la vocation de l’évêque

 

Dans tout le reste de la brochure il faut s’attendre à trouver l’évêque et le pasteur confondus, ce qui produira beaucoup de difficultés ; mais essayons de nous tirer d’affaire.

« L’évêque, dit M. Wolff, ne peut évidemment recevoir sa vocation que de Dieu, ou de l’homme, ou des deux ensemble. De là trois systèmes différents ».

 

Dans le premier système, dit M. Wolff, le pasteur tient son ministère de Dieu seul, « les hommes ne doivent intervenir en aucune manière ; c’est le système des Quakers, des Irvingiens et des frères dits de Plymouth ».

Tout ici est faux,

(1) les Quakers ont des anciens qui forment une classe à part et qui s’adjoignent telle autre personne grave pour être ancien avec eux, moyennant le consentement de l’assemblée. Ceux qui parlent et paissent peuvent être ou n’être pas anciens. Les ministres mêmes (car les Quakers aussi distinguent les anciens et les ministres) sont reconnus par les anciens après un certain temps d’épreuve de leurs dons, et ils restent toujours assujettis au jugement des anciens.

(2) Les Irvingiens ont un ange, espèce de pasteur en chef et six anciens de plus quand ils sont en règle. Tous sont établis par les hommes, savoir par leurs apôtres et ils tiennent à cela comme les papistes.

(3) Les frères que l’auteur nomme de Plymouth (autant que j’ose prononcer pour eux) croient que l’évêque ayant été établi par les apôtres, ne peut pas être établi aujourd’hui avec la même autorité formelle. Ils laissent le pasteur où Dieu l’a placé, c’est à dire comme un don donné par Christ quand il est monté en haut et qu’il a reçu des dons pour les hommes.

 

Dans le deuxième système, dit M. Wolff, l’évêque tient son ministère des hommes seuls, et il attribue ce système à Limborgh et à Néander. Quant à Limborgh, je ne le connais pas. Quant à Néander, sauf la nomination directe par les hommes, il est tout de bon ce que l’on appelle un Plymouthien ; c’est pourquoi M. Wolff dit de lui, p. 9 : « théorie neuve, originale, tout à fait dénuée de preuves ».

 

Dans le troisième système, que M. Wolff appelle mixte, « l’évêque reçoit sa charge par une double vocation de Dieu et des hommes ».

Quant à ce point ou à ce système, il faut toujours se souvenir que le système ecclésiastique de l’Église Réformée de France, etc., distingue l’évêque ou surveillant et le pasteur, de sorte que, ce que dit l’auteur n’est pas du tout le système de Calvin ; système basé sur ce que le don ordinaire de pasteur qui est distinct de l’évêque subsiste encore : Selon Calvin pour que l’Église existe, il est absolument nécessaire qu’il y ait aujourd’hui des dons. Et M. Wolff dit au contraire p. 78 : « S’il y a des dons aujourd’hui, qu’ils ne soient pas au complet, le Ministère ne peut plus se soutenir dans l’Église ».

Il va plus loin encore : cette doctrine de Calvin, (*) dit-il, « est une des principales plaies de l’Église, toute Église où elle sera admise ne sera qu’un volcan, p. 70 ». Si un Ministre croit aux dons, M. Wolff lui conseille d’abdiquer sa charge. « Il n’est, dit-il, p. 77, plus permis aujourd’hui à un Ministre de rester dans le vague à cet égard ».

 

(*) Nous disons : cette doctrine de Calvin (savoir, qu’il doit y avoir des dons), parce que, dans le système de Calvin il y a des dons reconnus ; mais M. Wolff, sans nommer Calvin, juge le système de ce serviteur de Dieu en ces mots : « Vouloir établir les dons sans le miracle, c’est les parodier ». Page 69.

 

Enfin après avoir détruit toutes les bases scripturaires du système de Calvin dans le désir de confondre ceux qui dans leur faiblesse s’appuient sur Dieu et la Parole, l’auteur procède à établir ce dernier système, qui est le sien. Mais quel acharnement d’opposition cette brochure ne manifeste-t-elle pas ? Pour se débarrasser de l’activité des frères, leurs adversaires trouvent à propos même de miner toute leur propre maison. Aussi aveugle que Samson, sans en avoir la force, ils font crouler la maison sur leurs propres têtes sans toucher ceux qu’ils voudraient détruire. Ceux-ci, instruits par la Parole de la ruine qui doit arriver, en sont déjà sortis.

 

7                    Chapitre 5 [l’évêque / pasteur établi de Dieu ?]

Du chapitre 5 de M. Wolff, où l’auteur montre que l’évêque est établi de Dieu

 

En général je suis d’accord avec l’auteur que l’évêque était établi de Dieu.

Mais nous avons à faire remarquer la confusion entre pasteur et évêque, confusion ensuite de laquelle la plupart des passages qu’il allègue sont mal cités. Le passage Hébr. 13:17 : « Obéissez à vos conducteurs », ne parle pas en particulier des pasteurs, mais en général des conducteurs, mot qui du reste ne démontre pas qu’il y ait eu une charge. Aussi n’est-il nullement dit qu’ils doivent rendre compte à Dieu des âmes qu’ils paissent, Dieu les leur ayant confiées. Ils veillent sur les âmes comme ceux qui doivent rendre compte. L’on a souvent remarqué que « qui doivent en rendre compte » n’est pas une traduction fidèle.

Nous avons déjà considéré le passage Éph. 4:11, l’évêque n’y est pas nommé.

Actes 20:28 : Ce passage est très clair pour démontrer que les évêques à Éphèse, et par conséquent ailleurs étaient établis de Dieu ; mais de même ici il y a une confusion dont l’importance est assez grande.

L’auteur veut que, parce que le mot (εθετο), établi, est employé en Actes 20 et 1 Cor. 12, l’établissement soit le même dans les deux cas. Mais il ne s’est pas aperçu que, dans le premier de ces passages, il est question d’établir certaines personnes dans une charge, et, dans le second, d’établir la charge, la fonction elle-même. Autre chose est d’établir un professorat dans une université et de le doter, autre chose de placer ou d’établir un individu dans la fonction de recteur dans la même académie. Dans le passage, Actes 20, Dieu avait établi ou placé certaines personnes dans la charge d’évêque, et, dans 1 Cor. 12, Dieu avait établi dans l’Église certains dons, certaines jointures ou membres du corps. Il a fait le corps ainsi. De sorte qu’il n’y a aucune analogie entre le sens des deux passages.

Aussi l’auteur n’a cité aucun passage qui parle d’un appel immédiat ou intérieur ; il y a de la part de Dieu, nomination de certaines personnes ; mais cela n’est pas un appel intérieur. Ce que l’auteur nous donne, ce ne sont que des raisonnements qui n’aboutissent pas à grand chose. Un seul passage affirme que le Saint Esprit avait placé certaines personnes dans la charge de surveillant, ce que j’admets pleinement ; mais il n’est pas dit qu’il y eut appel intérieur ; et j’observe qu’il n’est pas même dit que Dieu ait établi des évêques dans son Église cela n’est dit nulle part. Nulle part il n’est dit non plus, que Dieu, selon cette puissance qui crée et qui ordonne, ait mis une telle fonction dans le corps. Cela est dit des dons en les comparant à l’œil, à l’oreille, etc., que Dieu a mis dans le corps naturel. Quand il a placé certains individus dans une telle charge, c’était, dans ce cas là, sanctionner l’existence de cette charge ; mais la Parole de Dieu ne va pas jusqu’au point de dire que Dieu avait établi la charge elle-même ; une charge n’est pas de la nature d’une fonction dans le corps. Le fait est que l’évêque était un gouvernement local ; ce n’était pas une impulsion du Saint Esprit qui agissait en don ; c’était une charge à laquelle on était nommé. Le Saint Esprit avait établi certaines personnes dans cette charge. Et voici l’importance de cette remarque, ce n’était pas une chose qui existât dans l’individu qui agissait de telle ou telle manière ; c’était une charge extérieure à soi que l’on pouvait désirer et pour laquelle certaine qualité était nécessaire ; ainsi, on pouvait être nommé pour cette charge, et la vocation de Dieu n’était pas dans ce cas-ci, sa puissance agissant en don ; puissance qu’il avait distribuée, que le Saint Esprit avait distribuée ; mais cette vocation était uniquement la nomination de la part de Dieu d’un individu à la charge en question et son établissement dans cette charge. Ainsi, quand il s’agit d’une charge, nous avons la seule vraie vocation de Dieu : savoir sa nomination de l’individu. Le Saint Esprit établissait dans cette place, dans cette fonction ; il n’établissait pas la fonction elle-même, sauf par l’acte de nomination de l’individu. Il va sans dire que le Saint Esprit nommait des personnes ayant des qualités convenables.

Ce que nous avons donc à chercher, c’est comment Dieu a établi ces évêques. C’est ainsi que nous découvrirons ce que c’est que cette vocation reçue de Dieu.

Nous avons de cela des exemples très clairs dans la Parole. Un homme n’est pas établi de Dieu dans une charge par une qualité seulement ; cela peut être le rend propre pour la charge ; mais, comme M. Wolff le dit, il faut qu’il soit régulièrement installé dans cette charge ; il n’est pas évêque, il n’est pas établi évêque ni de Dieu ni des hommes, avant cela, quelles que soient d’ailleurs ses qualités. Eh bien ! Christ a nommé et envoyé les douze auxquels il a donné plus tard, après son ascension, des dons nécessaires pour la charge d’apôtre, comme il avait donné, pendant sa vie, ce qui était nécessaire pour en faire les messagers de sa gloire de Messie ici bas. Mais il les avait nommés à sa place. L’apôtre Paul, spécialement chargé d’une telle fonction, a nommé des anciens pour le gouvernement, la surveillance de chaque Église. Il a envoyé Tite muni de son autorité pour faire la même chose en Crète : ainsi au moins, Dieu les a établis. C’est tout ce que la Parole renferme de positif là-dessus. Est-ce que je pense que l’autorité de Dieu y manquait ? Nullement, je dis que Dieu avait établi ces évêques selon l’autorité conférée à saint Paul par le Seigneur ; autorité qu’il exerçait par la puissance du Saint Esprit, comme il le dit dans une autre occasion : « quand vous serez tous réunis avec mon esprit et la puissance du Seigneur Jésus-Christ ». Le Saint Esprit avait établi les anciens par son moyen.

Quoiqu’il en soit du moyen, ce que nous trouvons dans la Bible et ce que je demande par conséquent, c’est que le Saint Esprit établisse les personnes dans ces charges ; car ne venez pas nous dire que le Saint Esprit a établi la charge et qu’il faut la continuer ; ce n’est pas ce que dit la Parole de Dieu. Elle dit que le Saint Esprit a établi les personnes qui en étaient revêtues dans la charge en question. C’est ce que je demande dans ceux qui prétendent en être revêtus maintenant. Si le seul fait de s’y trouver suffisait sans demander qui a placé ces personnes dans cette charge, ce fait suffirait aussi bien pour les prêtres de Rome que pour les autres ; ils seraient établis par l’autorité de Dieu, par le Saint Esprit ; et il faudrait les reconnaître ; ce serait le papisme tout pur dans son vrai principe, savoir l’autorité de Dieu attachée à l’homme sans preuve — l’autorité du Saint Esprit reconnue à la possession d’une charge, et non pas la légitimité de la possession jugée par la démonstration de l’autorité du Saint Esprit.

Voilà ce qui regarde l’établissement de l’évêque par Dieu lui-même.

Je demande maintenant que l’on prouve l’établissement de l’individu dans la charge de la part de Dieu. Dans le cas d’un don, ce n’est plus la même chose ; car il se démontre lui-même ; mais une charge d’autorité a besoin d’être légitimée. On n’a pas droit de dire que le Saint Esprit établissait des évêques. Le Saint Esprit établissait certaines personnes évêques. Montrez-moi cela et je serai content, mais c’est là votre tâche.

M. Wolff reconnaît (p. 37) que le choix de l’Église exclut la vocation de Dieu. Mais pour être conséquent il faut me montrer quelqu’un établi par une intervention sensible du Saint Esprit (sans cela le choix de tout autre l’exclut également), mais c’est une prétention que l’on n’a pas : ou bien quelqu’un établi selon la Parole par des autorités supérieures. Mais dans la Parole cela ne se trouve attribué qu’aux apôtres et à leurs délégués.

Si l’on objecte qu’il est écrit : « Obéissez à vos conducteurs, car ils veillent sur vos âmes ; et connaissez ceux qui travaillent au milieu de vous » (*) ; je réponds : j’y consens, et je fais plus que d’y consentir, car la Parole de Dieu n’a pas besoin du consentement de l’homme. Que Dieu pousse tous ses enfants à le faire ; voilà ma prière.

 

(*) Ce passage ne prouve pas que l’Église ait reconnu ceux qui avaient travaillé, mais bien le contraire ; car il n’y aurait pas eu besoin de prendre connaissance de ceux qui travaillaient, s’ils avaient été publiquement et officiellement reconnus par l’Église. Cela aurait été une exhortation tout à fait déplacée.

 

Je bénis Dieu de ce qu’il y a, dans sa Parole, provision pour des temps où le désordre empêche que tout se légitime extérieurement. Le cœur de l’homme y est mis à l’épreuve d’une manière précieuse. Les humbles discerneront tout ce qui est de Dieu et s’y soumettront ; la chair se révoltera contre tout. Mais quand, en employant la phrase : « le Saint Esprit a établi », on veut m’imposer ce que l’homme a établi et arrêter un ordre de choses comme obligatoire, dans des circonstances où Dieu demande patience et humiliation, j’exige qu’on donne ses preuves. Une telle prétention doit être légitimée sinon je déshonore le Saint Esprit, dont on introduit l’autorité et le nom pour soutenir ce qui n’est que de l’homme, ce qui n’est qu’une autorité, un Ministère sans don. Mais il faut, et c’est le moins qu’on puisse exiger, qu’une autorité sans don fournisse des preuves très claires, qu’elle est établie par le Saint Esprit, avant qu’on puisse lui reconnaître une telle autorité. C’est ce que je n’ai pas vu encore. Et quand cette prétendue autorité est employée pour entraver l’activité d’amour ou pour s’arroger le droit de la régler comme d’office et nier tout don quelconque, cela devient sérieux. Est-il de Dieu ? et cette question est très grave.

Mais voilà quelqu’un qui désire cette charge ; qui a toutes les qualités voulues par la Parole ; qui y est béni de Dieu ; pour mon compte je l’appuierais de toute ma force, et d’autant plus qu’il ne peut légitimer sa vocation d’une manière extérieure, ni dire le Saint Esprit m’a établi, en en appelant à la preuve. Mais qu’il reste sincèrement dans cette position de faiblesse reconnue, parce qu’alors nous nous appuierons tous les deux sur Dieu, et la force de Dieu sera là. Si, d’un autre côté, j’ai travaillé dans un endroit ; si Dieu m’y a béni ; s’il a rassemblé bien des âmes, s’il a suscité lui-même de vrais évêques, qui coopèrent, qui aident, qui enseignent, qui veillent sur les âmes, et que je m’en aille travailler ailleurs, aurais-je quelque scrupule à les engager, à les conjurer par les entrailles de Christ, à veiller sur les âmes que dans cet endroit Dieu m’avait données pour mon salaire ? Si j’aime les âmes, si j’aime Christ et si je suis animé du Saint Esprit, je ne pourrais pas agir autrement. Si ces mêmes personnes cherchaient à se placer dans une position où il s’agirait d’un droit, toute l’œuvre d’amour serait détruite de fond en comble.

Celui qui ne peut pas sentir la différence entre une telle conduite et le fait d’insister sur un Ministère sans don, je le plains.

Souvenons-nous aussi que les anciens, dont il y avait toujours plusieurs d’établis dans chaque Église « à côté des dons », sont tout autre chose qu’un jeune homme qui sort d’une académie, ayant peut-être des talents naturels, peut-être de la piété, mais pas une seule des qualités demandées par la Parole de Dieu pour les anciens ; les anciens que dépeint la Parole sont tout autre chose que les jeunes ministres que nous présente M. Wolff dans ce triste tableau dans lequel il en résume les traits en disant : « Avec études — tous prêchent sans dons ». Voyez la dernière page de sa brochure.

Reconnaître un ouvrier selon son don, dans son champ de travail, c’est un devoir positif ; celui qui ne le fera pas en souffrira. C’est ce que dans leur prétention à diriger l’œuvre, les sociétés religieuses ne font pas. Elles respectent des ministres qu’elles savent n’être pas établis de Dieu ; elles laissent souvent les âmes et leur propre œuvre passer dans un système qu’elles croient n’être pas de Dieu et elles s’opposent à tout vrai ouvrier qui ne leur est pas soumis.

 

8                    Chapitre 6

Du chapitre 6 de M. Wolff sur la vocation humaine de l’évêque

 

M. Wolff montre dans ce chapitre que les évêques étaient établis par des ministres.

Je n’ai rien à ajouter à ce que j’ai déjà dit, sauf qu’il est très commode de parler d’évêques établis par des ministres parce que nous avons des ministres, maintenant ; tandis que la Parole de Dieu ne parle que d’anciens établis par des apôtres et leurs délégués. Donnez-nous donc pour l’établissement des anciens, des apôtres ou leurs délégués.

 

9                    Chapitre 7 [élection de l’évêque par le troupeau]

Du chapitre 7 de M. Wolff concernant l’élection de l’évêque par le troupeau

 

Ici l’auteur m’épargne aussi la peine de dire grand chose. Il désire, au commencement du chapitre, que le troupeau intervienne dans la nomination du pasteur et que les ministres aient le droit de le présenter ; il expose tout cela sans s’inquiéter beaucoup de voir ce qui en est dans la Parole.

Tout le système qui veut nommer ainsi des pasteurs est tellement en dehors de tout ce qui se trouve dans la Parole, que je n’ai rien à dire à ce sujet. J’ai déjà expliqué l’origine historique de cette habitude. Les troupeaux que l’on a en vue étant de fait inconvertis pour la plupart, j’ai d’autant moins besoin d’en parler. « Nous ne pouvons qu’approuver un semblable usage (p. 20) ». Il serait commode de se soustraire au gouvernement et aux consistoires, et de suivre l’influence libérale du siècle. Tout cela est en dehors de ma tâche. J’ai déjà discuté le sujet de tout le reste du chapitre dans le même sens que M. Wolff (*).

 

(*) Voyez : Remarques sur l’état de l’Église, servant de réponse à M. Rochat (p. 52-61).

 

10               Chapitre 8 [imposition des mains et consécration]

Du chapitre 8 de M. Wolff, concernant l’imposition des mains

 

M. Wolff avance dans ce chapitre qu’il y avait dans l’Église apostolique deux impositions des mains : l’une miraculeuse, qui communiquait des dons extraordinaires ; l’autre ordinaire et sans miracle, qui était conférée par tous les ministres.

Je suis aussi d’accord avec l’idée générale de ce chapitre, savoir, qu’il y avait une imposition des mains des apôtres qui leur était propre et qui, en général, distinguait l’apôtre. J’ai écrit et même agi, il y a déjà longtemps, en faisant cette distinction.

Mais il y a, dans ce chapitre de M. Wolff, des idées qui demandent une discussion, non seulement à cause de leur importance, mais aussi parce que ces idées roulent sur des sujets à regard desquels M. Wolff, tout en ayant saisi certaines vues que les frères auxquels il s’oppose possèdent depuis longtemps, est néanmoins tombé dans la confusion d’où ces vérités auraient dû le faire sortir. Il est consolant, toutefois, d’avoir au moins un terrain où il y ait quelque lumière dans l’intelligence et sur laquelle des raisonnements scripturaires puissent avoir prise.

Quand j’ai dit que M. Wolff a saisi certaines vues que les frères auxquels il s’oppose ont reçues depuis longtemps, ce n’est pas dire qu’il les leur ait empruntées. Je ne sais où il les a trouvées ; mais je me plais à rendre témoignage qu’il y a un travail très respectable sur la précieuse parole de Dieu. J’expliquerai où il me semble que de graves lacunes se trouvent dans le système que l’auteur pense y avoir trouvé ; mais au moins il a sondé la Parole sur ce sujet et c’est ce qui est toujours digne de respect.

Remarquons ici un fait frappant. Du moment où l’on sonde la Parole, voilà la théologie et les théologiens qui ne valent rien du tout. Les deux espèces d’imposition des mains, dont la différence forme la base du travail de l’auteur, et il a raison pour le fond, « les anciens théologiens n’ont pas distingué entre elles (p. 27). De là le vague et l’obscurité où ils ont dû se jeter (p. 29) ». Et l’auteur ajoute : « Cette confusion dans les idées a eu deux résultats également fâcheux ».

Pauvres théologiens ! quand on veut même à tout prix soutenir « l’imposition des mains qui se pratique de nos jours » (car c’est toujours là le but), au moins est-on obligé d’écarter tout le système sur lequel elle est fondée. Il est impossible, en un mot, de sonder la Parole sans mettre de côté tout le système théologique sur le ministère ; c’est un aveu singulier quand on veut soutenir ce système. Ce qui est vrai, c’est qu’il est impossible de lire la Parole et de suivre un instant le système des théologiens, le système établi quant aux idées. C’est ce que j’ai éprouvé moi-même.

Voici maintenant ce que M. Wolff condamne comme un des fâcheux résultats de la confusion dont il a parlé. J’ai presque peur d’être blâmé comme ironique en le citant, mais sérieusement, il dit, p. 27 : « Les uns ont cru voir dans l’ordination d’un ministre quelque chose de mystérieux, de sacramental ; je ne sais quelle transformation magique qui doit imprimer un caractère indélébile à celui qui la subissait ; et l’orgueil clérical a été favorable à cette erreur ».

Tel est l’un des résultats du système théologique sur l’imposition des mains.

De plus la distinction voulue par l’auteur et que les anciens théologiens ont négligée est, dit-il, d’une si « haute importance que c’est en elle seule que je vois le moyen de rendre à la consécration du ministre toute sa dignité en la conservant pure d’idées superstitieuses ».

Voilà donc tout le système ancien, sur ce sujet, entièrement condamné. Est-il étonnant que d’autres qui ont sondé la Parole avant M. Wolff l’aient condamné aussi ? Et il ne s’agit pas d’un défaut de théorie seulement ; la consécration des ministres a été entachée « d’idées superstitieuses » ; et « l’orgueil clérical a favorisé l’erreur ». La distinction qui seule pouvait la garder pure ne se trouvant pas dans la théologie.

Et si cela a été vrai d’un côté, comme je le crois pleinement, et que cela soit allé très loin sur un point très sérieux qui n’est rien de moins que le Ministère que Dieu a établi dans son Église ; et si, de l’autre côté, j’ai trouvé, comme M. Wolff, que, selon le système dissident, l’évêque ou le pasteur était absolument sans vocation de Dieu, est-il étonnant que, d’un côté, je me sois éloigné des idées superstitieuses favorisées par l’orgueil clérical ; et, de l’autre d’un système qui établit les pasteurs ou évêques sans aucune vocation de Dieu ? C’est ce que j’ai fait, parce que je croyais ce que M. Wolff croit. Je ne sais s’il a encore reçu une consécration conférée selon ces idées superstitieuses ou non. S’il en est ainsi, j’espère que Dieu lui donnera plus de lumière. Si en m’éloignant de l’un et de l’autre je m’assujettis à l’accusation d’être d’une nouvelle secte, je dois la supporter avec patience ; il est évident que c’est ce que la lumière et une bonne conscience demandent ; et alors le blâme des hommes devient de très peu de poids. Au reste je ne suis pas le premier qui ait été d’une « secte que l’on contredit partout ». Que Dieu nous donne, si nous n’avons pas les mêmes dons, le même courage qu’à celui qui subissait un tel mépris de la part de ceux qui, se disant juifs, étaient menteurs pour la plupart.

Quant à l’imposition des mains, je ne la rejette pas du tout pourvu qu’on la laisse à sa place. Mais je demande si un homme droit, qui désirerait agir selon la Parole, ayant les convictions exprimées par l’auteur de la brochure, ne se serait pas éloigné de la consécration nationale et de la consécration dissidente ? De l’une comme entachée d’idées superstitieuses, et fondée sur une erreur que favorise l’orgueil clérical ; de l’autre comme appliquée à des hommes qui n’ont reçu aucune vocation de Dieu ? Tout en reconnaissant que, malgré cela, il y a des individus bénis des deux côtés. Puis ayant vu que les théologiens avaient tout basé sur un système faux, il aurait attendu afin de voir clairement la volonté de Dieu au lieu de rebâtir les choses que la Parole de Dieu avait renversées.

J’ai assisté à l’imposition des mains faite avec simplicité quand cela n’allait pas au-delà de la lumière que j’avais, et j’y ai assisté avec grande joie. Mais je crois que le Ministère peut s’exercer sans cela, sans que la vocation humaine soit nécessaire ; et je me fonde sur Actes 8:4 ; Actes 11:21 ; Philip. 1:15, etc., etc. ; parce que je vois par ces passages que l’on prêchait, que l’on évangélisait que l’on annonçait la Parole ; je ne parlerai même ici ni des prophètes, ni de Paul (tous les mots qui peuvent exprimer de la manière la plus élevée l’acte d’annoncer la Parole étant employés sans idée de consécration), et que la main du Seigneur était avec eux. Et parce que je vois et que je crois ce que M. Wolff évite soigneusement de voir et ce qu’il cherche à façonner à son gré, savoir que les ministères qui regardent l’édification de l’Église sont des dons ; et s’ils ne sont pas appelés χαρισματα, ils n’en sont pas moins δοματα, dons que Christ a donnés. Et j’en bénis Dieu, parce que son œuvre n’est pas arrêtée ni revêtue d’idées superstitieuses, quoique l’homme ait gâté tout l’ordre extérieur établi par les apôtres.

Ce que je désire, c’est que le ministère soit indépendant et qu’il jouisse de sa vraie dignité, comme étant de Dieu et dépendant de Dieu ; c’est que ce soit le Saint Esprit qui dirige l’œuvre et les ouvriers ; et que, dans l’Église de Dieu, l’argent devienne serviteur, diacre (et c’est un grand privilège), et non pas maître du ministère.

Souvenons-nous toujours que la consécration des jeunes étudiants, nouvellement sortis d’une académie, est aussi éloignée que possible de l’établissement des anciens dans l’Église ; qu’il n’y a aucune ressemblance quelconque entre les deux choses ; et que, ce que l’on « pratique aujourd’hui », a introduit dans le ministère, basé sur ce système, des Sociniens, des Rationalistes, des Ariens en masse et leur a conféré tous les droits du ministère.

M. Wolff a été élevé dans une école formée par des hommes que les ministres consacrés selon ce système avaient repoussés du milieu d’eux, parce qu’ils croyaient au fondement du christianisme. Que l’on soit réduit à la nécessité de choisir entre un tel état de choses et un système qui, s’il est plus scripturaire dans ses formes, établit ses charges d’une manière qui exclut la vocation de Dieu, ou de se mettre en dehors de tout ; voilà une des preuves les plus frappantes de l’état de déchéance où se trouve l’Église.

Maintenant quelle est la place accordée à l’imposition des mains ? C’est ce que nous montre le chapitre 6 de l’épître aux Hébreux. L’imposition des mains y figure comme un de ces éléments du commencement de Christ ; expression qui, en effet, rattache cette cérémonie à des choses qui existaient avant le don du Saint Esprit. Il paraît que c’était une cérémonie très ancienne employée partout en signe de bénédiction.

Le cas de Josué peut être ajouté à ceux indiqués par M. Wolff. Cette cérémonie était employée dans tous les cas comme signe de bénédiction pour les guérisons, pour les enfants, pour ceux qui servaient aux tables et pour beaucoup d’autres. Il ne faut pas je pense confondre le cas des sacrifices avec cette imposition. L’imposition des mains sur la victime identifiait la victime avec le pécheur, ou l’adorateur avec la victime ; c’est ce qu’on voit Héb. 7:7. Dans ce cas, celui qui imposait les mains à la victime n’était pas un supérieur qui bénissait, ni un frère qui en « recommandait un autre à la grâce de Dieu » (Actes 14:26). Celui qui offrait un holocauste imposait les mains à la victime et était ainsi présenté à Dieu selon l’acceptation et la bonne odeur de la victime. Dans le sacrifice pour le péché, le péché du coupable était mis sur la victime qui par là devenait péché à sa place. Ni dans l’un, ni dans l’autre de ces cas, il ne s’agissait de bénédiction, on ne conférait rien. Dans l’holocauste, il n’y avait pas même transmission. L’imposition des mains exprimait dans ce cas une idée de représentation. Si l’on veut dire que celui qui reçoit les dons ou une charge doit représenter celui qui les aura conférés, dans ce sens très général, on peut reconnaître une analogie entre l’imposition des mains sur une offrande et sur un homme pour conférer un don ou revêtir d’une charge. Mais dans les guérisons et le cas des enfants, cette idée se perd aussi. Du reste je ne tiens pas à contester ici quoi que ce soit. L’idée est un peu vague et imparfaite ; mais elle ne touche pas à la question que nous traitons. Un frère, mort depuis bien des années, avait cherché à établir, dans une petite publication, cette analogie et le rapport entre Héb. 6 et les sacrifices ; mais il m’a paru qu’il y avait une certaine confusion d’idées entre bénédiction et identification ou représentation. Tout acte de puissance, en bénédiction, se présentait sous la forme d’imposition des mains, les guérisons comme tout autre ; mais alors il n’y avait pas de représentation : dans le cas de l’holocauste, il n’y avait rien de transmis ; l’imposition des mains exprimait une autre idée.

J’admets que dans l’ordre de l’Église, au commencement, le Saint Esprit était conféré par l’imposition des mains des apôtres, cela est incontestable ; c’était, selon moi, un signe de la puissance apostolique.

Mais l’auteur a complètement méconnu la portée de ce fait, et, en faisant cesser les dons, dont il rattache la possession à l’imposition des mains des apôtres, il a fait cesser la présence du Saint Esprit dans l’Église. C’est ce que je vais établir.

M. Wolff dit, (pag. 210), premièrement qu’il faut distinguer entre le don et les dons du Saint Esprit. En cela, il a parfaitement raison : c’est ce que les Irvingiens n’ont pas fait, et c’est ce que l’auteur de cette brochure sur le ministère n’a pas fait lui-même. Aussi, je tiens à rappeler que tout ce qui se trouve en Éph. 4, est appelé là don, non pas χαρισματα του πνευματος mais également des dons ; le mot employé, indiquant selon M. Wolff, une libre manifestation de l’Esprit, p. 72, point 5 (εκαστω διδοται 1 Cor. 12 — εκαστω εδοθη Éph. 4).

Examinons maintenant ce sujet très grave du don du Saint Esprit ; car il est certain que si M. Wolff a raison, non seulement il faut renoncer aux dons du Saint Esprit, mais au don.

Il est possible, selon son système, que nous ne soyons pas obligés de renoncer à la vie que le Saint Esprit nous a communiquée, à la vie selon la puissance de la résurrection de Christ : mais il faut renoncer au don du Saint Esprit, comme sceau, et non pas seulement aux dons.

Selon M. Wolff, p. 73 numéro 16 et p. 37, les dons communiqués par l’imposition des mains des apôtres étaient une extension du don qu’ils avaient reçu à la Pentecôte. En effet, on voit un même résultat en ce qui arrive le jour de Pentecôte, Actes 10 à Césarée, à Samarie (Actes 8) et à Éphèse (Actes 19). Ceux qui recevaient le don, parlaient des langues et prophétisaient. Soit à Césarée, où l’Esprit agit d’une manière spéciale, comme témoignage de l’admission des Gentils ; soit à Samarie, où il est communiqué par l’imposition des mains des apôtres Pierre et Jean ; soit à Éphèse, où il est communiqué par l’imposition des mains de Paul, preuve de ses droits apostoliques ; il est évident que, dans tous ces cas, c’était une extension de ce qui est arrivé le jour de Pentecôte. Mais ce qui a eu lieu le jour de Pentecôte, c’était le don du Saint Esprit lui-même, c’était la promesse du Père, c’était le Consolateur envoyé par le Fils de la part du Père et par le Père au nom du Fils ; c’était l’Esprit de vérité pour convaincre le monde de péché, de justice et de jugement, pour communiquer les choses de Christ à l’Église ; car c’est l’Esprit que Christ a envoyé quand il s’en est allé : Jean 15, 16, Luc 24:49. C’était cet autre Consolateur qui devait demeurer éternellement avec les disciples, Jean 14. Mais le don que les apôtres communiquaient ou transmettaient, n’était, de l’aveu de M. Wolff lui-même, « qu’une extension de celui que les apôtres avaient reçu eux-mêmes à la Pentecôte » (p. 31). Il ne s’agit pas de renoncer aux dons et de dire qu’ils n’existent plus ; mais il faut dire que l’Esprit, qui a dû demeurer éternellement avec les disciples, n’existe plus sur la terre ; c’est le don qui a été perdu non pas les dons, car l’imposition des mains était une transmission de ce qui avait été reçu ; mais ce qui avait été reçu, c’était le Saint Esprit, le Consolateur, l’Esprit de vérité ; c’est-là donc ce qui a été perdu. Ceci est évidemment de toute gravité ; et, en même temps, rien n’est plus simple. L’imposition des mains transmettait ce que les apôtres avaient reçu eux-mêmes à la Pentecôte, et c’est là ce qui serait perdu. Mais c’était la promesse du Père, le Saint Esprit lui-même que les apôtres avaient reçu. C’est donc là ce qui, selon M. Wolff, est perdu ! Que dirons-nous de ceux qui, pour maintenir ce qui se pratique aujourd’hui, traitent avec une légèreté si inconcevable la base de toute puissance, de tout témoignage, de toute manifestation de la gloire de Christ, de l’existence de l’Église, c’est-à-dire, la présence du Saint Esprit lui-même ? Que dire de ceux qui recommandent et font circuler avec soin un traité qui ôte absolument à l’Église le Saint Esprit tel qu’il a été donné à la Pentecôte, le Consolateur ; et qui font cela, soit par préférence pour le clergé, soit par une triste préoccupation qui les empêche de s’apercevoir de ce qu’ils font.

En sommes-nous vraiment venus là que ceux qui se croient les colonnes de l’Église approuvent ce qui nie la présence du Consolateur ; et cherchent, tout en le niant, à nous persuader que l’Église jouit « de toutes les bénédictions primitives ? » Les dons n’étaient que « la manifestation de l’Esprit ». Que nous ayons beaucoup perdu sous ce rapport, hélas ! cela n’est que trop évident. Tout ce qui, sous l’administration apostolique, était un signe public de la présence du Saint Esprit au monde, et dirigé et conféré même par ce ministère dominant, tout cela est perdu. C’est bien là ce sur quoi j’ai insisté comme une preuve, entre autres choses, de l’état de déchéance où nous sommes ; mais dire, à cause de cela, que le Saint Esprit n’existe plus dans l’Église, sauf comme grâce de vie (c’est ce que cette brochure dit), c’est renier la base de toute espérance chrétienne ; c’est ce qui montre en même temps quel est le fond de la question en discussion, et que tout est perdu du côté de ceux qui pensent maintenir un tel système.

Je ne me dissimule pas, que ce que je dis est très fort. Je ne dis pas que quelques-uns n’aient pas, par ignorance, maintenu ce que je dénonce ; mais le principe professé ici ôte absolument toute source de puissance dans l’Église, tout témoignage rendu par le Saint Esprit. Il met dehors le Saint Esprit comme n’existant pas dans l’unité du corps. C’est renier, dans son principe, l’existence de l’Église et la gloire de Christ et tout témoignage à rendre à Christ sur la terre ; car il n’y avait que deux témoignages : l’un celui des douze, parce qu’ils avaient été avec Christ dès le commencement (et nous pouvons ajouter à leur nombre Paul quant à la gloire céleste) ; l’autre, le témoignage du Consolateur envoyé par Christ de la part du Père, de l’Esprit de vérité qui procède du Père, Jean 15:26, 27. Le témoignage des douze, nous ne l’avons plus personnellement et selon M. Wolff, nous n’avons pas le Consolateur non plus ; car c’est là ce que les apôtres ont reçu le jour de la Pentecôte. Si l’on pense que nous avons la Parole en remplacement des apôtres et du Saint Esprit, dites-le au moins afin que nous sachions à quoi nous en tenir, et niez hautement, non pas les dons mais la présence du Saint Esprit dans l’Église. Dites qu’il n’est plus vrai qu’il y ait un seul Esprit et un seul corps. Vous admettez sans doute la grâce pour croire ; mais de ce seul Esprit il n’en est plus question. Quelle confirmation effrayante de la déchéance de l’Église !

Examinons maintenant les passages cités pour l’imposition miraculeuse des mains ; et nous verrons qu’il s’agit de la réception du Saint Esprit lui-même aussi bien que d’un don particulier conféré quelquefois de cette manière ; et nous verrons en même temps par ces passages et par d’autres que nous allons citer, que la réception du Saint Esprit n’est jamais confondue avec la foi que le Saint Esprit a pu produire dans le cœur.

Actes 19:2 : Avez-vous, dit l’apôtre, reçu le Saint Esprit quand vous avez cru ? Et ils lui répondirent : nous n’avons pas même ouï dire s’il y a un Saint Esprit, ou plutôt, si le Saint Esprit est, c’est-à-dire, si ce baptême du Saint Esprit dont Jean a parlé avait eu lieu. Il est donc clair ici que, quoique les dons de langues et de prophéties, etc., manifestassent la présence du Saint Esprit, ils n’avaient pas reçu le Saint Esprit en aucune manière comme le Consolateur envoyé par le Fils.

Actes 8:15 : « Qui (Pierre et Jean), y étant descendus, prièrent pour eux afin qu’ils reçussent le Saint Esprit, car il n’était pas encore descendu sur aucun d’eux ; mais seulement ils étaient baptisés au nom du Seigneur Jésus ; puis ils leur imposèrent les mains et ils reçurent le Saint Esprit ». On peut bien supposer que le Saint Esprit se manifesta comme ailleurs, puisque Simon s’en aperçut ; mais il n’en est pas question directement, une chose est claire c’est que les disciples n’avaient pas reçu auparavant le Saint Esprit.

Actes 10:44 : Dans le cas de Corneille le Saint Esprit descendit sans imposition des mains sur tous ceux qui écoutaient la Parole ; preuve que, quoique l’imposition des mains, selon l’administration ordinaire du temps des apôtres, fût le moyen employé pour communiquer le Saint Esprit pour que la manifestation de puissance fût là, toutefois Dieu était souverain à cet égard ; cela montre de plus que le Saint Esprit étant une fois dans l’Église a dû y demeurer éternellement, et que les moyens de sa manifestation étaient un point secondaire. Le Saint Esprit y était, y demeurait toujours ; il ne se bornait pas seulement à donner aux individus de croire ; mais il demeurait dans l’Église comme dans un temple, agissant souverainement pour le bien du corps, selon la volonté et la sagesse de Dieu. Que tous les moyens de manifestation soient en désordre, que la ruine où nous sommes jette de l’obscurité sur toutes ces choses, c’est, là-dessus que j’ai insisté, mais se servir de cela pour nier la présence du Consolateur, c’est faire l’œuvre de l’ennemi ; c’est l’esprit d’incrédulité et d’impénitence.

D’autres passages nous montrent ce sujet sous un autre jour encore, nous faisant voir que le résultat de cette doctrine est de nier le Saint Esprit comme sceau de la promesse à l’individu ; car cette présence du Saint Esprit est une chose ajoutée à la foi.

Jean 7:38 : « Celui qui croit en moi, selon ce que dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive découleront de son ventre, (or il disait cela du Saint Esprit que devaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car le Saint Esprit n’était pas encore donné) ».

Galates 4:6 : « Parce que vous êtes enfants, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans vos cœurs ».

Éphésiens 1:13 : « En qui vous êtes aussi ayant ouï la Parole de la vérité, l’Évangile de votre salut et auquel ayant cru vous avez été scellés par le Saint Esprit de la promesse lequel est l’arrhe de notre héritage ».

Nous voyons donc dans ces passages que le sceau du Saint Esprit est ajouté à la foi ; et si nous n’avons pas ce Saint Esprit de la promesse, nous ne possédons ni l’Esprit d’adoption, ni les fleuves d’eau vive, ni l’arrhe de notre héritage. Il ne s’agit pas ici des dons, il ne s’agit pas de la puissance dans l’Église. Si ce qui était transmis par les apôtres, ce qu’ils avaient reçu le jour de la Pentecôte nous manque, ce qui nous manque c’est le Saint Esprit de la promesse qui est reçu de ceux qui ont cru, c’est toute source de joie et d’énergie.

Quelle qu’ait été la manifestation qui manque maintenant ; quelle qu’ait été l’administration apostolique qui transmettait le don, si la chose transmise nous manque il ne s’agit pas de dons ; il s’agit, pour l’Église et pour le fidèle, du Saint Esprit lui-même. Ce que les apôtres transmettaient, c’était le Saint Esprit et non pas seulement des dons. Si cela nous manque, où est l’Église où est le chrétien ? Voyez 2 Cor. 2:21, 22.

 

10.1                   De la consécration de l’évangéliste

Il y a encore une chose à observer sur ce chapitre.

Les prophètes ont imposé les mains sur Paul et Barnabas à Antioche, quand ceux-ci ont été séparés pour leur œuvre parmi les Gentils. Vous penserez sans doute, lecteurs, que saint Paul et même Barnabas, car lui aussi est appelé apôtre, ont agi comme apôtres dans cette mission ; que ce que saint Paul a fait dans toutes les Églises pour ordonner ce qui regardait leur marche, que tout son travail remarquable dans l’Asie mineure, en Macédoine, en Grèce a été un travail apostolique, l’œuvre d’un apôtre. Pas du tout, cela ne peut pas s’accorder avec le système Wolff, parce que l’imposition ordinaire doit être « de haut en bas et jamais de bas en haut… Partout le ministre impose les mains pour une charge inférieure ou égale à la sienne et jamais pour une charge plus élevée » (p. 32). C’est très juste cela ; mais de plus, dit l’auteur :

« La bénédiction doit toujours être proportionnée dans son importance et son effet à la grandeur de celui qui la donne. Aussi, quand c’est Jésus-Christ qui confère l’imposition des mains, elle opère des miracles, elle guérit des malades, ressuscite des morts. Quand ce sont des apôtres, ils partagent avec de simples fidèles le don miraculeux qui à la Pentecôte fut imposé sur leur tête ». Nouvelle preuve, disons-le en passant, de ce que nous avons dit ; car il est sûr que c’était le Saint Esprit lui-même, le Consolateur qui est descendu, de sorte que c’est là ce qui est perdu et ce ne sont pas seulement les dons. L’auteur confond la forme spéciale de manifestation et les moyens administratifs de transmission avec la présence même du Consolateur. Enfin, ajoute-t-il, « quand ce sont les autres ministres ils revêtent le candidat de la charge qu’ils ont eux-mêmes reçues ».

Ainsi le ministère qu’a exercé saint Paul n’était pas le moins du monde celui d’un apôtre.

Vous pensez peut-être que je tire des conclusions forcées ; Écoutez plutôt M. Wolff : Actes 13:1, 2, 3. « Paul et Barnabas, dit-il, page 28, point 2, sont désignés par le Saint Esprit pour recevoir la charge d’évangéliste qui doit leur être conférée par leurs collègues ». Ainsi tout le travail de Barnabas ou de Paul n’était pas du tout une œuvre apostolique. C’est un peu fort. « Mais dit M. Wolff, le texte nous dit expressément qu’elle (l’imposition) ne leur fut conférée qu’en vue de leur charge d’évangéliste ». Voilà ce que je n’ai pas trouvé. Que les apôtres n’aient pas dédaigné, bien loin de là, cette solennelle recommandation à la grâce de Dieu pour l’œuvre (car c’est ainsi que le Saint Esprit désigne cette imposition des mains, Actes 14:26), voilà ce qui est très vrai ; mais que ce fût tout simplement une consécration du haut en bas ! Une consécration à la charge d’évangéliste ! Voilà ce qui est certainement un peu fort.

Il y a bien encore un autre embarras. « Les autres ministres, dit M. Wolff, revêtent le candidat de la charge qu’ils ont eux-mêmes reçue » (p. 32).

Voilà qui est très commode pour que des pasteurs fassent des pasteurs de certains jeunes étudiants candidats ; mais Barnabas, Siméon, etc., Actes 13:1, étaient des prophètes ayant reçu une vocation purement de Dieu et non pas une charge ; et Paul et Barnabas partent comme évangélistes. De sorte que selon M. Wolff les prophètes auraient revêtu les candidats d’une charge qu’ils n’avaient pas reçue eux-mêmes !

J’ai hésité un peu, dans la crainte que ce ne fut déshonorer la précieuse Parole de Dieu, en l’introduisant pour démontrer quel gâchis épouvantable résulte du désir d’autoriser ce qui se pratique. Si j’ai eu tort, que Dieu veuille me le pardonner ; car cela est fort pénible. Mais de telles absurdités et de telles contradictions sont toujours la conséquence d’avoir adopté un système et d’avoir cherché ensuite à l’établir à tout prix par la Parole. Si la Parole a été déshonorée c’est le système qui l’a déshonorée et non pas moi.

 

10.2                   De la consécration de l’évêque

Il ne nous reste plus qu’un point à traiter au sujet de l’imposition des mains.

Nous avons vu ce qui est allégué pour la consécration des évangélistes. Nous avons vu la prédication de la Parole sans consécration indiquée sous tous les noms, Actes 8:4 ; ils parlaient, ils évangélisaient ou annonçaient la Parole (λαλουντες), Actes 11:19 ; les deux mots sont employés verset 20 ; Phil. 1:15, ils prêchaient, ils étaient les hérauts (κηρυσσουσιν), mot employé habituellement par saint Paul pour son ministère et par lequel il désigne sa fonction. Le seul cas allégué de la consécration d’un évangéliste, étant la mission des deux apôtres lors de leur départ d’Antioche, il ne nous reste à examiner que la consécration de l’évêque.

Il était nécessaire à M. Wolff de signaler les deux consécrations de l’évêque et de l’évangéliste, parce que cela répond aux évangélistes et aux pasteurs d’aujourd’hui ; ayant vu ce qu’il en est de l’une, voyons ce qu’il en est de l’autre.

J’ai admis la différence quant au fait entre l’imposition par laquelle le Saint Esprit était communiqué et l’imposition qui se pratiquait ordinairement ; quoique, comme division, elle soit inexacte. Je conviens que quand il s’agit de l’imposition des mains par Timothée, il ne s’agit pas du don du Saint Esprit ; mais je m’arrête là, tout le reste de la p. 31 de M. Wolff ne contient que des raisonnements dénués de base.

1) Ces raisonnements sont fondés sur l’idée que l’on n’imposait les mains que sur les évangélistes et sur les évêques, ce qui est entièrement faux. Car il n’est jamais dit que l’on imposât les mains sur les évangélistes, et il est bien sûr que l’on imposait les mains sur les diacres, au moins dans le cas des sept (Actes 6).

2) M. Wolff, page 34, allègue en faveur de l’imposition des mains à l’évêque, l’injonction faite à Timothée de n’imposer les mains à personne avec précipitation, 1 Tim. 5:22 ; mais il y a presque toute l’épître entre les règles pour le choix des anciens et ce verset (5:22) ; et toutes sortes de sujets ont été traités entre les deux passages.

3) Le passage, 1 Tim. 5:22, ne fait pas suite immédiatement à quelques avis au sujet de l’ancien (*) ; mais il s’applique à la conduite personnelle de Timothée. Je crois qu’il est probable qu’on imposait les mains sur les anciens ; parce que je vois que ce signe antique de bénédiction et de séparation pour une charge était universellement employé, et qu’entre autres choses l’épître traite de la charge d’ancien ; mais il est si peu vrai qu’il soit « impossible d’appliquer à un autre qu’à l’évêque l’imposition dont parle ce passage » qu’il est très évident que c’est une direction pour la conduite de Timothée, dans tous les cas où il serait appelé à imposer les mains à quelqu’un.

 

(*) Il peut être appliqué aux diacres aussi bien qu’aux anciens. Les règles pour le choix des diacres sont plus rapprochées du passage que celles données pour le choix des anciens ; mais comme je le dis dans le texte, c’est une règle générale pour la conduite de Timothée et peut s’appliquer à tous cas possible d’imposition des mains.

 

En faveur de l’imposition des mains ayant uniquement l’évêque pour objet, M. Wolff allègue un second passage, savoir, 1 Tim. 4:14 : « Ne néglige pas le don qui est en toi et qui t’a été donné par prophétie avec imposition des mains des anciens ». Son raisonnement sur ce second texte peut amener à une conclusion plus ou moins juste ; mais qui ne sert qu’à constater le fait que la Parole de Dieu ne dit jamais que l’on doit imposer les mains sur l’évêque. On peut le supposer et raisonner avec assez de probabilité là-dessus, mais la Parole ne le dit pas : tout ce que M. Wolff ose affirmer de ce passage c’est qu’il y fait allusion, mais nous n’avons que ce raisonnement de M. Wolff. Si les anciens ont imposé les mains à Timothée, il faut supposer qu’ils avaient eux-mêmes reçu l’imposition des mains. Mais tout ceci ne touche pas à la question qui consiste à savoir qui les a nommés ces anciens.

 

11               Chapitre 9 [une double vocation de l’évêque]

Du chapitre 9 de M. Wolff sur la double vocation de l’évêque

 

Au sujet de la double vocation de l’évêque, je ne trouve rien du tout de scripturaire dans le système de M. Wolff. Ce qui est appelé vocation intérieure ou immédiate ne se retrouve pas dans la Bible dans le cas de l’évêque. La Bible suppose que quelqu’un peut désirer être évêque, mais voilà tout. Quand ce désir existe, il n’est pas dit un mot de vocation intérieure comme qualité voulue pour la charge. Si un jeune homme désirait être ministre, selon le système actuel (et il serait bien difficile de trouver quelque analogie entre cela et le choix des évêques dans le Nouveau Testament), la première chose qu’un ami évangélique du jeune homme lui demanderait ce serait : vous sentez-vous appelé de Dieu au ministère ? Pas trace d’une telle idée dans l’épître à Timothée. « Si quelqu’un désire être évêque il désire une bonne œuvre » et là-dessus suivent les qualités voulues, sans un seul mot de vocation intérieure. C’était une charge confiée à des personnes qualifiées.

Mais cette confusion est la conséquence naturelle de celle que l’on fait entre le pasteur et l’évêque ; elle résulte d’avoir nié tous les dons et les avoir exclus du ministère et de vouloir appuyer à tout prix le système qui existe et la chair qui s’y repose.

Il se présente ici une seconde observation. M. Wolff dit, p. 36, que « c’est Dieu qui donne, qui place les évêques dans l’Église ; ce sont les hommes, les ministres qui les établissent ». Mais dans la Parole de Dieu le mot donné n’est jamais employé par rapport à l’évêque ; jamais il n’est dit que Dieu, que Christ, ait donné des évêques (*). Jamais le mot placer n’est employé quant à la charge. Le Saint Esprit avait placé certaines personnes dans cette charge. En Actes 20, il ne s’agit nullement d’une vocation intérieure, mais du simple fait que le Saint Esprit les avait placés là ; et M. Wolff lui-même reconnaît qu’une personne n’est pas placée dans une charge par une vocation intérieure et immédiate. Aussi n’est-il pas vrai que Dieu place les évêques dans l’Église ; mais il place les personnes dans la charge d’évêque dans un troupeau.

 

(*) L’expression de 1 Tim. 3:1, à elle seule, montre la différence qui existe entre le don de pasteur et la charge d’évêque. Si Dieu donnait un pasteur, celui qui l’était par la grâce de Dieu n’avait pas à désirer ce don, cette fonction ; il la possédait. Il ne s’agissait pas non plus de juger les qualités de l’individu pour savoir s’il était propre à cette place. Christ avait déjà jugé tout cela lorsqu’il lui avait départi la grâce d’être pasteur ; mais quant à l’épiscopat, on désirait une charge, une certaine position dans une église, et, celui à qui cela était confié devait commencer à examiner si celui qui le désirait avait les qualités voulues. Pourrait-on appliquer cela à ce qui est dit en Éph. 4 ? Lorsque Christ est monté, il a donné les pasteurs et docteurs. Si l’on désirait un don il fallait s’adresser à celui qui donnait, et si l’on aspirait à une charge, se soumettre à subir un examen pour savoir si l’on possédait certaines qualités requises pour cette charge.

 

Tout ce que dit M. Wolff à ce sujet est donc entièrement faux d’un bout à l’autre, c’est une théorie ou arrangement pour sanctionner ce qui existe sans aucun fondement scripturaire, — théorie, qui après tout, est toute autre chose que la théorie même qui constitue évêques de jeunes étudiants n’ayant aucune des qualités exigées de Dieu.

M. Wolff dit que la Parole ne s’oppose pas à ce que l’Église choisisse parmi ceux qui ont déjà été appelés au ministère, ou parmi ceux qui sont prêts à être reçus. Il y a dans de telles expressions une effronterie qui vraiment demande autre chose que les courtes remarques que je peux faire ici. On veut pour se justifier ajouter à la Parole de Dieu des systèmes, des pensées dont il ne s’y trouve pas trace. Où voit-on dans la Parole de Dieu, la trace d’un choix parmi ceux qui sont déjà appelés au ministère, à moins que ce ne soit dans le cas de ceux qui disaient : moi je suis de Paul, et moi d’Apollos ?

L’apôtre ou ses délégués nommaient certaines personnes ayant certaines qualités à une certaine charge ; est-ce que l’Église devait choisir ensuite parmi eux ou même en élire d’autres en laissant ceux-là de côté ? N’est-il pas vrai que l’apôtre nommait telle personne évêque en telle ville ? Et comment, si l’Église n’avait pas une part active dans la vocation de l’évêque, pouvait-elle choisir parmi ceux qui étaient appelés ? Il est très commode de dire de quelqu’un qu’il est appelé au ministère parce que cela se fait maintenant ; mais où est-ce que cela se trouve dans la Parole ? Personne dans ce cas n’était appelé au ministère ; mais l’évêque était établi dans une charge spéciale.

Il s’agissait dans le cas de l’évêque d’une charge locale et M. Wolff admet que dans ce temps là il y avait des ministères d’apôtres et de prophètes, dont la vocation était de Dieu seul. Est-ce que les Églises pouvaient choisir à leur gré parmi les apôtres et les prophètes ? Dans toute cette partie de l’ouvrage il règne pour flatter ce qui existe, un mépris de la Parole de Dieu, que l’on ferait bien de peser devant le Seigneur, Dieu en jugera.

Quand l’auteur parle du candidat au ministère, qu’est-ce que cela veut dire ? était-on candidat pour être apôtre et prophète ? était-on alors choisi par telle ou telle Église ? car c’était là des ministères. Et quand l’apôtre choisissait et établissait des évêques en chaque ville, quand même il y aurait eu des hommes qui désirassent cette charge, étaient-ce des Églises (on ne sait pas où) qui choisissaient dans une volée de jeunes ministres celui qui leur allait ? Il est mauvais, très mauvais de traiter ainsi la Parole de Dieu.

Enfin que l’on prenne le ministère comme l’exercice d’un don, comme c’était le cas des apôtres ou des prophètes ; (car il est absurde après tout de vouloir dire que le prophète exerçait un ministère sans dons), ou que l’on veuille le considérer comme une charge ainsi que c’était le cas des évêques établis par l’apôtre, par Timothée ou par Tite, l’idée d’un choix parmi des candidats ou parmi ceux appelés au ministère est également étrangère à la Parole, exclue de la Parole. Et l’idée qu’un jeune candidat ou un ministre consacré aille se faire entendre, pour que la population d’un endroit le choisisse, ne se trouve certainement pas dans la Parole de Dieu.

Je ne peux pas admettre que l’évêque ne soit pas évêque sans imposition des mains. J’ai déjà dit que, raisonnant par analogie, il est probable que l’on imposait les mains à celui qui devait être évêque. Mais si l’apôtre avait nommé certaines personnes évêques et les avait établies par son autorité, elles auraient été évêques ; il ne s’agit pas de la distinction entre désir et réalité, car un homme aurait pu désirer sans être nommé, n’ayant pas les qualités requises. Il s’agissait seulement de ce fait : avaient-ils été établis par les apôtres ou par d’autres personnes compétentes ?

Vouloir insister sur l’imposition des mains, quant à l’évêque, chose qui n’est pas dite dans la Parole, et puis adroitement ajouter, p. 38, point 2 : « ainsi, celui qui veut être pasteur sans recevoir l’imposition des mains n’a pas réellement reçu de charge ; son ministère ne doit être reconnu par aucune Église », ce n’est qu’un tour d’escamotage ; car au bout du compte le pasteur ne se trouve nommé nulle part que dans une liste de dons ; voilà le fait : et pas un mot de ce qui est dit de l’évêque et de sa charge, ne lui est appliqué dans la Parole.

Quant au témoignage tiré du chapitre 13 des Actes, p. 38, point 3, nous avons déjà trouvé le raisonnement de l’auteur entièrement faux. Ainsi tous les gros mots qu’il adresse aux frères à la fin du paragraphe, ne valent pas grand chose (*). Celui qui croit que Paul et Barnabas ont reçu la collation de la charge de simples évangélistes de la part des prophètes et docteurs à Antioche, et qui base ses répréhensions là-dessus, a besoin en effet de crier très haut pour se faire entendre.

 

(*) « N’est-il pas scandaleux, dit M. Wolff, de voir au milieu des chrétiens de prétendus esprits forts regimber, se libérer des obligations reconnues par l’église dans tous les temps, et se rebeller contre une institution à laquelle le Saint Esprit lui-même a voulu se soumettre ! » ?

 

Que dans le système actuel, l’on « dégrade le ministère pour y voir un ordre de choses tout humain » j’en conviens. A-t-on de la peine à reconnaître le tableau qui se trouve p. 41 (*). Où est-ce que M. Wolff a trouvé l’original de ce portrait ? Veut-il que nous restions dans un système qui dégrade ainsi le ministère ?

 

(*) « Quand on perd de vue la vocation divine dans le ministère, dit M. Wolff, alors on voit, comme aujourd’hui dans quelques églises, l’imposition des mains conférée à ceux qui n’ont aucune intention de se vouer au service de l’église, ou recherchée par des candidats sans aucune certitude d’avoir jamais une charge à remplir. Conférer une pareille imposition ou même la rechercher, c’est une monstruosité ; c’est méconnaître la vocation intérieure et les droits de Dieu, c’est se faire un jeu des institutions les plus saintes, c’est dégrader le ministère pour y voir un ordre de choses tout humain ».

 

12               Chapitre 10 [évangélistes]

Du chapitre 10 de M. Wolff sur l’évangéliste

 

Après avoir, dans l’intérêt de l’élection par les hommes et de la consécration, assimilé le pasteur à l’évêque, M. Wolff met sur le même rang et dans les mêmes conditions le pasteur et l’évangéliste, afin que l’élection et la consécration qu’il rapporte au premier soient indispensables au second. « Les charges d’évangéliste et de pasteur, dit M. Wolff, sont tellement de même nature… qu’elles peuvent souvent se confondre, qu’on peut passer de l’une à l’autre, etc. », p. 44.

Les grands principes ayant été discutés je tâcherai d’être bref sur ce point.

L’auteur se trouve ici dans une confusion complète que je n’aurai qu’à signaler.

Premièrement M.Wolff veut que ceux que l’Esprit de Dieu appelle apôtres ne puissent être que des évêques ou des évangélistes.

Quel rapport y a-t-il entre un évêque et un apôtre ou envoyé ? c’est ce qui serait difficile de découvrir. Du reste cette assertion est purement gratuite. Je me permets de considérer ceux que la Parole de Dieu appelle apôtres comme étant apôtres, c’est-à-dire comme spécialement envoyés du Seigneur, quoiqu’ils ne le soient pas tous avec la même autorité. M. Wolff confond secondement les envoyés des églises (2 Cor. 8:23) avec les envoyés de Christ. Les autres passages sont pour moi plus qu’incertains dans leur application. Quand saint Paul, dit « nous apôtres » ce n’est pas nécessairement Sylvain et Timothée qui étaient avec lui. Quand même il en serait ainsi, et je ne tiens pas à le contester, il n’est jamais dit que leur fonction fut celle d’évangéliste.

Troisièmement, 1 Cor. 12:28. Malgré l’assertion de M. Wolff l’évangéliste n’est pas nommé ici.

Enfin après avoir disposé de cette confusion, je reconnais que l’évangéliste était donné de Dieu selon Éph. 4:11.

Quant à la vocation que M. Wolff affirme que l’évangéliste reçoit des hommes, je m’arrête. Nous avons vu que tous selon leur pouvoir prêchaient ; et que le simple fait que saint Paul a voulu que Timothée l’accompagnât, ne dit pas qu’il fût appelé pour une charge spéciale d’évangéliste et dit encore moins que tous les évangélistes reçussent une vocation des hommes.

Saint Paul dit à Timothée de faire l’œuvre d’un évangéliste ; ce qui me paraît plutôt combattre l’idée d’une vocation spéciale d’évangéliste existant déjà depuis longtemps. Timothée était dans ce moment là un délégué de l’apôtre pour un objet spécial ; et Paul l’exhorte à faire aussi l’œuvre d’un évangéliste ; cela était très simple, mais s’accorde peu avec l’idée d’un évangéliste spécialement consacré à cela.

Nous avons déjà suffisamment considéré le cas de Paul et de Barnabas.

J’admets que tous ceux qui rendent témoignage selon leur capacité ne sont pas proprement dits des évangélistes. L’évangéliste est un don, Éph. 4:11 ; mais il n’est jamais parlé de l’imposition des mains sur un évangéliste, ni comme nécessaire à son œuvre ni sous quelque rapport que ce soit. Nous retrouvons toujours chez l’auteur le désir de sanctionner l’ordre actuel à tout prix. Un évangéliste, selon lui, est tellement de même nature qu’un pasteur, qu’il peut se fixer après avoir rassemblé un troupeau ; mais, par le motif qu’il n’y a pas un mot de tout cela dans la Parole, je n’en dis rien. Si celui qui le fait a les deux dons, c’est très bien ; s’il ne les a pas, c’est très mal.

Pour comprendre la manière dont M. Wolff tire des conclusions de la Parole, j’invite aussi le lecteur à comparer les citations qu’il a faites de Actes 18:26, 1 Cor. 16:19 et Rom. 16:3, dans le but de démontrer qu’Aquilas était tour à tour pasteur et évangéliste, ayant reçu, il faut le supposer, l’imposition des mains. Peut-être doit-on supposer qu’il l’a reçue deux fois ; car rien n’autorise à supposer que l’on conférât le ministère en gros, comme cela se pratique maintenant. On conférait une charge spéciale ; ceux qui recevaient la collation à la charge, étant solennellement reconnus par des autorités compétentes pour être appelés de Dieu à cela. Car autrement il ne s’agirait ni des ministères ni de vocation, mais du ministère en général sans charge spéciale. C’est ce qui se pratique de nos jours. L’un ayant été reconnu propre pour être évêque, va de son chef se présenter comme évangéliste ; l’autre, ayant été consacré comme évangéliste, va de son chef s’arroger la charge d’évêque dans une localité qui lui plaît. Il faut se souvenir que, selon le système Wolff, il ne s’agit pas du tout, dans le ministère, de l’exercice d’un don mais d’une charge qu’on reçoit seulement par l’imposition des mains. L’on évangélise sans don, l’on est évêque sans les qualités requises, l’on prêche sans don, et si quelqu’un avait été consacré évangéliste selon ce chapitre 10 il n’est plus question ni du choix des évêques par l’apôtre, ni de leur établissement par lui ou par son délégué ; tout cela s’en va. On reste dans l’endroit où l’on a évangélisé et l’on est évêque, « ayant subi, comme dit M. Wolff, je ne sais quelle transformation magique qui imprime un caractère indélébile, quelque chose de mystérieux, de sacramental ». Après cela, la charge importe peu ; peu importe les qualités voulues par la Parole. Pasteur et évangéliste sont des charges « tellement voisines », que consacré pour l’une on peut se fixer dans l’autre.

Je ne sais comment cela frappe d’autres esprits ; mais il y a pour moi quelque chose de très honteux dans cette adulation servile de ce qui existe. Qu’il y ait en cela assez d’adresse, qu’il y ait une certaine habileté, je l’admets ; mais en présence de la Parole et des immenses intérêts qui s’y trouvent, pouvoir ainsi employer de l’adresse pour flatter tout ce qui existe et devant la Parole de Dieu ce témoignage de son amour, que dirai-je ?… chacun en jugera selon le prix qu’il attachera à cette Parole et à la grâce de celui qui l’a donnée.

Que l’église de Jérusalem fût un centre, qu’elle exerçât une certaine autorité et une certaine surveillance, cela est vrai, du moins en a-t-il été ainsi pendant un certain temps, les apôtres s’y trouvant ; mais que Barnabas eût mission d’évangéliste ou de pasteur, c’est ce qui ne se voit nulle part. Il était bien envoyé à Antioche par l’église qui s’intéressait à ce qui s’y passait ; et y étant arrivé il y exerçait son don, « il exhortait » ceux qui avaient déjà été évangélisés ; voilà ce qui se trouve en Actes 11:23, dans le passage cité par M. Wolff, p. 44. Poussé par ce même intérêt et par les besoins, Barnabas cherche Saul. Il usait de sa liberté chrétienne en cela comme Paul quand il prenait Timothée avec lui.

Quand M. Wolff dit que les fonctions d’évangéliste sont décrites au long dans les lettres pastorales de saint Paul, je ne sais pas trop ce qu’il veut dire. Il n’est rien dit dans ses épîtres des fonctions d’un évangéliste. Il écrit comme apôtre, il ordonne comme apôtre ; il montre ce qu’il a été comme apôtre et spécialement comme apôtre. Est-ce que M. Wolff veut nier son apostolat ou rabaisser son apostolat au niveau de l’évangéliste, pour exalter l’autorité des évangélistes modernes, comme il a fait de sa prétendue consécration à la charge d’évangéliste à Antioche ? Je le répète je ne sais pas trop ce qu’il veut dire, si ce n’est pas cela ; car autrement l’apôtre ne parle jamais d’un évangéliste sauf pour nommer ce don. Éph. 4, ou exhorter Timothée à en faire l’œuvre, 2 Tim. 4:5.

 

13               Chapitre 11 [docteurs]

Du chapitre 11 de M. Wolff, concernant les docteurs

 

Premièrement j’admets qu’il n’y a pas dans l’église une charge de docteur. Dans la Parole, le docteur est présenté comme un don (*). Il n’y a que ceux qui veulent des docteurs en théologie, comme M. Wolff, qui pensent que le docteur soit une charge. Selon M. Wolff, qui (p. 45) ne veut pas que le doctorat soit une charge, dit (p. 49) qu’un professeur de théologie doit se considérer comme un fonctionnaire dans l’église.

 

(*) Mais alors, il ne faut pas dire qu’il y ait une charge de pasteur ; car ces deux choses se trouvent dans la même catégorie et attachées au même pronom personnel τους.

 

Quand on veut faire des charges ou un clergé de tous les ministères, et nier en même temps que le ministère soit l’exercice d’un don, il faut naturellement, à l’imitation de M. Wolff, chercher des renseignements sur ces charges. Il n’est pas étonnant que l’auteur, après avoir appelé la prophétie un ministère, et après avoir nié en même temps que le ministère soit l’exercice d’un don, se trouve dans des difficultés sous ce rapport. Mais pour celui qui, se fondant sur la Parole, y trouve, Éph. 4, que docteur est un don lié à celui de pasteur ; pour celui qui voit, 1 Cor. 12, que Dieu a placé dans l’église des docteurs ; qui lit, dans Rom. 12, que celui qui a le don (χαρισμα) de docteur doit modestement s’occuper d’accomplir le devoir qui se rattache à son exercice ; celui, dis-je, qui voit toutes ces choses, n’éprouve pas une grande difficulté au sujet d’une chose aussi simple.

Tout ce que dit M. Wolff à ce sujet est d’une confusion à ne pas en sortir ; car il fait du docteur une espèce de qualité qui se répand dans toutes les charges ; mais, dans les passages déjà cités, la Parole de Dieu nous présente le doctorat comme un don ; ce n’est pas seulement un δομα (doma), mais un χαρισμα (charisma) ; et selon M. Wolff, les dons ont absolument cessé dans l’église.

Aussi est-il un peu hardi de citer Éph. 4 et 1 Cor. 12 comme des listes de ministères, et même de nous dire (p. 46) : « C’est donc dans ce dernier passage que nous sommes obligés, par l’exégèse et la grammaire, de reconnaître la classification propre du ministère » — puisqu’il affirme que le ministère n’est pas l’exercice d’un don, et que l’un et l’autre de ces passages présentent une liste de dons ; en Éph. 4:11, ils sont appelés δοματα (domata), et en 1 Cor. 12, ce sont des χαρισματα (charismata). Voy. versets 30, 31 et 8 (*).

 

(*) C’est-à-dire que pour un auteur qui dit que le ministère n’est jamais l’exercice d’un don et que le ministère ne peut pas même exister maintenant s’il y a des dons, une liste de dons est la classification propre du ministère.

 

Aussi pourrions nous demander à notre tour : quelle charge de ministère avec imposition des mains formaient les divers genres de langues, les dons (χαρισματα) de guérison ? Si l’on ne troublait pas l’église par de telles contradictions, si l’on ne cherchait pas à affaiblir la foi, une semblable confusion ne ferait qu’exciter la compassion. Je ne sais pas si une telle façon de traiter la Parole et l’église ne demande pas plutôt de la sévérité.

La faute en est beaucoup plus à ceux qui ont encouragé le jeune homme, auteur d’un tel écrit, qu’à celui qui a été mis en avant, applaudi et encouragé dans une telle œuvre. Ce sont les fauteurs de la chose qui sont surtout coupables.

J’ai déjà répondu aux remarques sur l’union de pasteurs et docteurs que l’auteur présente dans ce chapitre.

En résultat, admettant qu’il n’y avait pas une charge de docteur comme il y en avait d’évêque et de diacre, il est très évident que le docteur était un don que pouvait posséder un apôtre, un évêque ou tel autre, ou un homme qui n’avait que le don même d’enseigner.

 

14               Chapitre 12 [classification des ministères]

Du chapitre 12 de M. Wolff sur la classification des ministères

 

Je n’ai pas beaucoup de choses à dire sur ce chapitre. J’exposerai ma pensée sur le sujet qu’il traite quand je parlerai des dons.

Nous avons déjà vu que le ministère était l’exercice d’un don. Le diaconat (διακονια) même est appelé un don (χαρισμα) ; je ne parle pas de la charge de diacre, niais du service du ministère appelé διακονια, Rom. 12:6, 7.

La seule remarque que j’ai à faire ici, c’est que les choses que M. Wolff veut classifier comme des ministères ici, sont présentées comme des dons dans les chapitres cités de la Parole : Éph. 4, δοματα, 1 Cor. 12, χαρισματα ; quoique, selon M. Wolff, le ministère ne soit pas l’exercice d’un don.

J’ajoute que je ne nie pas la distinction d’un ministère de fondation et d’un ministère de propagation, je dirai plutôt d’édification là-dessus, l Cor. 3:10. Au reste, les deux mots se trouvent p. 51, et je reconnais que ce ministère doit se perpétuer d’âge en âge.

Il y a au moins quatorze ans que j’ai insisté sur les mêmes choses auprès de M. Irving, avant que le système auquel il a donné son nom eût éclaté.

 

15               Chapitre 13 [perpétuité du ministère]

Du chapitre 13 de M. Wolff, sur la perpétuité du ministère

 

M. Wolff dit que le ministère durera jusqu’à la fin de l’économie ; que les apôtres et les prophètes, qui sont le fondement, demeurent, gouvernent, prêchent et prophétisent par leurs institutions et par leurs écrits, et qu’il n’y a aucune raison de cesser d’établir des évangélistes et des évêques.

Que le ministère doive exister, voilà un point sur lequel nous sommes d’accord.

Mais d’abord, où l’auteur a-t-il trouvé, comme classification et comme liste des ministères, ce catalogue : apôtres, prophètes, évangélistes et évêques ? C’est une liste purement arbitraire ; elle n’est nullement scripturaire. Un tel arrangement des ministères ne se trouve nulle part dans la Parole.

Il est bien de se souvenir que, pour établir son système M. Wolff est toujours dans la nécessité de changer ce qui se trouve dans la Parole.

De plus, je nie que l’église possède tous les ministères et qu’elle ait, comme M. Wolff le dit, les apôtres et les prophètes. Que, comme fondement, ils aient accompli leur œuvre, que leurs écrits soient d’autorité dans l’église, nous le savons tous ; mais il y avait en eux une autre chose, savoir, l’exercice de leur autorité en puissance, et cela était attaché à leur personne. Ils se recommandaient, les apôtres, par la puissance de Dieu. Ils savaient qu’après leur départ, il entrerait des loups redoutables. Qu’est-ce que leur départ aurait fait, si tout leur ministère subsiste encore ? Si la sagesse en action, l’influence, la promptitude, le discernement des machinations de l’ennemi, le témoignage rendu à Christ subsistaient comme de leur vivant, l’église serait dans un état bien différent de celui où elle se trouve.

Que Dieu suffise à l’église, dans sa grâce, dans tous les temps, c’est une douce et précieuse pensée, mais dire que le ministère de l’apôtre subsiste toujours, c’est dire que la révélation de certaines règles constituait ce ministère tout entier et qu’il n’y avait dans l’apôtre point de puissance ni d’autorité personnelles, c’est méconnaître l’importance de la présence et de la puissance du Saint Esprit. M. Wolff dit lui-même, que l’effet du don de la prophétie était tel, que des incrédules reconnaissaient que Dieu était là, et que cela ne se fait plus. Comment, par conséquent, peut-il prétendre que le ministère du prophète subsiste toujours ? Peut-être dira-t-il que quand le prophète prophétisait, il n’exerçait pas un ministère, mais son don ; mais il ne peut pas s’attendre à ce que des hommes de bon sens s’arrêtent à de telles inepties.

 

16               Chapitre 14 [apostasie de l’Église ?]

Du chapitre 14 de M. Wolff, sur l’apostasie de l’Église

 

J’ai déjà assez écrit sur ce sujet, pour m’épargner ici, à moi-même, la peine d’en dire grand-chose, et à mes lecteurs, l’ennui d’une répétition de ce que j’ai déjà dit ailleurs.

Je dois déclarer que je n’accepte nullement le tableau donné ici de mes opinions. M. Wolff dit « que, de nos jours, une opinion faite pour prospérer au milieu des ruines a de grandes chances de succès ». Ceci est bien extraordinaire, s’il n’y a pas de ruines et si tout est debout comme on le prétend. Si nous sommes au milieu des ruines, cela se comprend ; mais comment arrive-t-il qu’une opinion faite pour prospérer au milieu des ruines ait de nos jours de grandes chances de succès ? Hélas ! la conscience, le cœur, la peur même parlent trop haut pour ne pas se faire entendre quelques fois, malgré des systèmes, et à travers des systèmes artificieusement composés.

Je me permets de dire que l’auteur se trompe beaucoup en ce qu’il avance sur la doctrine des Irvingiens ; ils n’enseignaient pas que l’apostasie existât, mais que le Saint Esprit avait quitté l’église et qu’il y était revenu. L’autorité ecclésiastique était leur idole.

C’est, je crois, parce que l’on n’a pas reconnu que l’église devait être visible que les choses vont si mal.

M. Wolff, et d’autres que lui, s’élèvent avec force contre cette idée que l’église devrait être visible. L’église était au commencement, et elle aurait toujours dû être la manifestation de la gloire de Christ par l’Esprit ; elle a cessé presque entièrement de l’être, et ceux qui ont la gloire de Christ à cœur le sentiront. La gloire de Christ sera pleinement manifestée dans l’église glorifiée ; mais l’église aurait dû la manifester ici-bas.

Voici du reste l’ordre universel :

L’homme responsable, l’homme selon les conseils de Dieu ; Israël responsable, et Israël selon les conseils de Dieu ; l’église responsable, et l’église selon les conseils de Dieu ; nous pourrions ajouter même : Christ responsable, et Christ selon les conseils de Dieu.

Dans tous ces cas, sauf celui de Christ, l’homme a manqué dans la responsabilité où Dieu l’avait placé ; mais cela n’a fait que glorifier la fidélité de Dieu dans l’accomplissement de ses conseils ; cela n’empêche pas que Dieu ne soit juste dans son gouvernement où l’homme a manqué (voir Rom. 8).

Je ne sens pas le besoin de suivre des raisonnements (p. 55) qui veulent faire de l’église un contre-poids du pasteur, comme si c’était une constitution des hommes charnels ; c’est justement cette habitude, purement charnelle du siècle et du pays, qui a fait tant de mal aux âmes et aux troupeaux. Selon moi, le troupeau qui sent que son affaire est d’être un contre-poids à son pasteur est dans un triste état. Je ne suis pas étonné de bien des choses qui sont arrivées, si de tels principes sont approuvés. Tout cela, du reste, n’est qu’ad captum, pour attraper des mouches ; mais, hélas ! tout cela est basé sur le rejet de la présence du Saint Esprit. Au commencement, le Saint Esprit menait tous les fidèles ensemble comme d’un seul cœur ; mais la chair a besoin d’un contre-poids.

Je ne crois pas, comme M. Wolff me le fait dire (p. 55), que les évêques fussent des fonctionnaires destinés spécialement au service extérieur de l’église ; c’est une expression, du reste, un peu obscure.

Qu’il ne soit pas donné à chaque congrégation, d’avoir un pasteur (ce que l’on range parmi les changements pratiques auxquels on prétend que nous avons pourvu dans notre théorie), c’est un fait, c’est un sujet de prières afin que Dieu y porte remède, là où il y en a besoin.

Je crois, en effet, que les évêques étaient placés dans une charge, tandis que dans la Parole de Dieu le ministère est attaché à un don. Je crois que l’évêque était lié à une église particulière, ce qui n’était pas nécessairement le cas du pasteur, parce que celui-ci, selon la Parole, était placé comme jointure dans le corps. Dire qu’un tel pasteur était un apôtre (*), moins les miracles, cela ne fait que démontrer chez l’auteur l’ignorance de ce que c’était qu’un apôtre. Un apôtre fondait les églises que le pasteur ne faisait que paître ; il faisait des ordonnances pour toutes les églises avec l’autorité de Christ ; il choisissait des évêques, il gouvernait toutes les églises quand elles étaient formées. Si l’on ne savait pas de quelle manière les âmes simples sont embrouillées par des assertions hardies, quand il y a l’air d’avoir examiné la Parole, il n’y aurait pas besoin de répondre à de telles accusations, sauf que j’ai toujours remarqué l’effort de mes adversaires pour réduire l’idée de l’église, de l’apostolat et de tout au niveau auquel ils se trouvent eux-mêmes, pour tranquilliser leurs consciences aux dépens de la gloire de Christ et des preuves éclatantes de l’amour de Dieu envers nous.

 

(*) Il est assez singulier que Calvin dise : « Avec cela, les pasteurs ont une charge toute pareille à celle des apôtres, excepté que chaque pasteur doit gouverner une église ». En ce qu’il y a de semblable dans ce que j’ai dit, je crois avoir eu la même pensée que Calvin ; mais, quant à la révélation et au pouvoir de faire des ordonnances, la différence était du tout au tout.

 

M. Wolff entreprend en outre de démontrer quatre choses :

1)                  Que le mot apostasie, 2 Thess. 2:3, n’a trait en aucune façon ni à l’église ni à l’économie [dispensation] (p. 57) ;

2)           Que Rom. 11, surtout vers. 22, ne concerne que l’individu chrétien, que c’est une affaire toute personnelle (p. 57) ;

3)           Que l’état actuel de l’église prouve tout le « contraire » d’une apostasie (p. 58) ;

4)                   Que la notion d’une église visible n’est « autre que celle des papistes » (p. 59 et 60).

 

Nous allons toucher sommairement à ces quatre points, et montrer :

1)           Que le mot apostasie, 2 Thess. 2:3, a trait à l’économie [dispensation] ;

2)           Que le passage Rom. 11:22, concerne l’économie et non pas l’individu chrétien, l’enfant de Dieu ;

3)           Que l’état actuel de l’église, de l’aveu même de M. Wolff, démontre une ruine ;

4)           Que la notion d’église visible est parfaitement scripturaire.

 

16.1                   Le mot apostasie a trait à l’économie [dispensation]

Il est faux que, comme le prétend M. Wolff, dans 2 Thess. 2, il ne soit question que du fils de perdition.

Il y est question :

1) D’un système d’iniquité qui se mettait en train dès le temps de l’apôtre. Et s’il se mettait en train, je demande où ? Était-ce en Chine, ou en Afrique, ou dans ce qui était appelé l’Église ?

Il y est question : 2) D’une apostasie, et 3) De la manifestation du méchant.

Le fils de perdition, l’homme de péché, est présenté comme autre chose que l’apostasie. Il est dit : « à moins que l’apostasie n’arrive premièrement, et que l’homme de péché, le fils de perdition ne soit manifesté ». Et, bien que la manifestation du fils de perdition suive le premier évènement qui éclate, les versets que l’on lit ensuite montrent une puissance de Satan, à l’influence de laquelle seront livrés tous ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité. Est-ce là un mot isolé ? Heureusement que, malgré la folie de quelques uns, la chose presse trop de près pour que tous écoutent ce que presque tous, néanmoins, aimeraient à dire : « Nous sommes riches » expression qui désigne, en peu de mots, la brochure de M. Wolff.

Je recommande à ceux qui se défient des « Plymouthiens », de lire dans l’Essai sur le royaume de Dieu, de M. F. Olivier, qui ne peut pas être suspecté de Plymouthisme, depuis la page 42 jusqu’à la page 69 ; ou plutôt, j’engage les admirateurs des principes de M. Wolff, de bien vouloir lire 2 Thess. 2, d’un bout à l’autre et de décider ensuite s’il n’y a qu’un mot sur le point en question. Du reste de la part de Dieu, un mot dit souvent beaucoup à la fois, et, si le mot amour dit plus, dans la bouche de Dieu, que des volumes n’en pourraient contenir, apostasie parle assez haut à celui qui est attaché à la beauté de l’épouse de Christ et à la gloire de son nom, de quel côté que ce soit qu’elle s’introduise.

 

16.2                   Rom. 16:22, concerne l’économie [la dispensation]

J’ai assez discuté en d’autres écrits Rom. 11, passage toujours appliqué par les chrétiens aux Gentils, ou, au moins, aux Gentils de l’occident, jusqu’à ce que les conséquences en fussent senties. Celui qui peut croire qu’il ne s’agit dans ce passage que d’un individu menacé par la chute d’Israël, et de la chute de quelqu’un qui est debout par la foi, car alors ce n’est pas un principe sur lequel on se tient debout, mais une réalité déjà dans le cœur de l’individu, celui, dis-je qui peut croire que la chute d’Israël, comme économie [dispensation], est appliquée comme menace à un individu réellement debout par la foi, je le laisse sous l’effet de ses vues.

Où est-il parlé de l’église, de l’économie, dit M. Wolff ? Paul répond : « Je parle à vous Gentils en tant que je suis apôtre des Gentils ». N’est-ce pas là l’économie ? Il parle de la réconciliation du monde, en contraste avec le judaïsme, ne s’agit-il pas là de l’économie ? Il parle de la sanctification d’une masse par les prémices ? Il parle d’un olivier sauvage enté ; est-ce qu’un individu est l’olivier sauvage ? et s’il s’adresse à la conscience de l’individu, c’est aux Gentils comme jouissant du privilège de l’économie, et non comme à un individu, qu’il lui parle. Aurait-il pu parler ainsi à un Juif ? Il est clair que non ; il est donc parfaitement sûr que ce n’est pas ici une affaire toute personnelle. L’apôtre parle-t-il d’une affaire toute personnelle, quand il conclut en disant : « Car, mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez ce mystère ; qu’un aveuglement partiel est arrivé à Israël jusqu’à ce que la plénitude des Gentils soit entrée ».

Ce que l’auteur dit (p. 58, point 2), sur deux apostasies est d’une telle force d’absurdité, que je ne sais pas trop comment m’y prendre. Compte-t-il à ce point sur la crédulité de ses lecteurs, ou, est-ce que son ignorance de la Parole l’a trahi ? Il parle, dit-il, de deux apostasies, « ce qui prouverait qu’il n’y a pas d’apostasie en masse et ensuite qu’une apostasie ne détruit pas à jamais l’église, puisque la première sert d’avertissement pour en éviter une seconde ». Est-ce possible ? Mais enfin, il y a deux apostasies. Peut-on seulement lire le chapitre 11 aux Rom : et ne pas voir que ce sont les Juifs qui sont tombés ? Je n’aurais pas pu supposer un tel (il faut le dire, je crois) aveuglement. Quelles sont les branches qui ont été l’objet de la sévérité de Dieu ? Eh bien ! selon M. Wolff, ce passage parle d’une apostasie passée des Juifs (voilà la première) et puis apostasie à venir des Gentils (et voilà la seconde) ; et la première sert d’avertissement pour en éviter une seconde. M. Wolff en ceci, au moins voit clair. Il parle de deux apostasies, d’une apostasie passée et d’une apostasie future ; « la première sert d’avertissement pour en éviter une seconde » c’est parfaitement. Mais alors il est parfaitement clair que la première, dont l’apôtre parle, était des Juifs comme économie retranchée. Eh bien ! la seconde c’est des Gentils, ce qui est aussi très clair, car il dit : « je parle à vous Gentils ». Les Gentils sont menacés de la même chose s’ils ne persévèrent pas dans la bonté de Dieu ; si cette apostasie n’a lieu même que pour les Gentils, M. Wolff n’a guère raison de s’en glorifier ; il n’y avait pas besoin de parler des Juifs comme nation ; cela leur était déjà arrivé.

 

16.3                   L’état actuel de l’église montre une ruine

Quant à ce que l’auteur dit à la page 59, je n’y vois rien que l’esprit de Laodicée. Si M. Wolff, prend la peine de lire Actes 2 ou Actes 4, il comprendra la différence de notre position et de celle qui se trouve dépeinte dans ces chapitres, sans songer à se prévaloir de l’état de l’église de Corinthe, état qui a empêché l’apôtre d’aller seulement voir cette église. Du reste, il est mal tombé en faisant allusion à Sardes, qui selon bien des chrétiens éclairés est une préfiguration du protestantisme ; car (oh ! que les consciences se réveillent !) le Seigneur dit à cette église « souviens-toi de ce que tu as reçu et entendu et le garde et repens-toi ; si donc tu ne veilles pas, je viendrai sur toi comme un larron et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi ».

M. Wolff peut se contenter d’un tel état de choses ; mais je ne crois pas que celui qui prend à cœur les paroles du Seigneur, voulût s’excuser en présence d’une telle menace de sa bouche.

Au reste, il ne s’agit pas de l’apostasie d’une église, mais de l’état de l’économie et de l’église. La foi identifie toujours la gloire de Dieu et le peuple de Dieu, elle peut présenter à Dieu son peuple avec une confiance illimitée, fondée sur la fidélité de Dieu, et ne peut supporter ce qui déshonore Dieu dans son peuple. Ainsi Moïse refuse de recevoir la gloire d’être la nouvelle souche du peuple de Dieu ; il en appelle à la gloire de l’Éternel lui-même qui avait fait sortir le peuple d’Égypte, demandant même d’être effacé du livre plutôt que le peuple ; mais, quand il descend et qu’il voit le péché du peuple, il dit : « que chacun se consacre aujourd’hui sur son frère, son ami, son voisin ». Il prend ensuite sa tente et la dresse hors du camp, l’éloignant du camp. Ceux qui cherchaient l’Éternel allaient au Tabernacle d’assignation (ce nom était une anticipation assez remarquable du tabernacle qui allait être dressé de Dieu) hors du camp.

 

16.4                   La notion d’église visible est scripturaire

La Parole de Dieu, dit-on, ne veut point d’église visible ; c’est-à-dire que la Parole de Dieu ne veut pas la manifestation de la gloire de Dieu et de sa lumière sur la terre dans l’église (voilà la doctrine qui nous est opposée). Elle veut bien que l’église soit une dans la gloire, mais non pas sur la terre. Ici bas il n’y a que des églises.

Une chose certaine, c’est que si ce principe est vrai, toutes les églises nationales, luthériennes et presbytériennes sont des mensonges publics contre la Parole de Dieu ; leur unité est une invention humaine ; elles ne sont pas des églises. La Parole de Dieu ne reconnaît selon la brochure, que l’église en gloire et des églises locales comme à Corinthe, à Sardes.

La chose est très simple et très évidente ; toute la conclusion à tirer d’un tel raisonnement, c’est que ceux qui patronisent et font circuler cette brochure sont disposés à employer tous les moyens pour s’opposer à la vérité qui condamne leur manque de foi.

Ce qu’il y a de pénible là dedans, c’est qu’ils sont contents de sacrifier la gloire de Dieu dans l’église aussi bien que leur propre système, s’ils peuvent seulement engager les âmes à ne pas recevoir la lumière. Leur système n’est pas de la foi. La lumière de la foi écartée, ils espèrent, quoique avec peu de confiance, de la soutenir contre les attaques de l’incrédulité.

Mais il est triste de voir un système, qui se donne le nom d’église de Dieu, être en butte comme les Juifs, à la haine et au mépris des Gentils, d’un côté, et d’avoir contre lui, de l’autre, le témoignage de Christ et de ses apôtres ; un système qui renie ses propres privilèges ; un système assujetti à César, qui ne veut ni reconnaître son esclavage, ni suivre le témoignage de la foi, ce qui est le seul moyen de délivrance ; un système qui mûrit pour le jugement, parce qu’il méconnaît la puissance et les droits du Saint Esprit.

J’ai discuté ce sujet ailleurs.

Le cœur et la conscience doivent reconnaître que l’église devrait être une pour glorifier le Seigneur sur la terre ; l’homme spirituel le reconnaîtra sans raisonnement. Mais il faut produire les témoignages de Dieu pour ceux qui ne le veulent pas, et afin que ceux qui ne désirent que la gloire de Christ soient affermis, et puissent fermer la bouche aux adversaires. Je n’appelle pas adversaires tous ceux qui ont des opinions contraires. Il y a bien des enfants de Dieu ignorants de la vérité sur ce sujet ; il y en a bon nombre aussi qui se font illusion et qui, éblouis par les prétentions de ceux qui s’opposent à la vérité, sont entraînés sans le savoir. M. Rochat, qui avec les dissidents s’opposait à cette vérité, l’a reconnue publiquement. Il a reconnu ce sens du mot église, savoir, l’ensemble des élus sur la terre à une époque donnée. Je suis content de cette définition. Seulement cette expression fait ressortir la cause de l’opposition à cette vérité, c’est que si le mot église a un tel sens il est certain que dans ce sens elle est en ruine. Et ici je prie le chrétien de bien faire attention à ceci, que quand nos adversaires m’accusent de nier qu’il y ait une église sur la terre, c’est en niant eux-mêmes qu’il y en ait jamais eu ; s’il y en avait, certes tout est en ruine. Ils admettent qu’il y avait des églises, mais ils disent qu’il n’y a jamais eu une église. Ils sentent que cela une fois admis, la vérité au sujet de notre état doit être nécessairement admise aussi ; mais, contents d’eux-mêmes, ils nient l’existence d’une église de Christ sur la terre, plutôt que de confesser leur péché.

 

16.5                   De quelques objections au mot ruine

Ces objections, tant de fois répétées, me paraissent puériles et ne démontrent qu’une conscience qui n’aime pas à aborder la question en face. Le mot ruine s’emploie moralement, aussi bien que matériellement, et il est évident que c’est le cas quand on l’applique à l’église. Si je dis qu’un homme est ruiné, l’homme existe toujours ; si je dis que sa réputation est ruinée, ce n’est pas qu’il n’en ait point, mais qu’elle est mauvaise. Si je dis qu’une chose a été la ruine d’un tel homme, il est évident que je parle de l’effet moral de telle ou telle chose et que je ne veux pas dire que l’homme n’existe plus. Nous avons vu d’ailleurs que M. Wolff emploie lui-même ce mot.

Ainsi, quand je dis que l’église est ruinée ou que je parle de la ruine de l’église, c’est dire qu’elle n’est pas du tout dans son état normal ; c’est comme si je disais, par exemple, que la santé d’un homme est ruinée.

Ceux qui s’y opposent, ne voulant pas reconnaître la misère où nous sommes tous, et sentant que si l’église, dans son unité, était au commencement dépositaire de la gloire de Christ, elle ne l’est plus, nient hardiment qu’elle le fût jamais. Repassons donc seulement quelques passages sur ce sujet important ; voici ce que dit M. Wolff, « nous ne nous arrêterons pas à réfuter cette notion de l’église visible, cette notion n’étant autre que celle des papistes », etc. « Pour nous il nous suffit de savoir qu’il est parlé dans l’Écriture d’une église (au singulier) que Dieu a rachetée de son propre sang », etc. « Cette église n’a certes pas apostasié, elle n’a jamais été ni extérieure ni visible. Quand elle sera au complet elle sera visible dans les cieux. Cette église s’appelle toujours dans l’Écriture, au singulier, et d’une manière absolue l’église. — À côté d’elle se trouvent les églises telles que l’église de Jérusalem, l’église de Laodicée, l’église qui est dans la maison de Philémon, ou dans celle de Priscille et Aquille, etc. Ces églises là sont visibles, extérieures, indépendantes les unes des autres ; mais il n’est parlé nulle part de leur unité dans un seul corps. Nous nions que, dans l’Écriture, il soit fait mention d’une troisième église. L’église et les églises. Voilà la seule distinction qu’elle admette. Je sais que l’idée d’une église visible, corps de Christ, est nécessaire à l’invention de l’apostasie et qu’elle lui sert de base ».

Nous retrouvons ici premièrement toute idée de nationalisme renversée de fond en comble. Il y a une église qui n’a jamais été ni extérieure ni visible. Les églises sont indépendantes les unes des autres. — Il faut en effet, où il y a tant soit peu d’activité spirituelle, que les vieux systèmes tombent. Ce qui est singulier, c’est que le grand champion des églises indépendantes, M. Rochat, a dû reconnaître qu’il y a un troisième sens du mot église, et que M. F. Olivier, qui s’oppose aussi aux vues que M. Wolff combat, a dû convenir de l’apostasie dans sa brochure, et qu’il en a donné les détails les plus frappants et les plus pénibles ; seulement, il veut que l’on dise royaume et non pas église ; mais il convient de la chose même. Pour mon compte, j’insiste sur ce point, c’est que le royaume ne peut pas apostasier à cause du roi ; mais laissons cela. — L’apostasie, selon M. Olivier, existe (*).

 

(*) On peut ajouter : et selon M. Gaussen aussi ; car, dans son Souverain Pontife et l’Église de Rome, soutiens de la vérité, etc., il applique, comme l’église réformée de France, 2 Thess. 2 au système papal. L’apostasie donc, selon lui, est arrivée ; et qu’on y fasse bien attention, il ne s’agit pas de l’apostasie d’une église particulière, mais de l’apostasie qui doit amener des jugements qui éclateront lors de la venue du Sauveur. L’on peut consulter encore l’Histoire abrégée de l’Église de Jésus-Christ, etc., Genève 1832, tome 1, pages 94-125, où l’on verra de quelle manière l’auteur parle de l’église, soit dans le texte, soit dans les notes L M, pages 400-404.

 

Maintenant j’en viens aux citations. Le lecteur croira peut-être que Jérusalem, Laodicée, la maison de Philémon sont jetés là au hasard. Pas du tout : ce livre est plein d’art. Il est dit de l’église à Jérusalem : « Le Seigneur ajoutait tous les jours à l’église ceux qui devaient être sauvés ». Si l’église à Jérusalem n’était pas une église particulière, comme l’auteur veut le faire supposer en l’introduisant ainsi comme par hasard, voilà un passage très positif pour l’église une et visible ici bas. Laodicée est choisie, parce qu’il est dit de cette église : « Je la vomirai de ma bouche », et s’il y avait quelque chose de plus qu’une église particulière rejetée, voilà l’église rejetée sur la terre. J’ai cherché à être charitable ; mais cette brochure est remplie de ruses semblables. L’auteur ajoute l’église dans la maison de Philémon afin de pouvoir appliquer les titres et les fonctions d’église à toute petite assemblée. Traduisez l’assemblée dans sa maison et ces idées mystérieuses d’organisation disparaîtront bientôt.

Voyons maintenant ce qui concerne l’église de Jérusalem. Souvenons-nous que l’église une, selon M. Wolff, ne le sera que dans la gloire. « Elle n’a jamais été ni extérieure ni visible. Quand elle sera au complet elle sera visible dans les cieux ».

L’église n’existe donc pas encore, cela est bien clair ; on ne fait qu’en rassembler les membres un à un. Elle n’existe pas, on peut la mettre de côté, sauf dans les cas où la Parole en parle prophétiquement, ou par anticipation, en espérance, réalisée en esprit ; mais toute action appliquée à une église sur la terre ne s’applique pas à elle. Par exemple, il est évident que Héb. 12:23, s’y applique par anticipation ; c’est de l’assemblée tout entière, qui sera visible en gloire, que la Parole parle par anticipation ; assemblée qui, selon moi, était aussi manifestée sur la terre ; mais j’admets l’application que M. Wolff en donne. Cela n’ôte aucune difficulté, car voici ce qui est dit de l’église à Jérusalem : « Tous ceux qui croyaient était ensemble en un même lieu, et ils avaient toutes choses communes, et le Seigneur ajoutait tous les jours à l’église ceux qui devaient être sauvés ». Voilà une église qui était une église une et visible ; cela est très clair ; mais il n’est pas dit que le Seigneur ajoutât à l’église de JÉRUSALEM ceux qui devaient être sauvés (c’est le mot employé pour désigner les épargnés parmi les Juifs, le résidu selon l’élection de grâce), mais il les ajoutait à l’église. Souvenons-nous qu’il y avait des personnes de toutes nations sous le ciel, mais que Jérusalem était encore le centre de l’opération du Saint Esprit. C’est là que Dieu avait commencé à rassembler les élus ; ils n’avaient été rassemblés nulle part ailleurs. Dieu, dans sa souveraine providence, rassemble des Juifs de tous les côtés, et par la puissance de l’Esprit, forme, au nom de Christ, une assemblée où se trouvent les douze apôtres. Peut-on croire que quand le Saint Esprit nomme cela l’Église, il ne parle que d’une église indépendante d’autres églises ? Jamais il n’est dit ailleurs, d’une église particulière : Dieu ajoutait à l’Église ceux qui devaient être sauvés. Cela se comprend lorsque Dieu, prêt à juger les Juifs et Jérusalem, transportait ses élus, jour par jour, dans un autre système, dans l’église. Plus tard, ce corps envoie des décrets partout ; est-ce que cela ressemble à l’indépendance des églises dont Jérusalem n’était qu’une seule ? Enfin, il n’est pas dit que Dieu ajoutait à l’église de Jérusalem, mais à l’église, à une église (au singulier) et d’une manière absolue à l’église, selon les termes mêmes de l’auteur, p. 60.

Le passage Actes 20:28, que l’auteur cite en faveur de son opinion, ne se prête guère à l’interprétation que l’on veut lui donner ; car il serait difficile de dire comment des anciens pouvaient paître l’église, si celle-ci n’était ni extérieure, ni visible, et si, en effet, comme église elle n’existe pas même encore ! Si, comme M. Wolff le dit ici (p. 61), Actes 20:28, s’applique à ce qui se compose des premiers nés dont les noms sont inscrits dans les cieux, ce n’était donc pas le troupeau d’Éphèse, et il en convient : « C’est une église, dit-il, au singulier », une église qui n’est pas visible, mais qui le sera dans les cieux. Mais, dans ce cas, comment la paître sur la terre, si elle n’y existait pas ? car c’est là l’église que l’on doit paître, laquelle Christ a acquise, cette église au singulier, donc elle était sur la terre, et c’était un troupeau de Dieu dont les évêques pouvaient s’occuper selon leur place.

Mais il y a des passages trop évidents pour qu’il soit nécessaire de faire beaucoup de raisonnements. Paul donne à Timothée des directions, « afin, lui dit-il, que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’église du Dieu vivant, colonne et appui de la vérité », 1 Tim. 3:15. On ne peut pas dire cela d’une église particulière, sinon comme occasion, comme cela est arrivé au sujet d’Éphèse, Actes 20:28. Eh bien ! il est clair qu’il ne s’agit pas de la conduite de Timothée dans l’église rassemblée en haut dans la gloire. Donc, l’église au singulier, la maison de Dieu, la colonne et l’appui de la vérité, c’était quelque chose de reconnu de Dieu sur la terre.

En Éph. 4:4, nous avons un esprit et un corps ; les chrétiens étant édifiés ensemble, Juifs et Gentils, pour être un tabernacle de Dieu en Esprit. Voilà notre vocation. Mais, dans ce cas, tout le corps, bien ajusté et serré ensemble, prend accroissement par l’action des membres, selon la vigueur qui est dans la mesure de chaque partie pour l’édification de soi-même en charité. Voilà donc expressément l’unité du corps SUR LA TERRE.

1 Cor. 12:13 : « Nous avons tous été baptisés d’un même Esprit pour être un seul corps ». Aux versets 27, 28 : « Vous êtes le corps de Christ et vous êtes ses membres chacun en particulier ; et Dieu a mis dans l’Église d’abord des apôtres… puis des miracles, dons de guérisons ». Voilà l’église au singulier d’une manière absolue ; il est bien certain que les apôtres n’étaient pas tous dans l’église de Corinthe, et non moins certain que les dons de guérisons n’étaient pas dans le ciel. C’est un passage qui ne demande pas de raisonnements.

L’unité du corps de l’église sur la terre, voilà ce que ce passage affirme d’une manière expresse (*).

 

(*) On peut consulter encore : Matth. 16:18 ; Gal. 1:13 ; Éph. 3:10, 21 ; 5:24, 29, 32 ; Philip. 3:6 ; Col 1:24

 

Jean 17 : le Seigneur demande que ceux qui croiraient par les paroles des apôtres fussent un, afin que le monde crût que le Père l’avait envoyé. Il ajoute ensuite sans prier : « La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée, afin qu’ils soient consommés en un et afin que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé ». Voilà donc la gloire présentée comme moyen d’être consommés en un et comme moyen de faire connaître au monde que le Père a envoyé Jésus, que le Père aime tous ceux que Jésus a sauvés comme il aime Jésus lui-même. Et Jésus prie aussi qu’ils soient un, ceux qui croient par la parole des apôtres, afin que le monde croie ; cela doit évidemment avoir lieu sur la terre, comme la gloire aura lieu dans les cieux.

L’auteur des thèses a senti toute l’importance de cette question. Si l’unité de l’église sur la terre est une vérité, il comprend qu’il ne saurait nier l’état actuel des choses ; mais il est évident que pour échapper à l’effet d’une telle vérité, et au jugement qu’une telle vérité porte sur leur position, ces personnes nient une vérité positivement annoncée dans la Parole et une vérité des plus précieuses.

M. Wolff passe, sans s’y arrêter, sur le chapitre 3 de la seconde épître à Timothée et sur l’épître de Jude, en disant qu’il y est si peu question de l’apostasie de l’église, etc. (p. 60). Il ne me semble pas que dire qu’il y aurait des temps fâcheux où les hommes auraient la forme de la piété en en reniant la force, ce ne soit rien dire de la chute ou de la ruine de l’économie. Le premier de ces passages est une description de l’état général des choses dans la chrétienté, état qui démontre que ceux qui professent le christianisme sont devenus corrompus comme les anciens païens ; car ce qui est dit au 2 Tim. 3 de la chrétienté, est fort pareil au tableau que le chapitre 1 aux Rom. trace de la corruption des païens. Quant à l’épître de Jude, ce qu’elle dit de personnes qui étaient déjà entrées dans l’église et qui seraient l’objet des jugements de Christ sur les impies, me paraît être une circonstance assez importante ; c’est une révélation assez grave que celle qui montre que c’était dans le sein de l’église que se trouvaient les objets des plus terribles jugements de Dieu. Il paraît que M. Wolff y attache peu d’importance ; mais c’est attacher, hélas ! peu d’importance à la gloire de Dieu dans son peuple. C’est là le mal affreux que ces brochures décèlent.

Quant aux progrès du mal, du mystère d’iniquité, voici ce que j’ai à en dire. On peut bien présenter cette difficulté, que c’est la chrétienté et non pas l’église qui est dans cet état de ruine.

Voici ma réponse :

Le mal a commencé dans l’église ; les chrétiens sont tombés, en principe, dans le judaïsme. La porte a été ouverte à de faux frères, ce qui, peu à peu, a formé la chrétienté ! L’église a ainsi perdu son unité, sa puissance et sa sainteté, et a cessé de rendre témoignage à Dieu dans le monde ; et ce qui s’appelle l’église est actuellement le centre et la puissance du mal et de la corruption dans le monde. À la suite de tout cela, il y aura une révolte ouverte, et le méchant, l’homme de péché, sera manifesté ; de sorte que la faute a commencé par l’église, par les chrétiens. De plus, quand même les chrétiens se séparent de ce mal (2 Tim. 3:5), cela n’empêche pas que l’état de choses, que l’économie soit toute gâtée, ni que Dieu y mette fin par ses jugements pour faire place à Christ et à sa gloire. Ainsi, bien que les élus soient glorifiés avec lui, il n’en est pas moins vrai que tout sera retranché ici-bas : c’est ainsi que Dieu a mis fin au royaume de Saül, pour faire place à David, et au judaïsme, pour faire place à l’église, quoiqu’il ait sauvé les élus dans tous les temps. Les portes du Hadès ne prévaudront point contre l’église, mais c’est la résurrection qui en sera la démonstration ; car le Fils du Dieu vivant est plus puissant que celui qui a l’empire de la mort. Cela n’empêche pas que Dieu retire ses élus dans le ciel, afin de faire venir ses jugements sur les habitants de la terre, pour détruire ceux qui corrompent la terre.

La repentance d’une église particulière n’est pas le relèvement d’une économie déchue, ainsi que M. Wolff le prétend, p. 63, point 3 et p. 64, point 4, alléguant même l’exemple de l’économie judaïque dans ses chutes et ses relèvements ; car, enfin, on est, comme on le voit, réduit à parler de la chute d’une économie. L’auteur va même jusqu’à dire (p. 64, point 4) que « toutes les fois qu’il y a eu des hommes craignant Dieu, ils ont rétabli l’économie tout entière, et ont participé à toutes ses bénédictions ». Ceci est d’une hardiesse inconcevable. Est-ce que la fidélité de quelques hommes craignant Dieu a rétabli l’unité des royaumes d’Israël et de Juda ? A-t-elle abattu les veaux d’or ? a-t-elle identifié les Israélites avec le temple et l’autel de Dieu ? Jamais. Est-ce que la piété de Josias a détourné de Juda la colère de Dieu ? Non : — après le récit de ce que fit Josias, qui se retourna vers Dieu de tout son cœur, et de toute son âme, et de toute sa force ? (2 Rois 23:25). Il est ajouté (vers. 26) : « Toutefois l’Éternel ne revint point de l’ardeur de sa grande colère de laquelle il avait été embrasé contre Juda, à cause de tout ce que Manassé avait fait pour l’irriter ». — Est-ce que l’économie tout entière a été rétablie ? Est-ce que ces hommes craignant Dieu ont participé à toutes les bénédictions de l’économie, quand ils ont dit, comme Ésaïe : « Nous avons tâtonné après les parois comme des aveugles ; nous avons bronché en plein midi. Nous rugissons tous comme des ours, et nous ne cessons de gémir comme des colombes ; nous attendions le jugement, et il n’y en a point ; la délivrance, et elle s’est éloignée de nous. Car nos forfaits se sont multipliés devant toi, etc. » (És. 59:10-12). Est-ce que les hommes craignant Dieu ont participé à toutes les bénédictions, quand Jérémie a dit que celui qui s’enfuirait vers les Chaldéens sauverait sa vie ? (Jér. 21:9). Est-ce que l’on jouissait de toutes les bénédictions de l’économie, quand il y en avait 7000 qui n’avaient pas fléchi le genou devant Bahal ? Est-ce après la captivité de Babylone, quand il n’y avait plus d’arche, plus d’Urim et de Thummim ? Car ce n’est que plus tard que Dieu a mis fin à toute espérance, quand ils ont rejeté le témoignage du Messie. Est-ce que quelqu’un ose dire que les Juifs jouissaient de toutes les bénédictions de l’économie, quand, selon M. Wolff, Jésus l’a reconnu avec toutes ses institutions ? Était-ce jouir de toutes les bénédictions de l’économie, que d’être assujettis aux Gentils, et d’avoir été livrés par Dieu entre leurs mains ? (Voir Néh. 9:36, 37). Était-ce jouir de toutes les bénédictions de l’économie, que d’acheter la souveraine sacrificature à prix d’argent ? Je ne suis pas étonné que celui qui peut parler des Juifs comme jouissant de toutes les bénédictions de l’économie, trouve l’église aussi bien qu’au commencement. Le parallèle de M. Wolff est assez juste. Quant à moi, je ne vois qu’une chose, la foi de la sainte femme qui parlait de la venue de Jésus à tous ceux qui attendaient la rédemption en Israël. Il parait que, d’un côté, ces gens qui attendaient la rédemption en Israël se connaissaient l’un l’autre, et que, d’un autre côté, ils connaissaient la ruine et le jugement qui était tombé sur Israël, parce que les Israélites aussi croyaient qu’ils jouissaient de toutes les bénédictions de l’économie, et parce qu’ils se croyaient riches, n’ayant besoin de rien. C’est ainsi que la lumière qui était venue en grâce, a été trouvée être en jugement. Dans ce sens, Christ a renversé l’économie Judaïque ; mais à qui la faute ? Qui est-ce qui, d’un côté, a dit : Je suis venu dans le monde pour le jugement, afin que ceux qui ne voyaient pas, voient, et afin que ceux qui voyaient devinssent aveugles ? et qui est-ce, de l’autre, qui a jugé qu’il fallait se débarrasser de Jésus pour empêcher les conséquences que leur folie, en agissant ainsi, a fait tomber sur leur tête ? Quand le combat est là, il n’y a de la sagesse que dans la foi. Mais j’admets que celui qui trouve qu’Israël a joui de toutes les bénédictions de l’économie jusqu’au temps de la venue de Christ même, et que l’histoire d’Israël est une preuve qu’une économie ne peut pas faire chute ni être retranchée, celui, dis-je, qui peut dire qu’Israël est une preuve de cela, Israël privé de tout, Israël sur le front duquel Dieu a écrit Lo-Ammi, pas mon peuple, celui-là peut très bien croire la même chose aussi de lui-même et de l’église de Dieu. Mais comment dépeindrai-je mon angoisse en insistant sur ces choses ? Je sens que plus la lumière leur est présentée avec instance, plus ceux que j’aime, (pour lesquels je pourrais dire, avec saint Paul ou Moïse : Efface-moi plutôt de ton livre, car je ne peux m’empêcher de voir que ce qui maintenant est une économie déchue, était jadis l’épouse chérie de Christ, qu’elle est toujours telle quant à sa responsabilité et à son devoir) je sens que plus la lumière leur est présentée avec instance, plus elle est pressée sur eux, plus ils s’enfonceront dans les ténèbres. Mais que faire ? Peut-on laisser ceux qui aiment la lumière sans avertissement quand les jugements s’approchent ? On ne le peut pas. Que Dieu nous donne seulement de nous conduire par son Esprit dans la charité, et avec une patience qui ne se fatigue jamais à leur égard, et de lui remettre tout le reste.

L’auteur ne se borne pas là : il ajoute, p. 64, point 5 que parler de la ruine de l’économie, c’est faire un outrage à Dieu, et autres choses encore ; mais il n’est pas nécessaire de répondre à des déclamations.

Dieu ayant placé l’homme sous sa responsabilité, fera abonder le mensonge de l’homme à sa gloire, je n’en doute pas ; mais il ne manquera pas néanmoins de juger sa méchanceté à cause de cela. Il n’y a qu’un très petit nombre d’entre les élus qui aient joui des premières bénédictions d’Israël ; et certes, parmi les dix tribus, on n’en jouissait pas. Et que voyons-nous dans l’Église ? Déjà du temps de saint Paul, il disait : tous cherchent leur propre intérêt, personne les intérêts de Jésus-Christ (Phil. 2) ; et il savait que le mal entrerait après son départ (Actes 20).

Selon M. Wolff lui-même, il n’y a pas un seul don qui reste ; il est pour le moins singulier si l’on jouit de toutes les bénédictions de l’économie, qu’il ne reste pas un seul don. Enfin l’auteur, allant plus loin encore, dit, p. 65, point 6, que « si l’économie est ruinée, nous sommes sans ordres, sans directions de Dieu ; nous n’avons plus droit à l’usage des sacrements, et au culte commun des fidèles ; il ne nous reste de l’économie que ses ruines ; il n’y a pas dans l’Écriture un seul précepte, un seul commandement du Seigneur qui nous soit applicable et que nous soyons tenus d’observer. Nous ne saurions ni atteindre la sainteté recommandée aux premiers chrétiens, ni porter aucune responsabilité, etc. ». Il est possible que l’auteur ne puisse rien trouver, si tout n’est pas là. Moi, je crois que « le secret de l’Éternel est avec celui qui le craint », et qu’il lui montrera son alliance. Je crois que le ministère subsiste, et que, quoiqu’il n’y ait personne qui puisse ordonner ou régler toutes choses comme le ferait un apôtre, il n’en demeure pas moins vrai que, « là où deux ou trois se trouvent réunis au nom de Jésus, il s’y trouve » ; et que la Parole de Dieu pourvoit aux besoins de son peuple dans leur état actuel comme dans tout autre état. Quand, par ses jugements, Dieu avait privé Israël des prophètes et de l’Urim et du Thummim, l’auteur aurait pu faire les mêmes plaintes et les mêmes déclamations ; déclamations que je trouve peu à propos dans la bouche de celui qui déclare qu’il ne reste pas un seul don à l’église. Cela ferait supposer que, dans l’opinion de l’auteur, les dons n’étaient pas un moyen de sanctification. Mais il y a des préceptes pour les temps fâcheux, comme il y en avait pour les temps de bénédiction, où une grande grâce était sur tous, et où personne ne disait que quelque chose qui lui appartenait fût à lui (Actes 4). Dieu n’abandonne jamais son peuple.

 

17               Chapitre 15 [le ministère est-il l’exercice d’un don ?]

Du chapitre 15 de M. Wolff, où il montre que le ministère n’est pas l’exercice d’un don

 

J’ai déjà répondu à ce chapitre. Il n’y a besoin que de rappeler le passage de saint Pierre : « Selon que chacun a reçu le don (χαρισμα), qu’il l’exerce dans son ministère (αυτο διακονουντες) comme bon dispensateur de la différente grâce de Dieu ».

M. Wolff dit, « le ministère n’est pas l’exercice d’un don ». La Parole dit, en autant de termes, 1 Pierre 4:10, que le ministère est l’exercice d’un don. M. Wolff cite ce passage comme parlant des dons proprement dits, afin de démontrer qu’un tel don ne peut exister maintenant ; mais il faut une singulière préoccupation pour ne pas voir que ministère et don sont absolument identifiés dans ce passage.

De plus, tous les passages cités par M. Wolff, comme fournissant des classifications des ministères, sont, dans la Parole, des listes de dons (δοματα, Éph. 4 ; χαρισματα, 1 Cor. 12). L’idée d’un ministère maximum des dons est pour moi toute nouvelle. C’était peut-être, en effet, le principe des dissidents que de choisir la personne qui avait à leurs yeux le plus de dons. Que des dons inférieurs ne s’exercent pas quand il y a des dons supérieurs, cela peut arriver, et arriver en bien ou en mal. Les esprits des prophètes étaient assujettis aux prophètes, tout miraculeux même que fût le don. Supprimer un don inférieur est un mal ; mais si, dans un cas donné, il y a, selon l’Esprit, dans telle ou telle occasion, plus d’édification dans un don supérieur, la règle de la Parole est que tout se fasse pour l’édification. Le fait que saint Paul a parlé toute la nuit ne démontre nullement qu’il n’y eût pas de dons en Troade ; pas plus que son discours à Milet ne démontre que les évêques d’Éphèse n’en eussent point. Dans le cas des évêques, il ne s’agissait pas de dons, sauf partiellement de celui de paître ; mais cela ne touche pas tout le reste du ministère.

Que l’on reviendrait d’un endroit évêque, parce que l’on a exercé son don où cela pourrait être profitable aux frères, ce n’est là qu’un rêve de l’auteur (*). L’évêque est une charge, et, selon l’auteur lui-même, charge et don sont deux choses distinctes. Une église ne peut pas limiter le nombre de ses ministres, parce que les ministres ne sont pas ses ministres, mais ceux de Jésus-Christ, exerçant leur don comme service dans le corps. La Parole de Dieu donne des règles pour l’édification des assemblées, afin que tous parlent, et que tous soient édifiés ; pour cela pasteur ou prophète ne fait rien, il s’agit d’un raisonnement abstrait des inconvénients qui résulteraient de plusieurs dons.

 

(*) C’est un rêve qu’il veut que l’on réalise, p.44.

 

Dire que 1 Cor. 12:4, 5, 28, distingue les dons et le ministère, c’est là un triste spécimen d’interprétation. Nous en parlerons en discutant la cessation des dons.

 

18               Chapitre 16 [Le Saint Esprit, sa fonction, ses dons]

Du chapitre 16 de M. Wolff, où cet auteur prétend établir, par 25 raisons, que les dons du Saint Esprit ont tous cessé

 

L’auteur commence sa démonstration par une confession assez importante, à savoir que l’existence des dons, à côté du ministre, est impossible ; à côté du moins, d’un ministère tel que M. Wolff le veut. Pour que son ministère existe, il faut que les dons aient absolument cessé. Je le crois : c’est sur ce point le système papiste, c’est-à-dire un ministère qui a l’autorité de Dieu, ayant vocation de lui sans dépendre du Saint Esprit, ni découler de son énergie ; ni participer à ses dons ; et cela est tellement vrai que, s’il y avait des dons, il ne pourrait plus subsister. Il est important de bien saisir cette position. La base de toute la brochure, c’est l’incompatibilité absolue du ministère, (selon le système de M. Wolff et de son parti), et l’existence de l’énergie et des dons du Saint Esprit. — Oui, l’auteur le dit p. 69 : « Prétendre à l’existence actuelle des dons, c’est établir à côté du ministère un pouvoir rival qui l’entrave, qui l’énerve, et qui, en se mettant au-dessus de lui, finit ou par le tuer, ou par le forcer à se jeter dans le despotisme clérical pour maintenir son rang et sa dignité ». Quelle confession ! Au moins peut-on bénir Dieu de ce qu’il a forcé nos adversaires à avouer ainsi la vérité quant à leur système. Il faut exclure le Saint Esprit ! C’est ce qui m’a décidé sur ce point il y a bien des années ; mais je ne m’attendais pas à en trouver un aveu public.

L’auteur veut éviter de soulever tout le monde contre lui en admettant l’exhortation fraternelle ; mais cette ressource, la Parole la lui ôte ; car l’exhortation est un don selon la Parole (un χαρισμα), Rom. 12:6-8.

Ce sujet, qui est très important, vaut la peine d’être examiné un peu à fond.

La source de l’erreur sur les dons, selon M. Wolff, p. 70, point 1, vient de ce que l’on a confondu le don du Saint Esprit avec les dons ou les grâces du Saint Esprit.

J’admets la différence qui existe entre le don du Saint Esprit, et les dons du Saint Esprit, mais pas du tout pour les raisons que donne M. Wolff ; raisons qui me paraissent fausses et contradictoires, et qui renversent tout l’enseignement de la Parole de Dieu sur ce sujet. Quand on parle du don du Saint Esprit, c’est le Saint Esprit lui-même qui est donné : l’expression elle-même ne se trouve qu’une seule fois directement dans la Parole ; cependant il y est fait allusion ailleurs. Quand on parle des dons du Saint Esprit, on parle de ce que le Saint Esprit a donné. — Comme, par exemple, 1 Cor. 12:8 : « Car à l’un est donnée par l’Esprit la Parole de sagesse, et à l’autre par le même Esprit la Parole de connaissance, etc. » Évidemment ce sont là des dons du Saint Esprit, et non pas le don du Saint Esprit, c’est-à-dire le Saint Esprit donné. Mais M. Wolff confond tout cela.

J’admets que χαρισμα s’emploie pour les dons que donnait le Saint Esprit ; mais ce mot s’emploie d’une manière beaucoup plus générale : aussi M. Wolff se contredit lui-même en disant exclusivement, comme nous le verrons ; mais nous en parlerons plus tard. Qu’il suffise pour un moment que j’admette l’emploi du mot χαρισμα non comme le seul mot employé pour des dons, mais quand il s’agit des dons, ces dons sont les dons du Saint Esprit.

Voyons maintenant ce qui nous manque absolument selon le système de M. Wolff, qui veut que les dons n’existent plus ; examinons dans ce but, les choses auxquelles ce mot s’applique dans la Parole.

Dans le chap. 12 aux Romains nous trouvons l’énumération suivante : prophétie, ministère ou service, enseignement, exhortation, présidence, exercice de miséricorde. Je m’arrête là, parce que dans ce qui suit, la grâce pratique prend la place des dons, par une espèce de transition insensible. « Que la charité soit sincère » : voilà ce qui suit ; mais toutes les choses que j’ai citées sont des χαρισματα : — Ces choses n’existent plus dans l’église selon M. Wolff.

Dans la première épître aux Corinthiens 12:8-11, on voit que c’est par l’Esprit que sont donnés la parole de sagesse, la parole de connaissance, la foi, les dons de guérison, les miracles, la prophétie, le discernement des esprits, les langues, l’interprétation des langues : c’est l’Esprit qui opère ces choses, v. 11. Plus bas, v. 28, apôtres, prophètes, docteurs, miracles, dons de guérison, aides, gouvernements, langues ; toutes ces choses sont des dons. — En conséquence, selon M. Wolff toutes ces choses manquent à l’église.

Nous lisons, 1 Pierre 4:10, 11 : « si quelqu’un parle, si quelqu’un sert, ou exerce le ministère ». Ces choses aussi, parler, exercer un ministère sont des dons, des χαρισματα : en conséquence ces choses manquent, selon M. Wolff.

Que l’on ne suppose pas que je force les choses. L’auteur, p. 71, cite ces passages, à l’exception de 1 Pierre 4:11, comme les dons qui n’existent plus : il ajoute p. 74, que « quiconque parle dans l’église, n’a certes pas pour cela un don ». Non seulement donc il n’y a, et ne peut y avoir ni des miracles, ni des langues ; mais il ne peut y avoir non plus ni enseignement, ni ministère (ou service), ni exhortation, ni présidence, ni foi, ni gouvernement, ni parole de sagesse, ni parole de connaissance, pas plus que des apôtres ou des prophètes ; on ne peut ni parler, ni servir non plus, car si quelqu’un parle il est tenu à le faire comme un don χαρισμα. Malgré tout cela, l’on nous dit que là où il y quelques hommes fidèles, l’on jouit de toutes les bénédictions de l’économie ! !

Voilà en prenant les mots et les passages, selon l’interprétation de M. Wolff, l’effet de ses principes.

Mais de plus, il y a un passage où il s’agit des dons, passage que M. Wolff a omis ; c’est Éph. 4 ; il est vrai que le mot χαρισμα ne s’y trouve pas ; mais ce sont également des dons, et des dons présentés sous le même caractère que 1 Cor. 12, présentés sous un rapport très important, comme étant des membres du corps. Éph. 4 : Il y a un Esprit et un corps, et Christ étant monté en haut a donné des dons aux hommes (δοματα) : apôtres, prophètes, évangélistes, docteurs et pasteurs. M. Wolff veut peut-être que ce soient des ministères, mais la Parole les appelle des dons (δοματα) et non pas des ministères. — Et il s’agit du corps qui répond à un seul Esprit (v. 4) aussi bien que dans le passage de 1 Cor. 12 ; l’église étant le tabernacle de Dieu par l’Esprit (Éph. 2:22). Ainsi, toujours selon M. Wolff il n’y a ni pasteurs, ni évangélistes non plus, si les dons n’existent plus. — On a beau dire qu’ils sont admis comme des ministères ; la Parole de Dieu ne nous les présente que comme des dons ; nous sommes ici non pas pour inventer un système, mais pour recevoir ce que la Parole révèle et déclare. C’est ce que M. Wolff prétend faire ; dans ce cas je lui demande dans quel passage ces choses sont présentées comme des ministères et non pas comme des dons ; sauf, ce qui est vrai et ce qu’il nie, que la Parole de Dieu présente, de la manière la plus positive, le ministère comme l’exercice d’un don. Qu’on lise, Rom. 12 ; 1 Cor. 12 ; Éph. 4 ; et 1 Pierre 4:10, 11, et qu’on nous dise si ces choses sont présentées comme des dons ou non : si ce sont des dons, il ne faut plus, suivant M. Wolff, les chercher aujourd’hui dans l’église, les dons ayant cessé.

Mais il y a encore quelque chose à faire remarquer sur l’emploi des mots. Premièrement le mot χαρισμα est employé très généralement dans la Parole pour un don gratuit, comme dans Rom. 5:15, où il est employé indifféremment avec δωρεα et χαρις et δωρημα. La différence est que χαρισμα et δωρημα signifient plutôt la chose donnée ; δωρεα et χαρις, le premier la gratuité du don, comme voulant exprimer que c’est un don, et pas autre chose ; le dernier, χαρις, exprime la grâce, le principe en vertu duquel on donne gratuitement.

Il y a quelque chose de plus. M. Wolff distingue (p. 70, point 1), « le don du Saint Esprit, que reçoit tout fidèle lorsqu’il croit, et les dons surnaturels, qui sont produits par le même Esprit ».

Quoique l’on puisse recevoir maintenant le Saint Esprit à l’instant même où l’on croit, il est néanmoins évident que les disciples, ayant cru, n’avaient pas reçu le Saint Esprit pendant la vie de Christ. Il est dit (Jean 7:3, 9) : il parlait du Saint Esprit que ceux qui croyaient en lui devaient recevoir ; et Pierre dit aux Juifs : « Repentez -vous et soyez baptisés, et vous recevrez le don du Saint Esprit ». Je suppose que c’est là recevoir le Saint Esprit lorsqu’on croit. Or, c’est là δωρεα, le don du Saint Esprit ; mais ce mot est employé pour désigner le don du Saint Esprit que Corneille a reçu (Actes 10:45), don duquel saint Pierre dit que c’était la même chose que ce qu’eux mêmes avaient reçu à la Pentecôte (Actes 10:47). Il est sûr que quand le Seigneur parle (Jean 7:39) du Saint Esprit que ceux qui croyaient devaient recevoir, car le Saint Esprit n’était pas encore, il ne parle pas de la grâce de croire, mais de ce qui est arrivé le jour de la Pentecôte, de ce qui est arrivé à Corneille, à ceux de Samarie, de ce don duquel saint Pierre dit : « La promesse est à vous et à vos enfants, et à ceux qui sont loin, savoir, à tous ceux que le Seigneur votre Dieu appellera ». Mais, dans tous ces cas, c’était recevoir le Saint Esprit après avoir cru. Voyez Actes 2:38 ; 10:46 ; 11:17 ; 8:20.

Eh bien ! tout cela, selon M. Wolff, n’était que des dons miraculeux, des dons indépendants du don du Saint Esprit. Peu importe que le Seigneur ait dit : « Le Saint Esprit que recevraient ceux qui croyaient » ; — peu importe que saint Pierre ait dit : « Vous recevrez le don du Saint Esprit » ; — peu importe que les Actes disent (8) : « Car il n’était descendu sur aucun d’eux » ; — et que Simon ait vu que l’on recevait ainsi le Saint Esprit, que le Saint Esprit était donné ainsi. Peu importe que Pierre l’ait appelé le don de Dieu, δωρεαν ; — peu importe que ce don soit la promesse du Père (Actes 1:4 ; 2:33), savoir, le Consolateur dont avait parlé Celui qui était maintenant monté vers le Père. (Comp. Éph. 4 ; Actes 2:33 ; Jean 16 ; Luc 24:49) — Peu importe que ce Consolateur dût DEMEURER ÉTERNELLEMENT avec l’église, et que la promesse fût (Actes 3) pour tous ceux que le Seigneur appellerait. Tout cela, ce n’était que des dons miraculeux et indépendants du don du Saint Esprit, et tout par conséquent a complètement et également cessé. Ce sont les seuls passages qui parlent du don du Saint Esprit, de recevoir le Saint Esprit. Pag. 73, point 15, M. Wolff dispose des passages Actes 10:45 ; 11:17 ; 2:4, 33, 38.— Pag. 71, point 6, il dispose de Actes 8 : tout cela, selon lui, était indépendant du don du Saint Esprit ; c’étaient des dons miraculeux. Mais le fait est qu’il faut aussi disposer de la même manière du sceau du Saint Esprit (Éph. 4:30 ; 1:13) ; car c’est le Saint Esprit de la promesse. Voyez Actes 2:33, 38 ; 1:4 ; Luc 24:49.

Souvenons-nous que, quoique M. Wolff dispose de ces passages comme des dons miraculeux, ce sont les passages qui parlent du don du Saint Esprit δωρεαν qu’il distingue (10, point 7) des dons χαρισματα, et qui aussi en même temps ne sont pas le don du Saint Esprit, mais les dons qui ont cessé : c’est-à-dire, que tout le système est faux d’un bout à l’autre, et qu’il n’est rien que confusion. C’était le Saint Esprit que l’on recevait, quelles que fussent les manifestations de sa présence.

J’admets la différence entre le don du Saint Esprit et les dons que le Saint Esprit donnait ; mais j’affirme que ce qui a été donné à la Pentecôte, à Samarie, à Joppé, c’était le don du Saint Esprit, qui était promis : — je l’affirme, parce que la Parole le dit dans les passages cités.

Ayant démontré la fausseté et les contradictions du système de M. Wolff, je montrerai ce que la Parole de Dieu dit sur ce sujet, sujet d’une grande importance.

Premièrement, quoique le Saint Esprit ait agi depuis le commencement en création ; quoiqu’il ait dès lors agi dans l’âme, qu’il ait agi dans les prophètes et en d’autres comme un être divin, comme Dieu, se servant d’eux comme de ses instruments, il n’était pas encore descendu pour prendre place et demeurer sur la terre, comme il l’a fait dans l’église. La glorification de Christ, du Fils de l’Homme, était pour cela nécessaire. Voilà ce qui est dit en Jean 7:39 ; 14 ; 15 ; 16 ; — Luc 24:49, — et au commencement des Actes, comme par exemple Actes 2:33, passage déjà cité : Christ glorifié, monté en haut, envoie de la part du Père, et le Père envoie en son nom cet autre Consolateur qui devait demeurer éternellement, l’Esprit de vérité, le Saint Esprit. Ce Consolateur, témoin de la gloire de Christ, était le sceau de la foi à cette gloire, et le révélateur de toute la vérité. Lui-même, le Dieu d’amour et fruit de cet amour pour l’âme, le répandait dans le cœur ; c’était le Saint Esprit lui-même qui était donné ; le Saint Esprit qui avait été promis et qui était sceau de la foi, le sceau de celui qui croyait, Jean 7 ; Éph. 1:13 ; 2 Cor. 1:21, 22. Que ce fût le Saint Esprit lui-même qui était ainsi donné, c’est ce que démontrent les passages cités de Jean et de Luc, et leur accomplissement au commencement des Actes.

Nous avons vu que ce don devait demeurer éternellement, et qu’il était pour tous ceux que le Seigneur appellerait. Nous pouvons ajouter que nous sommes édifiés ensemble pour être le tabernacle de Dieu par l’Esprit, et que le Saint Esprit demeure non seulement dans l’individu, mais dans le corps ; vérité que M. Wolff a entièrement perdue de vue, sauf à nier l’unité qui en résulte. Voyez Éph. 2:21, 22 ; 1 Cor. 3:9, 16 ; Éph. 4:4.

Voyons maintenant quels sont les effets de la présence du Saint Esprit, de ce don glorieux de Dieu.

Souvenons-nous que la Parole de Dieu ne parle du don du Saint Esprit qu’en parlant du Consolateur, de ce qui est arrivé le jour de la Pentecôte, et de ce qui correspond à ce jour-là.

Premièrement, l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné.

Les petits enfants en Christ ont l’onction du Saint Esprit, et connaissent toutes choses (1 Jean 2). Je suppose que l’on ne niera pas que ce soit le Saint Esprit. Nous sommes oints, scellés, et avons les arrhes du Saint Esprit dans le cœur (1 Cor. 1:21, 22). Nous le possédons, ce Consolateur, comme les arrhes de l’héritage ; nous sommes scellés, — nous sommes scellés pour le jour de la rédemption (Éph. 1:13 ; 4:30).

C’est un Esprit d’adoption dans nos cœurs, de sorte que nous jouissons de notre relation avec le Père (Gal. 4:6).

Il nous donne la certitude que nous sommes en Christ (1 Jean 3:24).

Il lutte en nous contre la chair, et produit des fruits (Gal. 5:17, 22).

Il affranchit, vivifie, mortifie les actions du corps, conduit, crie : Abba, Père ; il rend lui-même témoignage que nous sommes enfants, et sympathise avec nos faiblesses (Rom. 8).

Il nous conduit en toute vérité, nous communique ce qui est de Christ ; c’était le même qui montrait les choses à venir (Jean 16), le Consolateur.

C’est celui et le même par lequel les apôtres ont reçu les choses spirituelles, ont pu les communiquer, et par lequel les autres les ont là-dessus discernées (1 Cor. 2:12, 15). Et ici, remarquez que c’est le même Esprit que les apôtres ont reçu pour connaître les choses de Dieu et par lesquelles d’autres les ont discernées ; c’est-à-dire, le don apostolique de révélation et de communication, et celui d’intelligence spirituelle dans le simple fidèle.

C’est le même Esprit qui unit le corps (1 Cor. 12:13) ; nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour être un seul corps.

Voilà donc à quoi il faut renoncer, s’il faut renoncer au don du Saint Esprit (δωρεα), celui que M. Wolff appelle don miraculeux.

Non, nous dira-t-on ; non. On nie seulement les dons miraculeux. Mais je réponds : le Saint Esprit que nous avons reçu, le δωρεα, voilà ce que M. Wolff appelle dons miraculeux ; c’est ce qui a été donné aux cent vingt à la Pentecôte, ce qui a été donné à Corneille, etc. ; c’est celui qui donnait aux apôtres à connaître, et qui donnait aux autres à discerner la vérité ; celui qui était dans tous les fidèles, les arrhes de l’héritage, qui était le Saint Esprit de promesse, c’est-à-dire le don δωρεα donné à la Pentecôte.

Celui qui conduisait en toute vérité était le même que celui qui montrait les choses à venir. Le fait est que c’est le Saint Esprit lui-même, la troisième personne de la Trinité qui est descendue du ciel, comme la seconde lors de l’incarnation de Jésus Christ. Ce qu’il fait est une autre chose qui vient à la suite du fait de sa présence. S’il répand l’amour de Dieu dans le cœur, ou s’il fait parler diverses langues, c’est toujours le même Esprit ; ou si sa présence démontre le péché du monde et la justice de Dieu, c’est toujours le Saint Esprit lui-même qui est là, qui produit des fruits spirituels, ou qui agit de quelque manière que ce soit ; qui donne la liberté et fait abonder en espérance. Jésus Christ lui-même a été ramené d’entre les morts par le même Esprit qui était l’Esprit de sainteté en lui ; nos corps morts seront ressuscités à cause de son Esprit qui est en nous. Rom. 1:4 ; 8:9, 10, 11.

L’épître aux Galates nous présente d’une manière très distincte ce don du Saint Esprit, qui distingue l’économie actuelle sous toutes ses formes, ses effets moraux et miraculeux. Celui qui est conduit par l’Esprit n’est plus sous la loi. Les fruits de l’Esprit sont l’amour, la foi, la paix, etc. Si on marche dans l’Esprit, on n’accomplit pas les convoitises de la chair. L’Esprit lutte contre la chair (Gal. 5:18, 22, 16). En même temps il nous est dit (3:2) : « Vous avez reçu l’Esprit, non par les œuvres de loi, mais par l’ouïe de la foi ». Celui qui leur fournissait l’Esprit, et qui faisait des miracles parmi eux, ne le faisait pas par les œuvres de la loi, mais par l’ouïe de la foi. Christ avait subi la malédiction afin que la bénédiction d’Abraham vînt sur les Gentils, et qu’ils reçussent la promesse de l’Esprit par la foi (vers. 5, 14). Ici nous voyons clairement quel Esprit était reçu par la foi. Il n’y avait que ce même Esprit reçu par la foi qu’accompagnaient les miracles et qui était ainsi reconnu. Saint Etienne, rempli du Saint Esprit, et ainsi rendu propre au service auquel il était appelé, rend un témoignage irrésistible, à cause de la sagesse et de l’Esprit par lequel il parlait. Était-ce un autre Esprit qui le rendait propre au service des tables (Actes 6:3) et par lequel il confondait ses adversaires (Actes 6:8, 10) ? ou n’est-il pas vrai que ceux qui ont bien servi acquièrent un bon degré pour eux et une grande hardiesse dans la foi qui est en Jésus-Christ ? 1 Tim. 3:13. Et si Timothée a reçu un don par l’imposition des mains, un χαρισμα (2 Tim. 1:6), il doit le ranimer, parce que Dieu ne nous a pas donné un Esprit de timidité, mais de force, de charité et de prudence : faut-il renoncer à la force, à la charité, et à la prudence aussi ? Comp. Rom. 8:15. Voilà ce que M. Wolff, (p. 72, point 9) met en contraste direct avec l’Esprit sanctifiant. Quand Timothée est exhorté à garder le bon dépôt, par le Saint Esprit qui demeure en nous, s’agit-il d’autre chose que du Saint Esprit donné, du Consolateur ? Si nous attendons par l’Esprit, Gal. 5:5, c’est par ce même Consolateur donné.

Si l’on examine l’épître aux Éphésiens, l’on voit un seul et même Esprit présenté aussi comme agissant de toutes les manières, entre autres en ce que M. Wolff déclare (p. 72, point 10) purement miraculeux, ce que du reste je ne nie pas. Il est (Éph. 1:13, 14) les arrhes de l’héritage, le sceau de ceux qui ont cru, le Saint Esprit de promesse. Il est l’Esprit de sagesse et de révélation dans la connaissance de Christ, vers 17. On avait, Juif et Gentil, accès en lui par Christ auprès du Père, 2:18, 22 ; ils étaient, Juifs et Gentils, édifiés ensemble pour être un tabernacle de Dieu dans l’Esprit ; c’est-à-dire, que Dieu y habitait par l’Esprit, comme dans le tabernacle. — C’est le même Esprit qui a révélé le mystère aux hommes par les saints apôtres et prophètes. — C’est ce même Esprit qui fortifie dans l’homme intérieur pour que Christ y habite par la foi, 3:5, 16. — Il y a un corps et un Esprit d’unité, 4:3, 4, mais à chacun est donnée la grâce selon la mesure du don de Christ (δωρεας) (mot employé pour le don du Saint Esprit à la Pentecôte). C’est le même Esprit que l’on ne doit pas contrister, verset 30. — Il faut, v. 18, être rempli du Saint Esprit, chantant et psalmodiant dans nos cœurs au Seigneur. Mais ici nous avons, très probablement au moins, une action accompagnée de ce qui était miraculeux, les psaumes, hymnes et cantiques spirituels ; mais nous est-il défendu d’être rempli du Saint Esprit et de chanter dans nos cœurs, parce que l’acte miraculeux aurait cessé ? Car il faut en venir là. — La Parole est l’épée du Saint Esprit ; il nous faut prier dans l’Esprit, 6:17, 18. Ici donc l’on voit un seul et même Esprit agissant et se manifestant de toutes les manières : un Esprit dont la présence répondait à la présence de Dieu dans le tabernacle, et qui agissait en connaissance, en prière ; par la Parole, en unité, en inspirant quelquefois des psaumes et des cantiques ; mais c’est toujours le même Esprit, la personne du Saint Esprit présent, et qui révélait la présence de Dieu dans l’église.

J’en ai assez dit pour montrer de quelle manière la Parole de Dieu parle à ce sujet ; maintenant, je peux exposer brièvement ce que la Parole de Dieu présente.

Le Saint Esprit est venu en personne sur la terre dans l’église ; il est présent en personne : c’est quelqu’un qui peut être contristé. Il est présent de deux manières, dans l’individu et dans l’église. « Vous êtes le temple de Dieu, et le Saint Esprit demeure en vous » (1 Cor. 3:16). — « Vos corps sont les temples du Saint Esprit » (1 Cor. 6:19). Il est lui-même le don (δωρεα) de Dieu, envoyé du Fils, envoyé du Père : c’est pourquoi, tout en étant Dieu, nous ne voyons pas que les prières lui soient adressées, non pas que toute louange ne soit due au Père, Fils et Saint Esprit, mais parce qu’il est toujours censé être sur la terre comme y était le Fils ; et il ne se glorifie pas lui-même, mais il glorifie le Père et le Fils, et il est la source des Prières et des louanges au Père qui l’a donné, et au Fils qui est glorifié.

Mais, tout comme le Saint Esprit est le don, de même aussi, comme Esprit souverain, comme Dieu, il donne, il distribue à chacun comme il le veut ; et voilà les dons, les χαρισματα : ceux ci peuvent varier à l’infini, se dessiner, ou se modifier, et se perdre. L’on peut, dans ce sens, éteindre le Saint Esprit en pratique, dans la manifestation de ses dons, ou mépriser l’exercice de ces mêmes dons. Mais le Saint Esprit lui-même est là jusqu’à la fin, non pas seulement comme Esprit sanctifiant, comme si c’était quelque chose d’autre ou pour ainsi dire un autre Esprit : c’est le SAINT ESPRIT LUI-MÊME qui fait valoir les droits de Christ, qui le représente, qui est l’autre Consolateur envoyé du Père et du Fils (et ce n’est pas seulement dans les individus, mais dans l’église) ; qui agit dans l’église en justice, mais en souverain aussi.

La manifestation de l’Esprit peut avoir lieu de telle ou telle manière ; mais c’est le Saint Esprit qui est là, qui se manifeste. Et cette présence du Saint Esprit était si réellement la présence de Dieu dans l’église, son tabernacle, que quand Ananias et Saphira ont voulu tromper les disciples, l’apôtre a dit : « Comment est-ce que Satan a mis dans votre cœur de mentir au Saint Esprit ? — Tu n’a pas menti aux hommes, mais à Dieu ». Et Dieu, comme on sait, a exercé jugement comme dans sa maison, et le mari et la femme, qui s’étaient concertés pour cela, sont tombés morts.

S’agissait-il là des dons seulement, ou de la présence de Dieu dans l’église par le Saint Esprit ? C’était en effet une des fonctions de Jésus Christ annoncées par Jean Baptiste, que de baptiser du Saint Esprit ; — cela est arrivé le jour de la Pentecôte (Actes 1:5). Est-ce donc que l’église a perdu entièrement le baptême du Saint Esprit ? C’était, selon M. Wolff, la communication des dons. C’est alors que l’église a été douée de puissance d’en haut. Est-ce que cette puissance est entièrement perdue ? Il est très clair qu’il ne s’agit pas seulement de dons, si tout ceci est perdu, mais de la présence du Saint Esprit lui-même dans l’église. Et remarquez ici qu’en parlant des dons, il est dit (1 Cor. 12:13) : « Nous avons tous été baptisés d’un même Esprit pour être un même corps, soit Juif, etc. ». Nous voyons clairement, par cette expression, la manière dont les dons se rattachaient à celui qui, par sa présence, constituait l’unité de tout le corps, et l’existence de l’église comme établie ici-bas, et en effet pour toujours.

Le Saint Esprit étant venu de Dieu, étant en même temps Dieu, l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs. — Étant envoyé du Père, c’est un Esprit d’adoption. — Esprit de Christ, il forme nos affections et notre marche d’après le modèle de Christ. Envoyé parce que le Fils de l’Homme, rejeté sur la terre, a été reçu à la droite de Dieu, il est spécialement témoin de la gloire du Fils de l’Homme et de la grâce qui peut découler dans le monde à la suite de sa glorification. Ainsi, il vient sur toute chair, et non pas seulement sur les Juifs ; de sorte qu’ici la grâce et les dons s’identifient, dans les langues par exemple. Le Saint Esprit déborde les limites étroites du judaïsme, et s’étendant au jugement de Babel, il révèle à toutes les nations, à chacun dans sa langue, les œuvres merveilleuses de Dieu. C’était un don, mais c’était aussi un témoignage remarquable à la grâce. Les miracles rendent le même témoignage : — ils montrent que Dieu était entré en bonté au milieu du mal, et dominait et chassait la puissance du prince de ce monde ; car c’était là l’effet de la présence du Saint Esprit. C’était Dieu entré en grâce au milieu du monde, ayant l’église comme vase de sa puissance, et ainsi agissant dans l’homme, et y agissant en témoignage à la gloire et à la victoire de Christ homme. On voit (Actes 2 et 4) l’union de tout cela, et que dans l’état normal, la présence du Saint Esprit produisait la grâce, l’unité, la puissance et la joie. Dieu était là, et le mal se cachait comme dompté devant sa présence, une présence qui, s’identifiant avec l’homme nouveau, avec le chrétien, s’occupait de l’état de choses où le péché avait plongé le vieil homme, et l’effet en était, comme à Samarie, tout naturel (quoique la malice du cœur s’y opposât) ; Il y avait grande joie dans cette ville-là. Mais le but n’était pas seulement de rendre, afin que le monde crût, témoignage à la grâce de Dieu et à la victoire du Fils de l’Homme sur la puissance de Satan ; témoignage rendu, dans l’église associée par la grâce souveraine à la gloire du Fils lui-même, qui n’avait pas honte d’appeler ses frères ceux qui étaient sanctifiés. L’église elle-même était aussi le but. Dieu avait donné ses bien aimés à Christ. Christ avait entrepris leur salut. Il a aimé l’église et s’est donné pour elle, afin de la laver par le baptême d’eau par la Parole, et de se la présenter une église glorieuse, sans tache, ni ride, ni aucune chose semblable. Ainsi, il la nourrit et la chérit comme sa propre chair. Il ne s’agit pas ni de manifester ses droits et sa gloire au monde, quoique sa gloire s’y trouve ; et s’y trouvera plus tard d’une manière beaucoup plus évidente, savoir quand l’église entière sera parvenue à la perfection : il ne s’agit pas non plus de l’opération de Dieu proprement dite au milieu du mal en témoignage. Il s’agit de l’affection de Christ pour l’église, et des soins qu’il prend d’elle dans sa fidélité. Il s’agit de la laver par la Parole pour se la présenter dans la gloire, et de la faire croître à tous égards pendant qu’elle est ici-bas.

De là (quoiqu’il me fasse de la peine d’être aussi didactique et méthodique sur un sujet si précieux et si rempli de force et de joie ; mais c’est pour être compris par ceux qui s’en occupent), de là il découle que le Saint Esprit agit de trois manières :

1) Il est Dieu présent et opérant en puissance ;

2) Il manifeste, par ses opérations, la gloire du Fils de l’Homme, et ainsi les relations de Dieu en grâce avec le monde ;

3) Christ lui-même nourrit et conduit par son Esprit l’église, son corps, pour son édification en charité.

Les deux premières de ces trois choses se trouvent en 1 Cor. 12. Dieu, par l’Esprit, est là en contraste avec les démons qui, comme instruments, gouvernaient et séduisaient le monde ; mais alors il s’agit de reconnaître tout premièrement Jésus et Jésus homme pour être Seigneur, — fidèle à Dieu, — vainqueur de Satan. C’est pour cela que Dieu agit dans le monde : c’est là ce qui distingue essentiellement le Saint Esprit des démons. Personne, parlant par l’Esprit, ne peut dire anathema Jesus, ni, par un démon, dire : Seigneur Jésus. En outre, il y a diversité de dons, mais non pas plusieurs esprits, comme c’était le cas des démons, dont il y a plusieurs. Il y a un seul Esprit. Il y a diversité de services, mais un seul Seigneur, celui auquel le Saint Esprit rendit témoignage. Il y a diversité d’opérations, mais le même Dieu, qui opère tout en tous. Ce qui était une opération de Dieu, était en même temps un don du Saint Esprit, et un service rendu au Seigneur que cet Esprit glorifiait (Actes 2:30), et que le Dieu qui opérait avait fait Seigneur et Christ, et placé à sa droite en gloire. L’identité de l’opération de Dieu et du Saint Esprit se trouve en comparant les versets 6 et 11. Si le Saint Esprit agit et parle en nous, il agit et parle pour rendre témoignage à Christ Seigneur ; et ainsi il fait que celui qui parle, agit et parle comme serviteur ou ministre de Christ ; non pas comme indépendant parce qu’il a l’Esprit. C’est pourquoi l’apôtre dit : plusieurs membres sont un seul corps, et il en est ainsi de Christ, les membres sont dirigés par la tête ; la tête se sert des membres. C’est pourquoi il est appelé (2 Cor. 3:8) le ministère du Saint Esprit. Le Saint Esprit donne le don, et l’individu ainsi rendu capable, y exerce son ministère, selon le passage de saint Pierre que nous avons déjà cité : Selon que chacun a reçu un don, qu’il l’exerce dans son ministère, ou exerce un ministère là-dedans comme bon dispensateur de la différente grâce de Dieu.

C’est pourquoi, unissant les trois choses comme dans le passage que nous considérons, l’apôtre dit (2 Cor. 3:6) : « Notre capacité vient de Dieu, qui aussi nous a rendus capables d’être ministres de la nouvelle alliance, non de lettre, mais d’esprit, etc. » ; et verset 3 : « Vous êtes l’épître de Christ, écrite par notre ministère, non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant ».

L’apôtre n’agissait-il pas dans son don d’apôtre quand il faisait cela ? Si non, je vous en prie, que faisait-il de son don ? Non, il est évident que le but du Saint Esprit était de donner le lien de ces trois choses : l’Esprit agissant en don, l’opération de Dieu là dedans, et le service ou ministère du Seigneur.

De plus, ce n’est pas comme des personnes dans la Trinité que tout cela nous est présenté, mais l’ordre de l’action de Dieu, du Seigneur et de l’Esprit, considéré comme agissant sur la terre. Si l’on n’avait parlé que du Seigneur et de l’Esprit, on aurait pu supposer quelque chose d’inférieur à Dieu car les païens étaient accoutumés à des esprits de Python, etc., et à des seigneurs en grand nombre. C’est pourquoi l’apôtre, insiste sur ce qu’il n’y a qu’un seul Esprit, qui donne divers dons, et non plusieurs esprits ; un seul Seigneur qui gouvernait et était chef en tout cela, Seigneur que l’Esprit glorifiait ; enfin, il insiste sur ce que c’était Dieu lui-même, le seul vrai Dieu, qui opérait en tout cela.

Et remarquez que l’auteur lui-même attire notre attention sur l’emploi du mot dons spirituels (πνευματικα) 1 Cor. 12:l, « nom qui », dit-il, page 70, « leur est attribué exclusivement ». Il se trompe en disant exclusivement ; car le mot est employé souvent pour des choses de l’Esprit en général ; voir Rom. 15:27 ; 1 Cor. 9:11 ; — 2:13, où je traduirais : « communiquant les choses spirituelles par des moyens spirituels », — ou « les choses de l’Esprit par des paroles de l’Esprit ». Mais les choses de l’Esprit ici sont les dons. Or, en traitant ces choses de l’Esprit, il parle des ministères du seul Seigneur. Comment donc dire que ces ministères n’étaient pas de ces choses de l’Esprit ?

Et ici je rappelle (ce que j’ai fait remarquer déjà en partie), savoir qu’en 1 Cor. 12:4, 9, il s’agit, selon M. Wolff, des dons proprement dits (p. 70) : la répétition du même sujet, v. 28, est une classification du ministère (p. 50) ; et (p. 71), 1 Cor. 12:28, est un catalogue de dons, et nous en donne cinq. Dans ce chapitre donc, comme de l’autre côté c’est Dieu qui opère, toute la beauté et la parure de Christ dans son corps sur la terre se rattachaient à la présence et à l’opération du Saint Esprit. L’opération de Dieu, la Seigneurie de Jésus, le service du fidèle, et les dons du Saint Esprit, s’identifiaient dans l’unité du corps, dans le service de chaque membre, dans la diversité des dons qui étaient la manifestation du Saint Esprit. Tout cela, c’est une dissertation sur les choses de l’Esprit, les πνευματικα. Mais il ne faut pas penser que l’action du Saint Esprit consistât uniquement en de nouvelles révélations ; la parole de connaissance et la parole de sagesse étaient aussi bien des dons du Saint Esprit qu’une prophétie proprement dite. — Comme saint Paul aussi dit, ch. 14 : « Comment serai-je en profit en parlant des langues, si je ne vous parle par révélation, ou par science, ou par prophétie, ou par doctrine ? » On suppose quelquefois qu’il faut une nouvelle révélation pour que le Saint Esprit agisse en celui qui parle ; il n’en est rien. Celui qui prophétise parle aux hommes en édification, exhortation, consolation.

Nous avons vu qu’il y a un autre but, savoir la nourriture et l’accroissement de l’église. Ici donc, ce n’est plus la beauté et la parure de l’église devant le monde même par des dons du Saint Esprit, ni l’opération de Dieu en témoignage, mais les soins que Christ prend de son propre corps, de sa chair. Éph. 4 : « Il est monté en haut, et a reçu des dons (δωματα) pour les hommes ». Ici l’acte de donner, et les dons sont attachés spécialement à Christ qui, comme tête, nourrit le corps. Il ne s’agit pas de parer l’ensemble, ou d’agir en vertu des droits de Christ, mais de la relation entre le corps et le chef. C’est rassembler et nourrir l’église, et non agir par des membres de l’église, par des actes particuliers de puissance.

L’épître aux Éphésiens fournit deux grands sujets quant à l’église : la gloire à venir de l’église, chose assurée ; elle jouira de la gloire dans les lieux célestes avec son Chef. En Esprit, elle y est assise en lui ; deuxièmement, outre cela, elle est le tabernacle de Dieu en Esprit ici-bas.

Deux choses découlent de là : l’unité dans l’humilité, et l’Esprit de paix ; la grâce donnée à chacun selon la mesure du don de Christ. Mais les dons ici donnés, l’apôtre, le prophète, l’évangéliste, le pasteur et docteur, ont tous pour but la formation, l’établissement et l’édification du corps. Et il faut remarquer ici que ce sont des fonctions ou dons permanents qui sont donnés : c’est un pasteur, c’est un évangéliste ; ce n’est pas un don d’un tel caractère, donné à un individu ainsi doué de Christ monté en haut. Le pasteur lui-même, l’apôtre lui-même est le don. Christ a reçu le don étant monté en haut, et il le manifeste dans la fonction de l’individu ; et le don s’attache ici à un service continuel, et n’est pas seulement une manifestation de puissance. En 1 Cor. 12, c’est plutôt la puissance donnée pour le service, puissance qui pouvait être employée par vanité, comme cela est arrivé. Ici le membre sert par le don, qui n’agit que dans la bénédiction du corps.

J’ai parlé sur ceci plus au long ailleurs, et je ne fais que rappeler le grand principe pour l’ensemble.

En Rom. 12, l’Esprit de Dieu présente les dons (χαρισματα), pour que ceux qui les possèdent, en usent humblement, se bornent à ce qu’ils possèdent et s’occupent à cela. — 1 Pierre 4 en parle pour que chacun en use en attribuant toute la gloire à Dieu, reconnaissant que tout venait de lui. Quant à ce passage de 1 Pierre 4, je suis d’accord avec M. Wolff qu’il s’agit d’un don ; et la traduction, « selon les oracles », n’est pas la Parole de Dieu, mais un sens que l’on a voulu lui donner. « Si quelqu’un parle, (qu’il le fasse) comme annonçant les paroles de Dieu ». Mais on a beau dire, comme le fait M. Wolff, que ceci ne s’applique qu’à des dons, et non pas à ce que l’on dit actuellement dans l’église. La réponse est facile. Ce passage défend de parler autrement, et il le défend dans ce but : « Afin que Dieu soit glorifié en toutes choses ». L’apôtre ne permet pas que quelqu’un parle sans rapporter la chose à Dieu, et sans qu’il parle comme annonçant les paroles de Dieu. Si quelqu’un parle, qu’il parle ainsi.

Ce serait un singulier commentaire sur ce passage que de dire : Cela signifie que si quelqu’un parle par l’Esprit, alors il faut qu’il parle par l’Esprit ; autrement il peut parler tant qu’il voudra sans s’en inquiéter ; en tant que ministre, on peut parler sans ainsi rapporter tout à Dieu.

En 1 Cor. 12, nous avons donc la présence du Saint Esprit un dans l’église, puis l’opération de Dieu, puis les dons comme manifestation de l’Esprit.

En Éph. 4, nous avons les dons que Christ a reçus, qui s’exercent dans l’édification du corps.

En Rom. 12, nous avons tout ce que l’on fait en bien dans le service chrétien traité comme don.

Enfin, en 1 Pierre 4, nous avons l’obligation de tout attribuer ainsi à Dieu.

Maintenant, Dieu peut retirer ce qu’il veut des dons qu’il distribue comme il veut ; c’est-à-dire de ceux qui ne sont que témoignage rendu à l’église devant le monde ; mais Christ nourrit l’église selon sa fidélité, et ceci repose sur une autre base. Ceci aussi peut être affaibli, si le Saint Esprit est contristé. Toutefois, le Saint Esprit lui-même demeure dans l’église pour toujours.

Et ceci donne lieu à une observation importante relativement à la question de savoir si le mal est sans remède. Toute la force et l’énergie de l’église provenant de la présence du Saint Esprit, la comparaison de ce que c’était que la manifestation du Saint Esprit au commencement, et l’oubli de sa présence actuellement, nous fera sentir tout ce qu’il y a d’humiliant dans notre état, et comprendre la sentence de Dieu de retranchement et non de rétablissement. Mais la pensée que le Saint Esprit demeure éternellement avec l’église, nous donne une source d’espérance illimitée, que Dieu fera tout ce qui est nécessaire pour la bénédiction de l’église dans l’état où elle est. Et comme c’est la présence de Dieu lui-même, l’on ne peut mettre des bornes à ce qu’il pourrait faire. Mais ce qu’il fera sera selon nos besoins et notre état, et non pas comme s’il ignorait, lui, l’état que la présence de son Esprit fait sentir, comme s’il n’était rien arrivé. Aussi je crois pleinement au retranchement de l’économie [la dispensation] à cause de la chute de l’église ; mais je ne mets point de bornes à ce que, en attendant, Dieu peut faire en grâce envers les fidèles. Seulement, ce sera selon la vérité de leur état, et selon la foi qui le reconnaît.

Je vais maintenant suivre brièvement les remarques de M. Wolff.

Page 70, point 1. C’est M. Wolff qui se trompe : χαρισματα et πνευματικα ne sont pas employés exclusivement pour les dons spirituels, ainsi que nous l’avons montré en citant les passages où ces mots se trouvent. Les versions ne se sont pas trompées.

L’expression le don du Saint Esprit ne se trouve qu’une fois dans la Bible, et elle signifie tout simplement le Saint Esprit donné. L’expression « le Saint Esprit donné » se trouve ailleurs ; mais elle se rapporte également à l’idée de la présence du Saint Esprit. Par exemple : Celui qui méprise (son frère), méprise non pas l’homme, mais Dieu qui aussi nous a donné son Esprit. Et par ceci nous savons qu’il demeure en nous, savoir, par l’Esprit qu’il nous a donné. Bien-aimés, ne croyez point à tout esprit, mais éprouvez les esprits s’ils sont de Dieu (1 Jean 3, 4). On voit évidemment qu’il s’agit ici de l’Esprit présent, duquel on devait distinguer les mauvais esprits qui animaient les faux prophètes.

Si je consulte M. Wolff, il applique la chose dont il est question dans le passage (savoir, ce qui était donné à Pentecôte), aux dons miraculeux. Tout ce paragraphe donc est faux ; c’est M. Wolff qui confond le don et les dons.

Page 70, point 2. D’accord ; les trois quarts des dons sont perdus : — mais comment donc dire que toute la bénédiction reste à l’économie [la dispensation] ?

Page 70, point 3. Je ne dis pas que quelques dons soient miraculeux, et que d’autres ne le soient pas ; mais la Parole distingue entre des dons qui étaient des signes de puissance au monde, et les dons qui étaient pour l’édification de l’église ; et aussi, entre les dons qui posaient le fondement, et ceux qui édifiaient là-dessus. M. Wolff l’admet. Eh bien ! voilà pourquoi quelques-uns peuvent subsister, et d’autres pas. Du reste, la Parole de Dieu appelle don (χαρισμα) tout ce en quoi le Saint Esprit agit en bénédiction dans l’église. C’est ce que M. Wolff n’a pas remarqué du tout.

Page 71, point 4. Encore une fois, si cette beauté, cette diversité, cet accord, comme des membres d’un corps, sont entièrement perdus, comment ne sommes-nous pas dans un état de chute et de ruine ? Cela ne se conçoit pas.

Page 71, point 5. Je trouve une variété de dons actuellement très évidente, quoique ce ne soit pas une variété semblable à celle qui existait au commencement. Grâce à ce que le système Wolff a prévalu en pratique dans l’église, tous les dons sont confondus et leur distinction perdue ; mais il est très facile à un homme spirituel de distinguer entre quelqu’un qui a un don pour enseigner, et celui qui a un don d’exhortation, ou celui qui a un don d’évangéliste. Du reste, le système en vogue empêche le développement des dons. Cela n’est pas étonnant, quand, « avec études, tous prêchent sans don » (p. 94).

Page 71, point 6. Il n’est pas dit que les disciples, à Samarie, reçurent les dons outre le don du Saint Esprit. Il est dit qu’ils avaient été baptisés au nom du Seigneur Jésus, mais que le Saint Esprit n’était descendu sur aucun d’eux. Rien de plus positif et de plus clair. Que le Saint Esprit ait agi dans leur cœur pour y produire la foi par la révélation de Jésus, je ne le nie pas ; mais, dans la Parole de Dieu, cela n’est jamais appelé le don du Saint Esprit. Il n’est pas dit un mot d’un Saint Esprit qu’ils eussent reçu après avoir cru ; le contraire est dit expressément.

Page 72, point 7. Que les dons fussent la manifestation du Saint Esprit, de ce don du Saint Esprit, cela est parfaitement vrai. Cela convenu, la Parole de Dieu appelle dons du Saint Esprit, non pas seulement des signes de puissance, mais, selon la piété et la vérité que produit la grâce, toutes les instrumentalités de bénédiction qui se trouvaient dans l’église : l’exhortation, la parole de sagesse, la parole de connaissance (1 Cor. 12, Rom. 12). C’est le manque de piété, qui ne reconnaît pas la seule vraie source de toutes ces grâces, qui a donné lieu à toutes les difficultés sur ce sujet.

Page 72, point 8 et p. 73, point 14. Je répudie la teinture néologique de Néander ; d’un autre côté, M. Wolff se trompe s’il pense qu’il n’y a aucun rapport entre les dons conférés et le vase qui les contient. Le ton de son paragraphe 14 est peu convenable. Lorsque l’homme s’en allant de sa maison, donna des dons à ses serviteurs (Matth. 25), il leur donna des dons à chacun selon sa portée. Dieu prépare le vase, comme il y met aussi le don (Act. 9:15 ; Gal. 1). Saint Paul était un vase d’élection : il était mis à part dès le ventre de sa mère ; mais il n’avait pas encore reçu le don.

Page 72, point 9, ne demande aucune remarque ; la confusion qui s’y trouve ayant été déjà signalée, savoir, que M. Wolff parle comme s’il y avait deux dons du Saint Esprit.

Page 72, point 10. La foi indique un don spécial, cette énergie spéciale de foi qui ne se trouve pas chez tous. Je ne vois rien qui la limite aux premiers siècles. Il y a des personnes douées de beaucoup plus de foi que d’autres. 1 Cor. 14:15, 16. Il parle des langues étrangères qui servaient de signes pour les infidèles, vers. 22 ; signes qui sont distingués de ce qui était pour l’édification des fidèles.

Page 73, point 11. Que veulent dire ces mots : « Le Saint Esprit était assez miraculeux ? » Peut-on dire que Dieu est miraculeux ? qu’une personne de la Trinité est miraculeuse ? Que l’Esprit qu’ils avaient reçu agît d’une manière miraculeuse, et que cela se distinguât à bien des égards de son action sanctifiante ; c’est ce que je ne nie pas : mais c’était le même Esprit qui agissait, quoique d’une manière différente. Seulement il faut distinguer la nouvelle nature, et le Saint Esprit qui la produit et agit en elle. L’union est intime ; mais on peut en parler séparément, car l’Esprit est Dieu. Je peux dire : « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit ». Je peux dire : « L’Esprit rend témoignage avec mon esprit ». Je peux dire, que « Celui qui sonde les cœurs sait quelle est l’intention de l’Esprit » ; et ajouter : « parce qu’il intercède pour les saints selon Dieu ».

La nouvelle nature n’est pas Dieu, elle adore Dieu. Mais Dieu s’est intimement uni à elle par le Saint Esprit : elle demeure en Dieu, et Dieu en elle. Mais les dons les plus miraculeux, quand Dieu parlait lui-même, comme dans le cas de la prophétie, étaient assujettis à l’ordre de Dieu dans l’église, parce qu’ils étaient confiés à la responsabilité de l’homme, et qu’ils agissaient dans l’homme serviteur de Christ.

Page 73, point 12. Je crois que cet effet s’est souvent reproduit plus ou moins sensiblement.

Page 73, point 13. Je suis parfaitement d’accord que celui qui parle doit parler comme proférant les oracles de Dieu, 1 Pierre 4. Aussi m’a-t-on bien blâmé d’avoir affirmé la vérité quant à ce passage. Mais cela étant, il faut absolument que les ministres sans dons de M. Wolff se taisent, parce que l’apôtre dit : « Si quelqu’un parle, qu’il parle ainsi, afin que Dieu soit glorifié en toutes choses ». Pas la moindre idée qu’il soit permis de parler autrement, car alors Dieu ne serait pas glorifié. Le ministère que nous propose M. Wolff est précisément la chose condamnée par ce passage.

Page 73, point 15. D’accord, le Centurion et ses amis ont reçu le Saint Esprit comme les apôtres à la Pentecôte, mais c’est le seul don du Saint Esprit qu’ils aient reçu. Ils n’ont pas reçu un autre Esprit sanctifiant : le Saint Esprit avait opéré la foi, je le crois, mais ils n’avaient point reçu, ni avant, ni après, le Saint Esprit d’une autre manière.

Page 73, point 16 et page 74, point 17. En général je suis d’accord avec ces deux paragraphes : mais le Saint Esprit qui avait été donné, n’a pas abandonné l’église ; j’entends le Saint Esprit donné le jour de la Pentecôte. Ici M. Wolff confond les dons et le don. Que l’administration extraordinaire de ces choses, par les mains des apôtres, ait cessé, je ne le nie pas. Que l’ordre, le témoignage, la puissance de l’église dans le monde en aient été affaiblis, et peu à peu comme détruits, je le confesse avec humiliation. Mais le Saint Esprit qui a été donné le jour de la Pentecôte, et dont ces choses n’étaient qu’une extension, le Saint Esprit demeure. Il est souverain, il est puissant : et les dons d’édification n’ont pas cessé. Si les dons, qui étaient des signes, ont disparu avec le siècle des apôtres, le témoignage de l’église au monde, dans sa puissance et son unité a aussi peu à peu disparu avec ces manifestations du Saint Esprit.

Page 74, point 18. M. Wolff, nous l’avons déjà remarqué, s’est trompé complètement : discerner les esprits n’était pas régler. « Que les autres jugent », est-il dit (1 Cor. 14:20), quand les dons étaient en exercice. Les règles pour l’exercice des dons sont données dans ce passage ; et il ne s’agit pas du don de discerner les esprits : responsabilité du reste attachée à tout chrétien (1 Jean 4), quoiqu’il y ait eu sans doute des personnes spécialement douées pour cela.

Page 74, point 19, est une confusion extraordinaire : Premièrement les femmes avaient des dons comme les hommes ; certains dons, selon la promesse expresse de Dieu par la bouche de Joël : mais l’exercice des dons était réglé chez les hommes et chez les femmes par le Saint Esprit, qui les avait donnés, et qui avait le droit de régler l’emploi de ce qu’Il avait confié ; c’est ce qu’Il a fait par l’autorité de saint Paul.

Page 74, point 20. L’évêque n’était qu’une charge ; mais il est demandé, comme qualité de l’évêque, un don (χαρισμα), celui d’être propre à enseigner : peut-être peut-on ajouter celui de pasteur. Mais les qualités des évêques ne touchent en rien la question des dons qui se trouvaient, selon l’auteur lui-même, à côté du ministère.

Page 75, points 21 et 22. M. Wolff y arrange les choses très commodément, pourvu que l’on considère la puissance du Saint Esprit comme n’étant d’aucune importance dans l’église ; cette puissance qui faisait, par exemple, que les hommes se jetaient la face en terre, et confessaient que Dieu était là ; puissance qui selon M. Wolff a entièrement cessé. La prophétie qui était en édification, consolation, exhortation, est, selon M. Wolff, perdue : cela, selon lui, explique le reste. La perte de tout cela ne fait rien ; les langues même, signe si remarquable par lequel Dieu agissait sur ceux de dehors, pour leur conversion et l’établissement du christianisme dans le monde, tout cela est perdu. Peu importe, selon M. Wolff. Quel système désolant et sans cœur, que ce système qui explique tout, et ne sent rien ! La moitié de la chrétienté envahie par l’islamisme, l’autre par le papisme, peu importe. Le protestantisme en décadence et en général incrédule ; les dons tous perdus ; c’est égal : — car, selon M. Wolff, s’il y a quelques fidèles comme dans l’économie juive, toute la bénédiction reste à l’Église ! Que la souveraine bonté de Dieu nous ait donné dans sa Parole écrite une révélation sûre et complète de ses pensées, c’est ce qui est précieux au-delà de tout ce que l’homme pourrait et saurait dire. Et dans la chute et la ruine de tout, quant à la puissance manifestée dans l’église, cela est d’une valeur, d’une sagesse à laquelle l’adoration de sa bonté est la seule vraie réponse. C’est la chaîne qui, par la vérité, nous unit à lui : c’est au-delà de tout prix : Dieu s’y est révélé. Que cette Parole soit le seul guide, comme règle écrite ; c’est à quoi on ne peut tenir trop fermement ; c’est ce qui a l’autorité de Dieu. L’on ne peut rien y ajouter ni rien en ôter. Mais est-ce que cela touche les effets de la puissance du Saint Esprit ? Loin de là, nous avons besoin du Saint Esprit pour comprendre même, et pour employer cette Parole. C’est du Saint Esprit qu’elle est l’épée pour atteindre le cœur. Si les dons ne consistaient qu’en révélation et en signes pour la démontrer, il y aurait quelque chose à dire ; mais il n’en est pas ainsi. Tout ce qui se faisait dans l’Église était, nous l’avons vu, par le Saint Esprit : et la présence du Saint Esprit n’était nullement dans le seul but de confirmer la révélation. Il devait demeurer éternellement, et par les dons d’enseignement, d’exhortation, de sagesse, de connaissance, édifier et consoler l’Église. Du reste, dans la Parole il n’est jamais dit que les dons confirmassent le canon des Écritures ; ils confirmaient la Parole dite par la bouche de ceux que Christ avait envoyés. Des miracles ne sont pas attachés à saint Luc, à saint Marc, aux Actes, ni déclarés être le moyen de reconnaître l’inspiration de quelque livre que ce soit. Les livres saints n’ont pas eu cette confirmation extérieure. S’il en est autrement, qu’on le montre. Que la doctrine qui s’y trouve ait été confirmée quand elle était prêchée de vive voix, c’est ce dont je conviens. La garantie de l’inspiration de l’Écriture ne gît donc pas dans les dons, ni aux temps apostoliques, ni maintenant. Que les auteurs aient été inspirés, j’en conviens pleinement. Que le Saint Esprit en soit l’auteur, tout chrétien le croit ; mais je ne sais pas où cette œuvre infiniment précieuse du Saint Esprit est appelée l’exercice d’un don. Les Épîtres peuvent être en partie considérées comme l’exercice du don apostolique, peut-être : mais en général l’inspiration de la Parole écrite, cette œuvre du Saint Esprit qui garde la plume et la pensée de l’écrivain, est une œuvre spéciale. Aussi il ne faut pas confondre la révélation et l’action du Saint Esprit dans les dons. Quelquefois le Saint Esprit parlait en révélation ; mais la plus grande partie de son action était autre que cela ; elle consistait en exhortation, enseignement, sagesse, connaissance — choses qui ne demandaient pas de nouvelles révélations. D’ailleurs le Saint Esprit ne conteste jamais avec lui-même. Pour ceux qui ont reçu les saintes Écritures comme inspirées, un esprit qui se refuserait à se soumettre à la Parole écrite, serait par là même, démontré être un mauvais esprit ; et tout ce qu’il chercherait à ajouter serait, par le secours du Saint Esprit, démontré faux par la Parole, parce que la Parole est parfaite. Cela était vrai même du christianisme vis-à-vis de l’Ancien Testament : il s’appuyait sur la Parole écrite, et présentait ce qui était arrivé comme l’accomplissement de ce qui était prédit, n’enseignant nulle autre chose que ce que Moïse, la loi, et les prophètes avaient dit, et approuvant ceux qui (si c’était un apôtre qui prêchait), sondaient la Parole, pour savoir si ces choses étaient ainsi. Et le Seigneur Jésus lui même, préféra l’autorité de la Parole écrite comme instrument à ses propres paroles : « S’ils ne croient pas ses écrits, comment croiront-ils mes paroles ? » Mais l’emploi des dons faisant usage de la Parole, l’explique, l’applique aux âmes, exhorte, parle avec sagesse, et ne fait que reconnaître la révélation en s’appuyant sur elle : mais ce sont également de véritables dons du Saint Esprit.

Si, comme M. Wolff le fait penser, le Nouveau Testament devient inutile par les dons qui l’expliquent et l’emploient, à plus forte raison l’Ancien le devient-il par les dons apostoliques.

Page 76, point 23. Il ne s’agit pas d’être ni au niveau, ni au-dessus de la Parole. Le même Saint Esprit qui a donné la Parole comme la vérité tout entière pour l’Église, l’emploie et l’applique par des dons qu’Il donne Lui-même.

Page 76, point 23. D’accord. Il faut que le ministre se prononce, qu’il dise que toute son espérance, pour son ministère, est dans l’absence de tout don. Si le Saint Esprit agit, il faut qu’il abdique sa charge. Mais, quel aveu ! Est-ce que le système ministériel bannit la honte, comme il bannit l’Esprit ? Tenons au moins compte de l’aveu que le système du clergé, qui se cache sous le nom de ministère, que ce que le parti appelle le ministère, ne peut subsister qu’en niant absolument tout don du Saint Esprit.

Que le pasteur n’ait pas reçu l’autorité de régler ou de restreindre les dons du Saint Esprit, ce n’est que la confusion, en supposant que les dons existent ; et s’ils n’existent pas, il n’y a pas besoin de les régler. En supposant qu’ils existent, ils se trouvent tous réglés d’avance dans la Parole : témoin 1 Cor. 14, par exemple. Quand M. Wolff dit, en parlant du pasteur, que « s’il se réserve un culte où il parle seul, il est un usurpateur », ce n’est que jeter de la poudre aux yeux. Je comprends très bien que M. Wolff veut qu’en niant les dons, le pasteur qui n’en a point, se réserve tout ce qu’il lui plaît de s’attribuer. Ce qui n’est que de l’homme, l’homme peut le régler : mais il est très simple, que dans l’exercice de son don, chacun est libre, sauf la discipline selon la Parole. Pour le cas où tous sont assemblés, la Parole a réglé la marche à suivre Si quelqu’un a reçu un don, il est responsable à Christ pour l’exercice de ce don ; et la responsabilité est toujours individuelle. Si, comme évangéliste, je vais prêcher tout seul, ou si deux vont ensemble, ils n’empiètent sur les droits de qui que ce soit. Si je rassemble des personnes qui viennent pour cela, et que je les enseigne dans l’exercice de mon don, je n’empiète sur les droits de personne : chacun est libre de le faire. Si quelqu’un le fait dans un esprit de schisme, hors de l’unité de l’église, c’est un mal qui ne change rien quant au principe. Si, quand les frères sont assemblés, tous pour le service commun, je m’arroge tout, alors en effet j’empiète sur les droits du Saint Esprit ; mais dans le cas de l’exercice individuel de mon don, je ne fais que trafiquer avec le talent que j’ai reçu ; et c’est ce que chacun doit faire pour son compte, et il le doit à Christ.

Que l’enseignement soit un don, je l’admets : que ce qui est traduit par présider soit un don, je l’admets aussi ; mais dans la Parole, cela n’est jamais appliqué à une assemblée, comme cela paraîtrait être le cas, à s’en tenir à la version française. Ce sont les dons (χαρισματα) selon Rom. 12. — Que l’administration des sacrements soit un don, c’est une rêverie de M. Wolff. J’ai déjà observé que M. Wolff ignore entièrement les principes des Quakers. Ils ont leurs anciens en charge et outre cela un ministère ; il y en a aussi parmi eux qui exercent un don avant d’être encore reconnus ministres.

 

19               Chapitre 17 [administration de sacrements]

Du chapitre 17 de M. Wolff, où il avance que, « ravir au ministère le droit d’administrer les sacrements, c’est porter atteinte à la charge elle-même, et en compromettre l’existence »

 

Il est assez remarquable que l’auteur n’ait pas pu citer un seul passage de la Parole de Dieu pour établir que l’administration des sacrements doit se faire par le ministère. Lui ôter les dons, et lui attribuer le droit de s’emparer des formes extérieures, voilà ce qui va bien ensemble : mais il est très singulier qu’il ne soit jamais entré dans la pensée de l’apôtre de proposer, comme remède, le système de l’auteur ; bien loin de là, dans une épître qui traite formellement le sujet de la Cène, le Saint Esprit ne donne pas le moindre indice de la présidence du ministère ; mais tout le contraire. L’état de chose qui y est dépeint exclut toute idée d’un tel ordre ; et jamais, en y portant remède, l’idée de faire présider le ministre ne se présente : car il est singulier que, dans l’épître aux Corinthiens, où l’intérieur de l’administration d’une église nous est donné, il ne soit jamais fait mention des anciens. Il y en avait peut-être ; mais, s’il y en avait, le Saint Esprit passe par dessus, nous autorisant à agir quand même il ne s’en trouverait point. J’engage les frères qui s’en occupent à peser ce fait, tiré de l’épître aux Corinthiens.

Quant à la citation que M. Wolff fait d’Actes 6:1-4, elle est tellement en dehors du sujet, que je n’ai pas besoin de m’y arrêter. Celui qui peut prendre l’administration journalière des secours aux veuves pour la sainte Cène, peut bien supposer ce qu’il veut ; et dans l’interprétation de M. Wolff, Actes 6:1-4, suppose que les apôtres auraient abandonné l’administration de la table du Seigneur comme de peu d’importance, et que les diacres, et non pas les anciens, doivent y présider. Ce qui est dit paragraphe 4 de la page 81, n’est donc pas digne de réponse. Que la parole de Dieu qui accompagne l’acte extérieur soit plus importante que la Cène elle-même, c’est exalter un discours sans don au-dessus d’un souvenir de Jésus institué par lui-même. Du reste, où est-ce que l’auteur trouve cette « parole de Dieu qui accompagne le sacrement ? » D’ailleurs, il est bien certain que dans l’église primitive il n’y avait personne d’établi pour porter la parole ; car les prophètes parlaient comme Dieu les poussait, selon les règles données 1 Cor. 14. Qu’un apôtre rompît le pain quand il était présent (Actes 20:11), cela était très naturel, et me paraît très convenable ; mais je ne vois pas que cela démontre que le ministère ait le droit exclusif de le faire.

Quant au baptême, l’apôtre dit expressément que le Seigneur ne l’avait pas envoyé pour baptiser. Il est très certain que Actes 10:48 est fort mal traduit par : « Il prit des dispositions », et que Actes 17:26, où il est dit que Dieu avait ordonné certaines choses, démontre l’inexactitude de cette manière de traduire. Le lecteur qui ne sait pas le grec, peut voir Matth. 1:24 et 21:6 ; Luc 5:14 (Moïse a commandé) ; Matth. 8:4 ; Marc 1:44 ; Actes 10:33, — passages qui, avec les deux cités ici, sont les seuls où ce mot (qui signifie « commander ») se trouve dans le Nouveau Testament.

En résultat, M. Wolff, qui ne produit pas un seul passage pour démontrer que le ministère administrât les sacrements, admet que les simples fidèles peuvent le faire en cas de nécessité. Nous trouvons que ce qui existait à Corinthe exclut l’idée d’une telle habitude ; et quand il y avait du désordre, quand l’occasion se présentait de leur rappeler en quoi consiste l’ordre, ou d’établir l’ordre si cela n’avait pas encore eu lieu ; et qu’un tel ordre aurait été le remède selon Dieu, l’apôtre, la Parole n’en disent pas un mot, et emploient un tout autre moyen pour ôter le scandale. Nous trouvons que, pour appuyer son système, il est forcé de confondre avec la sainte cène l’administration des secours destinés aux veuves. Une cause soutenue ainsi ne vaut pas grand-chose. Que, dans une grande assemblée, la Cène fût administrée par des frères qui jouissent de la considération de tous, par un apôtre quand il y en avait, c’est ce qui convient à l’ordre ; et je n’ai rien à redire à une telle ordonnance. Il n’y a pas un seul mot dans la Parole de Dieu qui fasse supposer qu’il y avait besoin d’un ministre pour la Cène ou le baptême ; on voit même le contraire : et maintenant j’emploie le mot ministère dans le sens de la brochure, et en quelque sens que l’on veuille l’employer.

 

20               Chapitre 18 [capacité de prêcher]

Du chapitre 18 de M. Wolff, où il maintient « que nul n’est pasteur, s’il n’est pas capable d’enseigner et prêcher »

 

Que M. Wolff renverse le système que Calvin et d’autres trouvent dans la Parole, c’est ce qui regarde ceux qui s’édifient là-dessus ; mais, il faut que je le dise, je trouve une différence du tout au tout dans la manière dont Calvin et M. Wolff respectent la Parole. Quant à la traduction prétendue fausse de 1 Tim. 5:17, j’ose dire qu’elle n’est pas fausse du tout. J’ai examiné vingt-deux passages de la Parole de Dieu où le mot κοπιαω se trouve, et le résultat de cette recherche est que la traduction est très bonne à mes yeux. Le mot est employé de deux manières : souffrir des effets du travail, et tout simplement travailler. Le lexique de Wahl, le plus exact que je connaisse pour la Parole de Dieu, ne présente pas le sens voulu par M. Wolff.

M. Wolff voit en Gal. 6:6, un ancien rétribué ! Mais il n’y a là pas un mot ni d’ancien, ni de rétribution proprement dite. Je ne conçois pas quel désir de dégrader le ministère se retrouve constamment dans cette brochure. Un ministre rétribué sans don ! — Voilà l’idée que M. Wolff se forme du ministère ! Elle me paraît bien triste.

L’apôtre veut la libéralité en toutes sortes de bonnes choses envers ceux qui enseignent : c’est une chose précieuse. Mais pourquoi chercher à attacher l’idée de rétribution, et à détruire celle d’amour et d’honneur, d’attachement et d’affection ? M. Wolff n’a pas osé traduire τιπης (1 Tim. 5) par salaire. Il le traduit par honorer, et je crois avec Calvin, Luther, et les traducteurs anglais, qu’il a raison.

Que l’apôtre ait voulu que lorsqu’il y avait à choisir un évêque, on le choisît propre à enseigner, cela est incontestable. Dire qu’il n’y eût point d’autres évêques, c’est ce dont 1 Tim. 5:17, fait douter.

Il est singulier que M. Wolff ose dire que les fonctions administratives ne soient pas mentionnées ; car l’apôtre parle du gouvernement de la famille par l’évêque comme d’une marque de certaines qualités convenables.

 

21               Chapitre 19 [envoi de missionnaires]

Du chapitre 19 de M. Wolff, où il veut que les missionnaires soient envoyés par les hommes.

 

Nous avons vu que dans le passage des Actes 13:1, 2, 3, il s’agit des apôtres et de celui qui dit : « Je ne suis pas de l’homme, ni par aucun homme » — et qui avait travaillé longtemps déjà avant cela. Nous avons vu aussi que l’on prêchait et évangélisait sans aucune mission d’homme ; de sorte que les assertions de M. Wolff sont absolument fausses. C’est un peu trop fort de citer Actes 13 pour montrer ce qu’un évangéliste était, et ce qu’un apôtre n’était pas.

La citation de 2 Cor. 8:23, est inconcevable. Saint Paul parle de Tite, mais pas du tout comme d’un envoyé des églises ; et il ne s’agissait que d’une collecte. L’apôtre refusait de prendre de l’argent sans avoir des frères des églises avec lui, afin que le ministère de la Parole ne fût pas soupçonné même de ce côté. Voyez 2 Cor. 9:5 ; 8:19, 20, 21.

Barnabas, en effet, a été envoyé à Antioche par l’église de Jérusalem dont nous avons vu la position spéciale, tous les apôtres étant là. Mais il n’y a pas été envoyé comme évangéliste ; c’est afin de visiter, de la part de cette église mère et métropole (car elle était telle), les fidèles qui avaient déjà été amenés à la connaissance du Seigneur par le moyen de ceux qui avaient prêché sans avoir été envoyés par autre chose que par la persécution. Quand il fut venu et qu’il eut vu la grâce de Dieu, il s’en réjouit ; il les exhorta à se tenir fermes, et d’autres personnes furent ajoutées. Ainsi, la première église des Gentils et celle de Jérusalem, l’église par excellence où tout avait commencé, étaient identifiées. Barnabas agit selon son don ; et usant de sa liberté, il fait venir Paul. Il n’y avait pas cette jalousie qui parle de son champ. L’église de Jérusalem envoie Barnabas où d’autres avaient travaillé, et Barnabas est trop heureux de trouver Paul. Ils n’avaient tous qu’un seul objet : Christ et le bien des âmes. Mais quant à la mission de Barnabas, il est clair qu’il n’était pas envoyé comme évangéliste, car il était envoyé à des chrétiens.

Quant aux maîtres d’école, ils sont très utiles à leur place ; mais tout dans cette brochure prend sa source dans les choses que l’on fait, et dans le désir de les appuyer, quand même. Sauf cela, il est très évident que les maîtres d’école n’ont aucun rapport avec le sujet que nous traitons. Je suppose que M. Wolff ne refusera pas à un instituteur d’établir une école pour son compte : en le faisant, je ne pense pas qu’il se mette à la hauteur de l’apostolat, quoiqu’il ne soit pas envoyé par les hommes.

 

22               Chapitre 20 [usurpation cléricale]

Du chapitre 20 de M. Wolff, où il veut justifier l’usurpation cléricale

 

Quant à l’usurpation cléricale dont parle M. Wolff, je n’ai pas grand-chose à en dire. Quand un seul homme veut être ministre, et demande que tout autre ouvrier lui soit soumis ; quand il a été nommé d’après un système qui n’est pas de Dieu ; quand il demande des autres ouvriers, dans le même champ, un assujettissement que les apôtres ne demandaient pas, et cela parce qu’une autorité, que Dieu ne reconnaît pas quant aux affaires de son église, l’a nommé et établi, alors il y a usurpation cléricale. D’ailleurs, je nie que le ministre soit appelé, dans l’Écriture, ancien, évêque, pasteur, conducteur, et je demande un passage qui montre le contraire. M. Wolff n’en produit point.

Il n’est pas droit de citer Ignace ; parce que, si M. Wolff l’a lu, il doit savoir qu’Ignace emploie le mot évêque dans un tout autre sens, et dit que l’on doit obéir à l’évêque comme à Dieu, aux anciens comme à Christ, et aux diacres comme au collège des apôtres.

Qu’en général les choses doivent se faire sous la direction de ceux qui conduisent, j’en conviens, pour que tout marche dans l’unité, et pour le bien de tous.

 

23               Chapitre 21 [faire des études pour être ministre]

Du chapitre 21 de M. Wolff, où il dit qu’il est « important et nécessaire d’étudier pour le ministère »

 

Je ne sens pas le besoin de répondre au chapitre sur les études : celui qui nie les dons, et ne voit que l’homme dans le ministre, doit naturellement y tenir.

Dieu peut employer les savants, ou les ignorants. Il emploie l’érudition comme il emploie l’argent : celui qui la cherche trouvera son âme desséchée, aussi bien que celui qui cherche à s’enrichir. Dieu, du reste, choisit les choses folles et faibles de ce monde pour anéantir les choses sages et fortes. Je ne crois pas que la poursuite de l’érudition, par un homme déjà appelé au ministre, l’avancera dans sa carrière. Celui qui n’est pas appelé, ne peut pas étudier pour le ministère ; mais tous ces raisonnements découlent de ceci : — ne tenir aucun compte de la présence et de l’importance de l’opération du Saint Esprit. Du reste, un étudiant, un candidat n’a évidemment pas la moindre ressemblance avec l’évêque que nous dépeint l’apôtre. L’émulation d’un jeune homme qui étudie le grec et la théologie, n’a guère l’empreinte des qualités voulues par l’Esprit de Dieu pour les anciens. Enfin, selon ce système, il faut, quoiqu’il en soit, avoir un ministère, et si l’on ne peut pas trouver des hommes capables, il faut en nommer d’incapables ; car il faut un ministère.

 

24               Chapitre 22 [histoire des sectes qui ont altéré le ministère]

Du chapitre 22 de M. Wolff, intitulé : « L’histoire des sectes qui ont altéré le ministère »

 

Je ne tiens pas à relever l’histoire des sectes. Les papistes pourraient en grossir la liste, et démontrer que les protestants, avec un ministère, sont tombés dans le socinianisme, la néologie et toutes sortes de divisions et d’erreurs.

Mais, si ceux qui n’ont pas eu un ministère (ce qui d’ailleurs n’était pas le cas de quelques-uns des exemples présentés par M. Wolff), ont disparu, ceux qui en ont un, en échange sont demeurés, et demeurés jusqu’à ce jour ; et depuis des siècles, les ministres établis ont enseigné aux masses les erreurs, les hérésies, les superstitions, les blasphèmes, l’incrédulité, la propre justice, et tenu les masses loin de Dieu de toutes leurs forces ; heureux si quelqu’un, armé pour le martyre, osait aller, quand même il n’était pas envoyé par l’homme, ramener ces âmes de dessous le ministère qui les perdait ! Je ne crois pas que les partisans du ministère sans dons gagnent beaucoup en faisant la comparaison du mal qu’ont fait ceux qui rejettent un ministère d’hommes, et du mal qu’ont fait ceux qui le veulent et l’adoptent. Où l’Esprit de Dieu agit, il y aura du bien. Où il n’agit pas, tout arrangement ecclésiastique possible n’empêchera pas l’invasion du mal.

M. Wolff admet que les montanistes qui recevaient un ministère ont introduit le despotisme clérical et plusieurs erreurs de doctrine. Les frères de Rhynsbourg se sont séparés sur un point de doctrine.

J’ai déjà fait la remarque que M. Wolff s’est entièrement trompé sur les Quakers. M. Gurney lui-même est un innovateur parmi les Quakers, et jugé tel par les conservateurs, épithète qui désigne les vieux Quakers. Voici la doctrine des Quakers :

Le Saint Esprit est dans tous les hommes sans exception. S’ils écoutent sa voix, ils sont justifiés peu à peu. Les Quakers rejettent la justification par la foi ; un très grand nombre rejettent même la résurrection du corps. Ils rejettent les sacrements. Ils ont un ministère reconnu et des anciens. Ils préfèrent leur lumière intérieure à la Parole écrite : ils ne veulent absolument pas que les Écritures soient appelées la Parole de Dieu, et ne reçoivent, comme venant de Dieu, que ce qui leur en aura été appliqué. Il y a eu dernièrement un réveil parmi eux, et plusieurs ont des vues plus saines, plusieurs même ont quitté la société. Les anciens sont nommés et établis ; ils ont un banc élevé en face de tous les autres ; et nulle part ailleurs il ne s’exerce une autorité plus complète. Les membres des troupeaux en ont une frayeur extraordinaire. Sous bien des rapports, il n’y a pas plus d’autorité chez les catholiques romains eux-mêmes. Quant aux habitudes pratiques, les Quakers ont plusieurs choses très estimables. Je ne crois pas avoir représenté leur système à faux, car j’ai connu, aimé et respecté très sincèrement plusieurs d’entre eux.

Il serait difficile de trouver entre deux corps un contraste plus complet qu’entre les Quakers et « les frères dits de Plymouth », si l’on en excepte le fait qu’ils croient que le ministère est du Saint Esprit mais en cela même, ils agissent tout à fait différemment.

Quand M. Wolff prétend dire que les frères ont apporté des modifications dans les sacrements, il aurait mieux fait de dire quelles elles sont ; c’est ce qu’il n’a pas osé faire. Une accusation de l’avoir fait, sans signaler même en quoi ils l’ont fait, démontre simplement une mauvaise volonté à leur égard.

 

25               Conclusion

Nous sommes arrivés à la conclusion, profondément affligé, pour mon compte, de voir une telle production sortir des mains d’un jeune homme que j’aime. L’habileté, je ne la nie pas ; mais l’esprit qui y règne, la manière dont la Parole y est employée au service d’un système, ont produit sur mon cœur une impression excessivement pénible. Qu’il y ait une lutte sérieuse engagée au sujet du ministère, je n’en doute pas non plus. Quant à avoir pour adversaires avoués, ceux qui tiennent les opinions pleines d’incrédulité et de mépris pour la Parole que cette brochure met au grand jour, cela fait tout autre chose que de m’effrayer, ou me détourner. C’est une lutte, d’un côté, entre le respect pour la Parole, la foi qui reconnaît le Saint Esprit, et le désir que le ministère soit libre et puissant pour Dieu en servant librement les hommes ; et, de l’autre, entre le désir de faire dépendre le ministère de l’homme, et d’y attacher, sans qu’il y ait des dons, une autorité de la part de Dieu, autorité telle qu’elle lui donne le droit d’exclure toute possibilité de l’action du Saint Esprit.

M. Wolff l’avoue et déclare que, s’il y a un seul don, son ministère ne peut plus subsister. Je désire que toute âme réfléchisse à la position où une telle doctrine place l’église et la chrétienté.